Les Echos quotidien : Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération de chanteurs marocains ? Nabil Khaldi : En tant que membre du jury de l'émission Studio 2M, j'ai pu côtoyer de jeunes chanteurs et chanteuses issus des différentes régions du royaume. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'ils sont talentueux et que la relève est vraiment assurée. Il faut juste leur donner les moyens nécessaires pour qu'ils puissent produire leurs propres titres et non se contenter des reprises des tubes à grand succès des années 1970 et 1980. Une polémique a récemment eu lieu autour de l'aide de l'Etat à la production musicale. Qu'est-ce que vous en pensez ? Tout ce que je peux vous dire c'est que nous avons besoin d'une infrastructure solide pour que nous puissions aller de l'avant. Avoir des cabinets de managers par exemple ne peut que professionnaliser le secteur. Vous savez, le handicap majeur au développement de la chanson marocaine est que nous n'avons pas réussi jusqu'à maintenant à établir une stratégie bien définie pour restructurer le secteur. La production que seul l'artiste supporte et le piratage sont, entre autres, des problèmes réels qui bloquent le développement de la musique et de la chanson dans notre pays. Quelle est, à votre avis, la solution à ces problèmes ? L'installation d'une structure professionnelle est la seule solution, à mon sens, à ce genre de problématiques. Il faut que nous puissions mettre en place un plan de carrière à nos jeunes artistes si on veut atteindre le sommet. Je me suis toujours demandé pourquoi aucun artiste marocain n'a réussi à devenir star internationale, contrairement à nos voisins algériens par exemple. Quand au piratage, je pense que la seule façon de l'éradiquer est de créer le besoin chez l'auditeur marocain. Un objectif qui ne pourra jamais être atteint sans l'implication des médias. Il faut «harceler» le public avec des chansons bien de chez nous et instaurer un quota de 70% ou 80% pour la chanson nationale au lieu de 30% appliqué actuellement. On reproche souvent au dialecte national d'empêcher la diffusion de notre chanson au Moyen-Orient. Est-ce vrai ? Pas du tout. La preuve est que bon nombre d'artistes de cette région sont tombés amoureux de notre langue et de notre musique et ont décidé d'interpréter des morceaux en darija. La Libanaise Myriam Fares vient d'ailleurs de lancer un tube «Tlah» en darija qui en train de cartonner en ce moment. Le célèbre chanteur émirati Houcine Jasmi ne cesse de faire de la promotion à notre musique en interprétant des chansons bien de chez nous dans différents festivals arabes. Il faut juste être fier de sa culture et de sa langue.