La filiale pétrolière du groupe Akwa lance le Gasoil 50 Power Max, un diesel annoncé comme «bénéfique pour le moteur, la consommation, l'automobiliste et l'environnement». Les propriétés de ce carburant sont dites si exceptionnelles que l'on a du mal à les croire. Quelques mois après le lancement par l'un de ses concurrents d'un Diesel aux qualités éprouvées et avérées, Afriquia SMDC rétorque en proposant un produit dans le même sillage. Baptisé Gasoil 50 Power Max, ce nouveau produit est en fait un carburant additivé d'une formulation élaborée par le groupe chimique Lubrizol. Le directeur technico-commercial de sa filiale Lubrizol France, Didier Vivet, était présent à Casablanca la semaine dernière à l'occasion de la présentation de ce carburant à la presse. Une rencontre principalement animée par Salah Eddine Bensemlali, directeur général de Salub, Younes Saih, expert indépendant et bien entendu le directeur général d'Afriquia SMDC, Said El Baghdadi. Ce dernier a d'abord commencé par un rappel de quelques faits marquants relatifs à son entreprise, ses produits et son réseau. Afriquia détient plus d'un tiers de parts de marché des carburants au Maroc, avec un réseau de 470 stations-services. Un léger avantage quantitatif surtout sur le réseau autoroutier où une station sur trois affiche un vaste toit ondulé et bleuté. Le même DG poursuit en assurant qu'«Afriquia importe des carburants de qualité supérieure à la moyenne» et notamment «du gazole à 10 ppm» en taux de soufre. Vient ensuite la présentation du Gasoil 50 Power Max qui remplacera désormais le diesel dans tout le réseau d'Afriquia. Pour le faire connaître au grand public, le groupe se prépare à lancer une vaste campagne de communication, dont les spots de publicité télévisés ont été diffusés en avant-première ce jour-là. Ce nouveau carburant est alors vanté avec des propriétés hors du commun. En effet et au-delà de la diminution des émissions polluantes et de l'augmentation de la durée de vie du véhicule, on dit ce Diesel capable de «laver les injecteurs» et même de «restaurer la puissance réelle et la consommation initiale du moteur» ayant déjà un certain kilométrage ! Rien que cela...Un discours qui ne tient pas la route et à plus d'un titre car, à ce jour, il n'existe aucun carburant capable de «laver ou nettoyer» les injecteurs sales d'un moteur ayant déjà roulé. Même lorsque la manœuvre est faite manuellement et suite au démontage du moteur, la restauration du bon état des injecteurs nécessite plusieurs cycles, avec un résultat dépendant du degré d'encrassement et des dépôts accumulés sur ces organes à la pointe et aux orifices très fins. Encore moins convaincante, l'explication donnée quant à la mesure de la baisse de la consommation invite tout simplement au sourire surtout lorsqu'elle intervient suite à une question posée par Les ECO. Celle-ci était de savoir comment l'équipe ayant développé ce carburant a pu jauger la baisse réelle de la consommation inhérente à l'utilisation de ce carburant et notamment si elle a eu recours à de véritables instruments de mesure de haute précision, comme un débitmètre externe par exemple. Rien de tout cela, mais plutôt un simple ordinateur de bord, comme toutes les voitures d'aujourd'hui en possède (y compris une Dacia Sandero) et dont les informations restent très approximatives. De même, à la question de savoir si l'ingénierie d'Afriquia et son partenaire chimiste ont réalisé des expériences poussées du type : découpage latéral d'une chambre à combustion, démontage des injecteurs... sur un moteur usé ayant consommé ce nouveau gasoil, la réponse est négative. Il appartiendra, dès lors, aux automobilistes d'effectuer leurs expériences sur leurs voitures pour se faire leur propre conclusion. La nôtre est déjà faite.