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Deux frères dans le vent des Alizés...
Publié dans Les ECO le 02 - 05 - 2014


Marouan et Yanis Benabdallah
Musiciens
Pianiste surdoué, virtuose incontesté, Marouan Benabdallah se balade sur le piano comme personne. Dans le cadre des concerts en famille, noble tradition du festival, il partage l'affiche avec son petit frère Yanis, tenor de talent. L'un est cérébral, réfléchi, l'autre est dans les sentiments, le romantisme, l'un est pianiste et a les pieds sur terre, l'autre est chanteur d'opéra rêveur et rebelle. Rencontre avec une famille maroco-hongroise bercée par la musique depuis toujours, zoom sur deux parcours
différents...
Précis, au talent inné, Marouan Benabdallah ne passe jamais inaperçu lorsqu'il touche un piano. Doté d'une dextérité remarquable, ce qui frappe surtout, c'est son sens de la précision et cette anticipation presque des notes qui s'apprêtent à être jouées. Un talent révélé par une mère pianiste qui a su lui transmettre l'amour de l'instrument très jeune. «Ma mère donnait des cours de piano à la maison. J'avais 2 ans quand j'ai commencé le solfège et le piano à 4 ans. On s'entendait mal, elle a décidé de m'inscrire chez un professeur. En Hongrie, tout a changé, tout a commencé», confie le pianiste qui quitte le cocon familial à 13 ans pour se perfectionner en musique en Hongrie, pour en faire sa vie. «Je connaissais la Hongrie parce que ma mère est hongroise. On y est allé tous les étés en vacances donc je ne me sentais pas dépaysée. Au Maroc, le système scolaire est fait de sorte que l'on n'a pas le temps de faire d'autres activités à côté. De 8h à midi, de 14h à 18h, on a le temps de ne rien faire. À 13 ans, c'était le bon moment pour moi pour partir car je n'étais pas trop vieux, je pouvais encore changer quelques mécanismes, corriger, j'ai beaucoup appris là-bas». C'est un apprentissage qui s'est fait grâce à une méthode d'apprentissage rigoureuse et qui pousse à la créativité. Malgré son jeune âge Marouan Benabdallah se sent bien entouré avec des gens qui ont la même vocation que lui et qui le pousse donc vers le haut.
«Quand je vois des enfants de 13 ans, je me disais, comment j'ai fait? On arrive à Budapest, que je ne connaissais pas vraiment. La ville était différente par rapport à Rabat, mais j'avais un but, travailler et ne pas perdre mon temps». Le travail, maître-mot de ce virtuose qui reproche aux systèmes français et marocain, qu'il a quittés, de ne pas laisser la place à la création et à l'art. «En Hongrie, on a cours jusqu'en début d'après-midi. Ensuite on a tout le temps pour faire d'autres activités. Ils donnent la chance aux enfants de s'épanouir. Ici, on nous bourre le crâne à longueur de journée». Une des raisons, selon l'artiste, qui expliquerait pourquoi les enfants ne s'adonnent pas à des carrières de musiciens puisqu'ils sont mal orientés et encadrés dès le départ. «Au Maroc, il n'y a aucune radio qui diffuse de la musique classique !», s'étonne l'artiste.
Il faut préciser que si les parents de Marouan Benabdallah ne l'avaient pas accompagné dans sa décision, il n'aurait sûrement par eu la carrière qu'il a aujourd'hui. Une autre raison qui empêcherait plusieurs talents de se révéler est le manque de ludisme dans les techniques d'apprentissage. «Il faut leur faire découvrir la musique de manière ludique et originale. Au lieu de leur bourrer le crâne avec des méthodes de solfège inutiles et monotones, il vaut mieux leur faire apprendre la musique avec des jeux. Au Maroc, on se base sur la méthode française qui n'est pas bonne à mon sens. En Hongrie, c'est différent, ils se basent sur le système Kodaly qui consiste à apprendre en jouant. Un enfant qui a peur d'un professeur ou qui ne prend pas plaisir à apprendre la musique aura du mal à poursuivre dans la musique. Il faut sensibiliser les enfants, les amener aux concerts dès le plus jeune âge». Un exercice que le pianiste connaît puisque sa mère donnait des cours de piano à la maison, et il se cachait très tôt pour suivre les cours de loin.
Un amour pour le piano qui s'est déclaré très tôt, aidé par des maîtres qui ont su le guider. «J'ai eu plusieurs professeurs et quand j'y pense, j'ai toujours eu les meilleurs à chaque période de ma vie». Une vie pour la musique de chambre rythmée par les plus grands, des professeurs aux maîtres spirituels, que Marouan Benabdallah nourrit avec une discipline irréprochable. En effet, le pianiste travaille tous les jours jusqu'à 10h par jour, dans le calme, chez lui dans sa maison dans le sud de la France ou en tournée où il s'adapte selon son emploi du temps. Le pianiste avoue aimer travailler la nuit entre 22H et 3h du matin, le tout dans le respect de sa discipline. «La musique classique, c'est sacré. Il y a un texte auquel on doit adhérer et ensuite chacun l'interprète comme il veut. Pour moi, le principal, c'est de servir le compositeur, le décoder, savoir quel était son intention. C'est différent par rapport aux autres genres. Le répertoire est tellement large.
