Les étudiants en médecine manifestant mercredi à Casablanca./Karim Mdouari Une centaine d'étudiants de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca a manifesté, mercredi matin, son mécontentement au sujet du projet de loi qui veut restaurer le service sanitaire obligatoire. Selon ce texte, une fois diplômés, les étudiants devront effectuer un service obligatoire dans des zones rurales ou périurbaines pendant deux ans. Cette décision, prise par le gouvernement sous la houlette du ministère de la Santé, ne plaît pas aux futurs médecins. Et ils le font savoir. La grève de ce mercredi a été menée suite aux manifestations du 2 juin dernier, passées presque inaperçues. Cette fois-ci, les futurs médecins étaient décidés à se faire entendre et surtout à ouvrir la porte au dialogue, qui relève de «l'utopie» selon certains étudiants présents sur place. «Non au service obligatoire, non à l'esclavage», pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les étudiants. Des slogans qui n'ont pas laissé indifférents un étudiant en 3e année de médecine, qui n'adhère pas à l'idée de l'année blanche dont parlent certains. «Ce sont les plus jeunes d'entre nous qui se disent prêts à faire une année blanche; nous, on veut trouver une solution au plus vite», confie-t-il. Le représentant des étudiants en grève, Abou Ali Haitham Amine déclare, lui, que «le mot «obligatoire» est à la base contraire aux principes, et non conforme aux lois marocaines. Si dans le cadre de l'amélioration de la justice, les prisonniers ne sont pas dans l'obligation de faire des travaux publics, comment obliger un futur médecin à faire un service quelconque? C'est un malheureux pas en arrière pour les droits du citoyen marocain, et du médecin marocain en particulier». Propagande électorale ? Et de poursuivre: «oui au service de la patrie, mais qu'on ne nous prive pas de nos droits fondamentaux. Les choses se sont faites avec les gouvernements précédents sans complications, et surtout sans propagande électorale, dont nous sommes finalement victimes». Abou Ali Haitham Amine souligne que «cela fait 18 mois qu'on essaye de dialoguer. On a demandé des entretiens, on n'a eu aucune réponse de la part du ministre de la Santé, ni du gouvernement. Ils prennent des décisions unilatérales et prônent le contraire». Le représentant des étudiants soutient qu'au lieu d'essayer de faire passer ce projet de loi sur le service obligatoire, le gouvernement ferait mieux de régler le terrible manque de moyens techniques et matériels dont souffre le secteur de la santé. Au moment où les étudiants en médecine manifestaient à l'Hôpital du 20 août, une douzaine de patients qui se disent «oubliés» étaient sortis manifester leur colère. «On est là depuis la prière d'Al Fajr. Ce n'est pas normal que personne ne soit là pour soigner des gens qui viennent de Beni Mellal, d'autres d'Oued Zem». Certains accompagnants des malades se sont aussi indignés contre le manque de personnel et de moyens matériels. Les étudiants en médecine ont, eux, promis de récidiver si aucun dialogue n'est entamé sur le projet de loi sur le service obligatoire.