Les attaques dont fait l'objet Véolia Maroc en terme de gestion de ses concessions en assainissement ou en transports dans plusieurs villes du Royaume, n'empêche pas le groupe de maintenir son plan d'investissement dans la capitale et dans l'oriental. Les différentes politiques de dépollution lancées par l'Etat dans plusieurs villes ciblées semblent sur la bonne voie. C'est dans ce cadre que s'inscrit le programme de dépollution du littoral atlantique et de la vallée du Bouregreg 2000-2013. Redal, la filiale de Veolia Environnement Maroc, qui pilote la mise en œuvre de ce plan vient de passer à la dernière étape de ce projet d'envergure, portant sur un investissement de 123 millions de DH. Il s'agit de fait du lancement des travaux de construction de la station de traitement des eaux usées de Rabat et Témara. Construite sur une superficie de 1,5 hectare, cette nouvelle station devrait permettre à terme de traiter 6 m3/seconde d'eaux usées en période estivale, et 11 m3/seconde en saison de pluies. Cela devrait correspondre à un volume de traitement en moyenne établi à 520.000 m3 par jour. Par ailleurs, grâce à ses dégrilleurs (grossier et fin) et ses deux bassins de dessablage, de déshuilage et de dégraissage qui seront mis en service fin 2012, le projet permettra dès 2015 l'élimination de 11,2 tonnes par jour de corps solides transportés par les eaux usées résultant des agglomérations des villes de Rabat et Témara. «La réalisation de cette infrastructure nécessitera bien sûr des travaux de génie civil, d'équipement, d'intégration paysagère, de maîtrise d'ouvrage et de bureau de contrôle et d'architecte», nous explique Mohammed Sikkouk, chargé de la communication chez Veolia Environnement Maroc. Tout un programme... Pour ce dernier, la construction de cette station d'épuration est le chaînon manquant au dispositif. Un premier acquis a en effet déjà été posé avec la mise en place d'un système d'intercepteurs qui permet la collecte de tous les rejets d'eaux usées existants, puis le transfert et le relevage des effluents vers un point de traitement. Ce système comprend 13 km de collecteurs - intercepteurs côtiers et 6 stations de pompage. «Cette étape est déjà achevée, idem pour celle concernant la construction d'un émissaire marin par lequel ces eaux traitées seront évacuées à 2 km au large de la côte atlantique», complète le responsable. La réalisation de cet émissaire marin a coûté un investissement de près de 400 millions de DH et plus de deux ans de travaux (de juillet 2007 à novembre 2009). Au total, Veolia Environnement Maroc est parti sur un budget global d'investissement prévisionnel de 1,83 milliard de dirhams pour l'ensemble du programme. Mais Rabat n'est pas la seule ville à vouloir épurer ses rejets. L'Oriental a déjà pris les devants. Une station d'épuration – l'une des plus grandes – vient tout juste de sortir de terre. Sa capacité de traitement est de 40.000 m3 d'eaux usées par jour, soit l'équivalent de 14,6 millions de m3 d'eaux usées rejetées dans les principaux cours d'eau qui sillonnent la ville. Cette station a été financée par l'Etat et la Régie autonome intercommunale de distribution d'eau et d'électricité d'Oujda (RADEO). Elle est destinée à une population de près de 530.000 personnes, et est implantée sur une superficie de 60 hectares. Là, c'est un système d'épuration bien particulier qui est expérimenté pour la première fois dans le royaume. Il s'agit du «lagunage aéré, un procédé d'épuration par lagunes utilisant la désinfection finale de l'eau par les rayons ultraviolets du soleil», explique-t-on auprès de la RADEO. L'infrastructure consomme ainsi peu d'énergie et permettrait, par ailleurs, des économies substantielles d'eau grâce à «la réutilisation des eaux usées épurées pour l'irrigation d'environ 1.200 ha de terres agricoles». Par ailleurs, la RADEO s'est déjà penchée sur un projet d'extension de 30 hectares de la station, prévue en 2015. L'objectif visé est de parvenir à couvrir les besoins de la ville d'Oujda sur l'échéance des deux prochaines décennies. Ce projet s'inscrit dans le cadre du plan directeur d'assainissement liquide (eaux usées et pluviales) de la ville d'Oujda, qui devrait coûter un investissement de près de 100 millions d'euros entre 2003 et 2015. Quand les eaux usées charrient des millions Si ces projets s'enchaînent et parviennent à prendre forme, c'est dû, au-delà de l'apport des autorités publiques, aux importantes injections de fonds opérées par les organismes internationaux d'aide au développement. La plupart de ces derniers ont créé des fonds spécialement dédiés à l'environnement et à la maîtrise des sources de pollution. Pour le projet de plateforme d'épuration d'eaux usées d'Oujda, la Banque européenne d'investissement y a contribué à hauteur de 30 millions d'euros. Ce montant a été déboursé sous forme de prêt bonifié sur ressources propres de la banque de 30 millions d'euros, au titre du programme FEMIP - Euromed II. La Banque mondiale vient tout aussi récemment d'apporter un appui financier conséquent au Maroc pour le financement de deux projets portant sur la gestion et le traitement des ressources hydriques. Il s'agit plus précisément d'un projet d'amélioration de l'accès à l'approvisionnement en eau potable de certaines collectivités locales des provinces de Nador, Driouch, Safi, Youssoufia, Sidi Bennour et Errachidia, pour un investissement de 175 millions de dollars. Quant au second projet, il vise à augmenter le taux global d'accès à l'assainissement et au traitement des eaux usées, dans onze villes du bassin de l'Oum Er Rbia.