Un récent rapport du Potsdam Institute for Climate Impact Research et Climate Analytics sonne l'alarme. La production agricole du continent est dangereusement menacée à moyen terme par le réchauffement climatique de 2°C. Si le réchauffement climatique de la planète n'est plus un secret, certaines de ses éventuelles répercussions et de leurs coûts économiques étaient encore jusque-là peu connus dans certaines régions du monde. Dans un rapport publié en fin de semaine dernière, le groupe de la Banque mondiale tente d'apporter des estimations sur les impacts à venir du changement climatique sur l'économie du continent, à moins que les pays ne développent, dans l'urgence, des programmes d'adaptation. Pour l'Afrique, une éventuelle hausse de la température mondiale de 2 degrés Celsius au cours des deux à trois prochaines décennies, altérerait surtout son potentiel agricole, pourtant aujourd'hui parmi les plus importants du monde. Cela se traduirait, selon les experts de l'institution de Breton Woods, par des vagues de «pénuries alimentaires récurrentes», notamment dans la région subsaharienne. La conséquence macroéconomique découlant directement de cette situation, c'est qu'elle risque de maintenir dans la pauvreté des millions de personnes, selon les conclusions des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research et Climate Analytics, auteurs du rapport. Les chiffres sont très peu enthousiasmants. «Dans les années 2030, en Afrique subsaharienne, les sécheresses et la chaleur rendront 40% des terres cultivées en maïs inexploitables pour cette culture», projette-t-on. Le secteur agricole, en très grande partie non irrigué, est une source essentielle de denrées alimentaires, de revenus et d'emplois dans la région. De plus, l'augmentation inexorable des températures dans cette région devrait entraîner des disparitions importantes de couvertures végétales, menaçant ainsi le secteur de l'élevage, en impactant les moyens de subsistance pastoraux. «Un monde à + 2 °C ferait peser une grande menace sur la production alimentaire régionale, cette menace s'aggraverait encore si les mesures d'adaptation étaient insuffisantes et si l'effet fertilisant du CO2 restait faible. Le Potsdam Institute for Climate Impact Research et Climate Analytics prévoit «des vagues de chaleur sans précédent sur une proportion croissante du territoire, à mesure que la température augmentera de + 2 à + 4 °C, ce qui entraînera des changements importants de la couverture végétale et menacera diverses espèces d'extinction». Les projections annoncent également que «la proportion de population sous-alimentée dans la région pourrait augmenter dans les années 2050 de 25 à 90% par rapport à la situation actuelle». S'adapter Ces effets économiques du changement climatique ne se limiteraient pas à cela. Le rapport craint également un développement de la «migration probable» de communautés touchées, des zones rurales vers les zones urbaines. Cet exode aurait comme effet direct d'ajouter un nombre toujours plus élevé d'habitants dans les quartiers informels, exposés aux vagues de chaleur, aux inondations et aux maladies. Il faut savoir que l'Afrique subsaharienne est déjà une région bien peuplée. Avec plus de 800 millions d'habitants, celle-ci connaît un développement rapide. Composée de 49 pays, elle se caractérise par une grande diversité écologique, climatique et culturelle. Sa population devrait atteindre près de 1,5 milliard d'habitants d'ici 2050. «Ces changements annoncés pour les tropiques illustrent l'ampleur des difficultés qui vont finalement peser sur toutes les régions, si nous n'arrivons pas à contrôler le réchauffement», a déclaré Jim Yong Kim, président du groupe de la Banque mondiale, cité dans le communiqué de l'institution. «Il est urgent d'agir, non seulement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour aider les pays à se préparer à de graves extrêmes climatiques et météorologiques», poursuit le responsable. L'institution prône l'adaptation, à défaut de pouvoir régler définitivement le phénomène du réchauffement de la planète. Selon elle, les stratégies de diversification des cultures devraient prendre une importance grandissante. Le rapport indique en effet que la double culture est préférable à la monoculture sous des conditions climatiques variables. Une piste de réflexion que devrait emprunter la plupart des économies de la région, avant l'atteinte du point de non retour...