Ahmed Soultan Musicien, chanteur, auteur, compositeur Une année 2012 caractérisée par une averse de prix, le chanteur afro-arabe s'internationalise parce que sa musique parle au monde. Des mots de paix et de tolérance aux sonorités qui prônent l'africanité du Maroc, Ahmed Soultan est devenu ambassadeur de la musique urbaine marocaine, presque par hasard. Rencontre avec une des personnalités à suivre de l'année 2013... Tel un sultan des mélodies et des mots comme son nom nous amène à le penser, Ahmed Soultan fait de la musique ce qu'il veut et pourtant, il n'y était pas prédestiné. Celui qui est devenu l'ambassadeur de la nouvelle scène marocaine à l'étranger n'imaginait pas faire carrière dans la musique. «C'est simple, je n'ai jamais voulu être artiste et je ne me suis jamais imaginé chanteur. C'est venu complètement par hasard», se rappelle Ahmed Soultan, interrogé la veille de son départ pour Dubaï où il s'apprêtait à récupérer ses MTV EMA Awards. «Des amis à moi ont eu un contrat dans une maison de disque et je traînais avec eux dans les studios d'enregistrement, je jouais un peu de guitare sur des morceaux à eux et petit à petit, je me suis intégré au milieu, sans savoir comment ni pourquoi je commençais à faire des productions, mais pour ma petite sœur, pas pour moi», continue l'artiste que la musique a apparemment choisi. C'est en produisant pour les autres que celui qui a commencé sa carrière en tant que commercial d'huile d'argan s'est vu intégrer le monde de la musique. Né à Taroudannt, Ahmed Soultan a quitté le Maroc à l'âge de 4 ans qu'il ne visitait que les étés avec ses parents jusqu'à l'adolescence. «Vers l'âge de 13, je suis venu par accident au Maroc, tout seul, voir des amis et je suis tombé amoureux. J'ai passé mes années de collège-lycée dans des bus et des trains à faire le tour du pays, à surfer, à découvrir les paysages», se souvient le musicien au parcours scolaire assez chaotique, conscient de l'importance de l'école de la vie. «Je me suis même vu refuser le renouvellement de ma carte de séjour parce que j'ai passé plus de 181 jours hors du territoire français», raconte Ahmed Soultan pour l'anecdote. C'est ainsi que la découverte du pays, des couleurs, des gens, des odeurs l'inspirent sans le savoir. Il s'imprègne de son Maroc, stocke les expériences, les histoires, les anecdotes, les images, les sons pour construire son univers musical. Un univers qu'il commence à construire, en 1999, à Agadir, dans une petite pièce rustique avec des instruments et du matériel d'enregistrement, histoire de faire de la musique avec les moyens de bord. Les journées sont longues dans la petite pièce du sud d'Agadir, ou pas assez puisque le musicien, qui réalise des productions destinées «aux autres» est à la recherche d'un style. «Une composition ne se finit pas, elle s'abandonne. Je commençais des choses et les laissais, en essayais d'autres, je recherchais mon identité musicale», explique le musicien, producteur, chanteur et multi-instrumentaliste. Cette recherche du soi musical aboutira en 2005 par la naissance d'un album, un album qui lui ressemble, un album à la fois africain, marocain, berbère et occidental puisqu'il a ouvert les yeux en France. «Je mélange les langues avec du son africain, puisque je me sens réellement proche de mon continent et pas seulement de mon pays ou du Maghreb. J'ai un réel amour pour l'Afrique», annonce l'artiste dont le style se veut «Afrobian Soul», mélange d'âme arabe et africaine. «J'aime la Soul mais je ne fais pas de Soul à l'américaine, je l'adapte à mes origines, à ce que je suis pour ne pas mentir». Ne pas mentir et ne pas se mentir puisqu'il réussit à réaliser en sortant des chansons comme «Ya Salam» , «Koula Lila» et un album qui porte le nom «Tolérance» pour véhiculer des messages de paix et d'harmonie grâce au meilleur des véhicules : la musique. Après avoir fait ses preuves au Maroc comme digne représentant de la scène émergente marocaine, il s'approprie le monde grâce à un second album. En chantant en français, anglais, arabe et amazigh, il sillonne les évènements tels que le «Kora Awards» en Afrique du Sud, le Moonfest, le Festival des musiques sacrées de Fès, le Festival de Casablanca ainsi que plusieurs scènes de Paris, Amsterdam ou encore Barcelone. Il collabore avec le chanteur américain Ne-Yo pour mettre au monde une chanson qui s'appelle «Amazing you» en 2011, signe la bande originale du film marocain «Rhimou» et sa chanson «Jokko» a été nominée meilleure chanson nord-africaine et meilleure chanson reggae de l'année. Et d'années en années, l'artiste se développe et puise en création et en créativité. L'année 2012 sera d'ailleurs son année puisqu'il arrivera à se faire nominer aux célèbres MTV Europeen Music Awards grâce à son dernier single «My Jailer» et grâce aux prix gagnés pour le «Best Middle East Act» et «Best Africa India Middle East Act». Après avoir remporté deux prix aux MTV Européen Music Awards et être apparu dans le magazine Rollingstone, le «Afrobian Artiste», Ahmed Soultan fait aujourd'hui partie de la liste Forbes des 13 célébrités africaines à suivre en 2013. Un parcours du combattant et des plus honorables pour l'enfant du pays qui ne voulait pas devenir musicien, mais la musique a eu raison de lui ! Il prépare son nouvel album prévu pour le printemps 2013 avec toujours plus d'âme, d'Afrique, de langues et surtout de collaborations inattendues. «Mon nouvel album qui sort en avril-mai prochain sera en collaboration avec le neveu de George Clinton qui a demandé à me rencontrer. Je n'ai pas réussi à croire que le neveu de celui qui a travaillé avec James Brown, Sly Stone et les plus grands, était désireux de travailler avec moi», confie l'artiste qui vit entre Taroudant, Londres, Paris, Los Angeles et Osaka, tout en participant au développement de sa ville natale où il réside, soucieux d'offrir une image juste et tolérante de l'Afrique et du monde arabe. Un message qu'il compte confirmer dans un troisième opus, espérons qu'il sera aussi bon, sinon meilleur que les précédents. L'enfant du sud continue à faire son chemin et revient de loin, avec ce qu'il a construit parce qu'il est important de «faire des rêves et de s'y attacher».