Je vais toujours à la recherche d'œuvres peu jouées. On a une partition, un langage et on essaie de décrypter ce que souhaite transmettre le compositeur. C'est pour cela qu'on a besoin de grands maîtres pour nous aider à décoder tout cela», avoue le musicien passionné par la musique du 20e siècle. «En musique, quand on connaît les lois et les frontières, on se sent libre. C'est comme un avocat qui connaît toutes ses lois». C'est ainsi qu'il a donné une leçon de musique aux côtés de son plus jeune frère Yanis, lors de la quatorzième édition du Printemps des alizés avec un répertoire varié, sans oublier les influences hongroises et le répertoire du grand Kodaly. «Répéter avec un frère est très particulier. Il progresse tellement, je l'ai vu évoluer et je suis fier de ce qu'il est devenu !».
Yanis, le doux ténor rêveur
Il a impressionné par la qualité de sa voix, cet après-midi là à Dar Souiri. Les murs ont raisonné, les âmes se sont nourries d'un son noble et sincère, celui de la voix de Yanis Benabdallah. De Poulenc à Roussel en passant par Franz Liszt, sans oublier les chants folkloriques hongrois ou les chants allemands de Lehar. À 28 ans, il est doté d'une maturité et d'un contrôle remarquables, une évidence qui n'a pas toujours été le cas puisqu'à l'instar de son frère qui a toujours voulu devenir pianiste, Yanis s'est longtemps cherché entre le piano, le violon et les choeurs. «J'ai commencé aussi avec le piano mais dans la famille, Marouan était déjà le surdoué. Il y avait une question d'égo, une volonté de trouver sa place. La musique a toujours fait partie de moi, j'ai chanté sous la direction de ma mère, chef de chœur à l'âge de 4 ans déjà.
J'ai continué en France, mais sans jamais vouloir être chanteur, je voulais être chef de chœur comme papa et maman. Au fur et à mesure, je me suis convaincu que ma voix était mon instrument», confie le ténor chanteur d'opéra attiré par le rapport au chant, la voix humaine. «Dès petit, je critiquais ma mère, j'avais un avis sur tout, je voulais faire de la direction depuis toujours. Tout le monde a deux cordes vocales, tout le monde peut chanter», rappelle celui qui a débuté comme soliste à l'âge de 12 ans dans le «Chœur d'enfants de l'Opéra de Paris» avec «La flûte enchantée» (tournée en Italie), et Tosca (à l'Opéra comique). Après une formation lyrique auprès de Sophie Hervé, il devient membre de l'Opéra de Lille. Après avoir obtenu en 2006 le premier prix de chant dans le gala «Jeune talent français» à Monaco, il arrive 1er nommé avec une mention très bien au concours international de l'UPMCF à Paris en 2010. Il obtient son prix de chant à l'unanimité au CRR de Paris.
«Devenir chanteur d'opéra est très difficile, il faut beaucoup de passion et beaucoup de travail. J'ai commencé avec une petite voix, pour moi, il était impossible que je devienne chanteur d'opéra. Mon premier professeur m'a encouragé. J'ai beaucoup travaillé». Toujours bien entouré, le jeune musicien a toujours appris grâce à des maîtres et à la famille, en écoutant de tout, du rap au Rnb par la salsa ou par le tango. «Un maître est quelqu'un qui nous plonge dans la passion et nous pousse à découvrir encore et encore ! Jacques Brel est un maître pour moi, dans un autre registre, mais c'est un grand». Le ténor aux allures de jeune premier a joué avec son frère, plus connu, qui a su faire sa place et faire de lui un élément important dans la famille printanière des Alizés. «On a deux caractères très différents. On s'aime beaucoup et on a des tempéraments très ancrés. On a fait nos chemins, on n'a jamais été associés. C'est toujours un plaisir de jouer avec son frère.
C'est plus dur dans le dialogue, il faut aller outre l'aspect fraternel, mais en musique on se comprend, on n'a pas besoin de répéter ou quasiment pas. C'est dans la vibration des gènes, sûrement». Bien qu'il ait mis un peu plus de temps à se trouver, Yanis Benabdallah est un talent à suivre. Il commence à tourner dans le monde à l'affut de rôles comme Don José ou Othello, toujours avec beaucoup de recul et d'humilité qui ne font que mettre en avant un talent dans le sang. Des valeurs chères aux frères Benabdallah, apparemment...


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