Entre le marché H.L.M et celui du Sandaga, les visiteurs sont séduits. On ne peut s'empêcher d'avoir envie d'emporter une partie du Sénégal dans ses valises. Invitation à déambuler dans les rues de la capitale et à s'asseoir à l'ombre d'un baobab sur l'île de Gorée. Casablanca, aéroport Mohammed V, fin de journée et début du voyage. Dans le hall des départs, les valises s'emballent dans du plastique, se tirent sur des roulettes ou s'entassent sur des charriots bancals. Au guichet n°4, elles s'étiquettent pour atterrir sur le tapis roulant, destination: Dakar. À 3h à vol d'oiseau de type Boeing 737, le thermomètre affiche plus de 25° en cet après-midi. Il est 17h passée et pourtant le soleil n'a pas l'air de se fatiguer, ni les vendeurs à la sauvette: «Madame ! Des jolis sacs tissés à la main !» interpelle celui-ci, «...vois mes colliers en perles» enchaîne cette dame, «des boubous pour monsieur?» poursuit l'autre. De ce côté-ci de la presqu'île sénégalaise, dans les allées en piste du marché H.L.M l'animation ne manque pas. Pas besoin d'aller jusqu'au magasin, c'est lui qui vient à vous. À peine sortis du taxi jaune et noir, une foule se forme autour de nous et nous emboîte le pas, de petit commerce en échoppes enchaînant les arguments de vente : «cette couleur est très jolie sur toi !», «je te fais cadeau si tu achète beaucoup», «regardes juste pour le plaisir des yeux». À droite, des étals de boubous en batik, chemisiers finement brodés aux couleurs chatoyantes, foulards et paréos multicolores accrochés en hauteur tel un arc-en-ciel de tissus. À gauche, des femmes assises à l'ombre d'une bâche rudimentaire manipulent des étoles de tulle bleu, rose, jaune ou orange pour en faire des coiffes totalement improbables. Sur leurs têtes finement tressées, le résultat ne manque pas d'effet ! Coquettes, les femmes du pays savent jouer sur les tons et les couleurs pour se mettre en valeur. Si l'on s'écoutait, on emporterait tout le H.L.M dans nos valises, pour peu que l'on sache négocier les prix à tour de milliers de francs CFA bien sûr. 60 ! 20 ! 40 ! 55 ! Les chiffres fusent entre nous et le vendeur et les marchandages sont serrés et se font pratiquement à l'aveuglette. C'est qu'il faut être fort en calcul mental pour assurer la conversion et la tractation en même temps (1DH = 59 FCFA). Qu'à cela ne tienne, nous repartons de là les bras chargés de mètres de souvenirs et plein de couleurs dans la tête. Et ce n'est pas tout, enfin ce n'est pas le seul grand marché à Dakar . Il est vrai que dans cette ville, que certains surnomment «la ville couleur de poussière rouge», le commerce est très présent, générant avec lui une véritable industrie textile et artisanale qui permet à une grande partie de la population de vivre. «Est-ce que cela marche bien ?» demanderons-nous à une femme qui tient un petite office sur Le plateau, le quartier central de la ville de Dakar. «Assez, oui ! répond-elle., mais les touristes y sont pour beaucoup». Non loin de là, nous atteignons «le» marché Sandaga, puisqu'il est question de plusieurs. S'étendant sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés, nous y retrouvons une «architecture» assez familière... celle de Derb Ghallef. «Ici, c'est la partie dédiée à l'informatique et à l'électronique, là au prêt-à-porter et plus loin à l'alimentation...», explique Cheikh Hassan, un artiste musicien qui aime accompagner les touristes dans les rues de Dakar pour le plaisir de faire découvrir sa ville natale. «Le guide est gratuit !» lance-t-il avant de faire quelques pas avec nous. Notre marche, commencée au niveau de la place de l'Indépendance - où trônent les tribunes réservées aux festivités de la fête de l'indépendance - s'achève du côté de la grande mosquée de Dakar, sur l'allée Pape Gueye Fall. Construit en 1964 par le roi Hassan II, le minaret de la mosquée émerge au milieu des petites constructions pour chatouiller les nuages d'un ciel encore bleu même à quelques minutes du coucher du soleil. Last but not least... Sur le port de la capitale, la chaloupe est prête à partir. Passer à Dakar et ne pas traverser l'océan pour visiter l'île de Gorée serait un gâchis. Alors que celle-ci s'éloigne du quai, touristes et autochtones profitent de la vue pour prendre quelques clichés entre ciel et mer. Le temps de lire quelques pages d'un livre, et nous voilà déjà amarrés aux roches noires de l'île. Nous y voilà, sur ce bout de terre qui flotte à une vingtaine de kilomètres de la capitale. On nous en avait beaucoupparlé depuis notre arrivée, mais ce n'est qu'une fois sur place que l'on comprend ce qui attire tant les hommes sur cette surface. Il y a quelque chose dans l'air qui circule entre les petits sentiers séparant les maisons des anciennes ruines coloniales. Et puis nous voilà face à cette magnifique œuvre de la nature, un baobab centenaire. C'est là, assis sous ses bras de branches nues que l'on sent l'esprit protecteur et paisible de cette île qui nous donnerait presque envie d'y rester «à perpétuité».