Les Echos quotidien : Trois mois après la tenue du concours Génération Mawazine, vous avez enregistré un single avec les groupes gagnants. Comment s'est déroulé l'enregistrement en compagnie de ces jeunes talents ? RedOne : Les choses se sont passées de manière professionnelle. Les lauréats de Génération Mawazine, en l'occurrence Rwapa Crew et Babel, se sont déplacés à Tétouan, où je passe mes vacances depuis quelques jours déjà, pour mettre les dernières retouches sur le tube «Feel so right», et surtout pour l'enregistrer. C'est vrai que chacune de ces deux formations est spécialisée dans un registre différent (ndlr : rap pour Rwapa Crew et rock&fusion pour Babel), mais je leur ai proposé de mixer leurs styles en une seule chanson. Sinon, et grâce au petit studio que j'ai mis en place à Tétouan, le travail s'est fait de manière beaucoup plus fluide. Ce studio sera-t-il ouvert au public ? Il s'agit d'un studio personnel que j'ai mis en place pour mon propre travail. À chaque fois que je venais au Maroc pour passer des vacances chez ma famille, le problème de moyens techniques s'imposait. Il m'est arrivé de mixer des tubes connus mondialement dans la cuisine de ma mère ! C'est pourquoi j'ai décidé de mettre en place ce petit studio qui répond aux normes internationales. Sinon, je suis sur un projet beaucoup plus important, celui de doter la ville de Marrakech d'un grand studio. J'ai déjà acquis le terrain et les travaux devraient être entamés bientôt. En mettant en place ce studio, je pourrai inviter les stars internationales avec qui je collabore à venir à Marrakech. D'ailleurs, mon objectif est de booster cette destination déjà prisée par les étrangers. Grâce à Génération Mawazine, vous avez côtoyé de jeunes talents. Quel regard portez-vous sur la nouvelle scène marocaine ? Certes, il y a une évolution au niveau qualitatif, expliquée par l'ouverture des jeunes marocains sur les musiques du monde. Les réseaux sociaux et Youtube ont révolutionné le monde. Toutefois, plusieurs questions restent en suspens, relatives justement à l'avenir de cette nouvelle scène. Je pense tout particulièrement au manque de moyens techniques et financiers qui empêchent nos talents de s'exprimer. Les droits d'auteur, par exemple, peuvent être une source de revenus pour nos artistes, mais je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas le cas. Vous savez, 3,5 milliards de personnes écoutent mes chansons chaque jour à travers le monde, grâce notamment aux radios qui me paient pour toute diffusion de mes tubes. En instaurant cela au Maroc, on encouragerait la jeunesse marocaine qui, avec peu de moyens, arrive toute de même à faire des miracles. Certaines personnes vous reprochent le fait de ne pas exploiter la musique marocaine dans vos tubes. Qu'est ce que vous en pensez ? J'ai toujours eu une admiration pour la chanson marocaine et arabe. C'est une musique qui m'a beaucoup influencé. En tant que musicien, ce n'est pas ma spécialité, c'est la raison pour laquelle je n'ose pas l'exploiter dans mes chansons. Je ne pense pas que je serais capable d'attaquer un répertoire aussi riche et compliqué que celui de la chanson marocaine. C'est trop dur pour moi ! Je connais très bien mes limites et je sais que c'est impossible. Je préfère donc me concentrer sur la musique que je fais, qui est commerciale et qui répond aux attentes du public actuel. Vous avez associé votre nom au projet «Bokra», initié par Maroc Cultures et supervisé par Quincy Jones. Avez-vous entamé l'enregistrement de l'opérette qui devait être interprétée par des artistes arabes et occidentaux ? Pour le moment, c'est le statu quo. Nous avons enregistré une première partie en marge de la dernière édition du festival Mawazine. La deuxième partie devrait être enregistrée au Qatar, mais aucune date n'a été fixée pour le moment. Je pense que le projet sera finalisé en octobre ou novembre prochain. Tout dépend de l'agenda des artistes participant à ce projet. Pourquoi n'avez-vous pas produit jusqu'à maintenant un duo regroupant deux artistes, marocain et américain par exemple ? L'idée m'effleure l'esprit depuis des années. Cependant, mon objectif n'est pas de faire un duo qui n'a aucun sens. L'essentiel pour moi, c'est de respecter l'histoire des artistes qui pourraient participer à ce projet en leur offrant un produit de qualité. Pour être franc avec vous, je ne rate aucune occasion de mettre en avant le Maroc et les artistes marocains. C'est ce qui m'a encouragé d'ailleurs à mettre en place aux Etats-Unis la «Fondation 2101» pour l'éducation, afin de donner un coup de main aux élèves et aux étudiants qui n'ont pas les moyens de poursuivre leurs études. Cette fondation a-t-elle une filiale au Maroc ? C'est notre prochaine étape. Pour le moment, cette fondation vise la construction d'une école d'ingénierie commerciale à Tanger : la «Haute école des sciences commerciales». À travers cette école, j'ambitionne d'encourager les gens à s'investir dans le domaine de l'éducation et surtout de prendre en charge des étudiants brillants mais démunis. C'est la politique adoptée par cette école, puisque je m'occuperai des frais de scolarité de trois étudiants chaque année. Ce n'est pas tout, nous avons effectué un partenariat avec une école belge, ce qui permettra à ces étudiants de faire un master dans ce pays européen. Mon objectif est d'aider mon pays, et pas seulement au niveau artistique et culturel. Vous avez déjà entamé les discussions avec certaines stars pour animer Mawazine 2012. Où en êtes-vous aujourd'hui ? Tout à fait. Je ne peux malheureusement pas vous dévoiler les noms de ces artistes parce que nous sommes toujours en phase de discussion. Ils seront présentés au moment opportun. Avez-vous été sollicité par d'autres organisateurs de festivals au Maroc, outre Maroc Cultures ? Non ! Je profite de l'occasion pour préciser que j'ai accepté d'associer mon nom à celui de Mawazine parce que leur philosophie correspond à la mienne. Sinon, je suis prêt à accompagner tout projet sérieux qui vise à développer notre pays. Qu'en est-il de vos projets artistiques aux Etats-Unis ? Je produis via ma structure «2101 Records», qui est une filiale d'Universal, des artistes célèbres et d'autres novices qui auront certainement leur mot à dire dans le futur. Il s'agit, entre autres, de Mohombi, Porcelain Black et KMC. Lady Gaga, Marc Anthony, U2, Jennifer Lopez et Enrique Iglesias font également partie des artistes avec lesquels je collabore régulièrement. D'ailleurs, je prépare en ce moment le nouveau single d'Enrique qui sera marqué par la participation d'un groupe, «The Wav's», composé de deux musiciens dont l'un est marocain.