Henry Ford. Né il y a 150 ans, ce fils de fermier avait bouleversé l'industrie automobile au début du XXe siècle. Retour sur la vie d'un père-fondateur hors du commun couronné à titre posthume par le magazine Forbes comme étant l'«homme d'affaires du siècle». À l'origine, rien ne prédestinait Henry à devenir un jour ce qu'il a été et est encore aujourd'hui, c'est-à-dire, un grand nom dans l'histoire de l'automobile. Né le 30 juillet 1863 à Dearborn (Michigan), Henry est le fils d'un père anglais (William) et d'une mère belge (Mary) élevée par des Irlandais. Une famille misérable qui avait préalablement fuit l'Irlande pour travailler à la campagne, dans le Michigan. Lorsque sa mère rend l'âme, Henry n'a que 16 ans et son père a plus que jamais besoin de lui dans les champs, mais ce jeune adolescent développe plutôt une passion pour la mécanique de précision, puisqu' à 12 ans, il était déjà parvenu à réparer une montre ! Détroit pour l'émancipation Avec l'aval de son père, Henry quitte la ferme pour aller travailler à Détroit comme ouvrier dans un atelier d'usinage, mais pour subvenir à ses besoins, il fait chaque soir des réparations pour le compte d'un horloger. Trois ans plus tard, Henry revient au domicile parental. Il se marie, fonde une famille, puis repart en 1891 pour Détroit, où il est embauché comme ingénieur mécanicien par la Edison Illuminating Company, la firme de Thomas Edison. Très vite, il assimile les connaissances techniques et cumule les expériences professionnelles, au point de concevoir son propre véhicule qu'il baptise «Ford Quadricycle» et le présente à Thomas Edison. Ce dernier ne l'encourage que par des mots. Henry décide alors de quitter l'entreprise et de créer la sienne pour y construire des voitures. En fait, Henry Ford rêve de populariser ce qui est encore un nouveau moyen de locomotion, puis surtout de rattraper les 20 ans de retard qu'ont les constructeurs automobiles américains sur leurs homologues européens. Naissance du Fordisme En 1899, Henry Ford fonde la Detroit Automobile Company avec le soutien de l'industriel William H.Murphy. Une aventure industrielle qui tourne court, faute d'entente entre les deux hommes. Deux ans plus tard, la Henry Ford Company voit le jour après qu'Henry ait trouvé plusieurs actionnaires. Elle produit des voitures, prend part à des courses et profite d'une victoire pour se faire largement médiatiser dans les colonnes de toute la presse du pays, mais en 1902, celle-ci bute sur de nouvelles mésententes en interne et Henry se voit contraint de céder sa firme à l'industriel Henry M.Leland, qui la rebaptise Cadillac Automobile Company. De nouveau, Henry se tourne vers un nouveau partenaire (Alexander Malcomson) pour créer sa boîte. Ainsi est née la Ford & Malcomson Ltd qui, en juin 1903, devient la Ford Motor Company. Rien ne décourage Henry dans ses ambitions de produire l'automobile à grande échelle. Ne disait-il pas lui-même qu'«échouer, c'est avoir l'opportunité de recommencer de manière plus intelligente» ? En 1908, Ford dévoile le modèle T : une voiture simple, robuste et surtout produite à la chaîne pour optimiser les coûts. Le taylorisme va donner naissance au fordisme. Pour produire la T en quantités suffisantes, Henry doit motiver ses troupes à qui il promet un salaire de 5 dollars de l'heure. Travailler pour Ford devient alors très intéressant. Les Européens viennent le voir Facturée au départ à 825 dollars, la Ford T se vend bien puis s'arrache littéralement, en baissant son prix au fur et à mesure qu'elle s'amortit, lequel descend à 260 dollars en 1921 ! Si bien qu'elle aura été écoulée à 15 millions d'exemplaires jusqu'en 1927, sa dernière année de production. La cinquantaine accomplie, Henry Ford est un modèle de réussite, attisant toutes les curiosités. On ne parle que de lui à travers le monde et de grands industriels européens traversent l'Atlantique pour venir visiter ses installations. C'est notamment le cas de Louis Renault (en 1911), puis d'André Citroën (en 1912) qui viennent tour à tour le rencontrer pour s'inspirer de ses méthodes de production à la chaîne, qui permettent d'importants gains de productivité. D'autres modèles suivront la T, alors qu'en avril 1947, Henry décède à l'âge de 83 ans. La suite, tout le monde la connaît, Ford ayant connu un essor considérable au lendemain de la seconde guerre mondiale, avec des modèles aussi emblématiques que les Thunderbird, Fairlane Crown Victoria ou encore, Mustang. 150 ans plus tard... Un siècle et demi après sa naissance, le nom d'Henry Ford résonne encore comme celui du plus visionnaire des premiers grands patrons de l'automobile. L'héritage, l'audace et l'esprit d'innovation de l'Ovale bleu sont autant de valeurs dignement perpétuées par les hommes et les femmes qui dirigent ce groupe aujourd'hui. Les nouvelles Fiesta, Focus, Kuga, Mondeo et autres modèles de la gamme actuelle constituent la plus belle preuve que la destinée de l'entreprise figure entre de bonnes mains, dont quelques descendants de Feu Henry. Parmi eux, son petit fils, Bill Ford, a rappelé : «le rêve de mon arrière-grand-père était d'améliorer la vie des gens en proposant des voitures à prix raisonnable pour les familles moyennes». Puis de conclure, «cet objectif est toujours le nôtre aujourd'hui, avec des voitures accessibles, fiables et innovantes».