Etroitesse de la structure des exportations dominées par les matières premières, coûts commerciaux excessifs, multiples barrières tarifaires et non tarifaires... voici le condensé des maux dont souffre le commerce africain. Renforcer la production et élargir la base d'exportation Comme cela a été examiné à maintes reprises dans les précédentes éditions du Rapport économique sur l'Afrique, de telles politiques doivent reposer sur un cadre de planification du développement à long terme qui permette aux gouvernements de travailler en étroite collaboration avec les parties prenantes. L'objectif est d'identifier les défaillances du marché et d'autres contraintes telles que les déficits en matière d'infrastructures, les déficits de compétences et le faible accès au crédit. Ces facteurs limitent les investissements et la croissance de la productivité. Baisser les coûts commerciaux Avec l'Europe orientale et l'Asie centrale (où cependant la part des pays sans littoral est plus élevée), l'Afrique (à l'exclusion de l'Afrique du Nord) est l'une des régions les plus chères pour ce qui est de la pratique du commerce à l'échelle internationale. Les documents commerciaux nécessaires sont particulièrement difficiles à présenter si l'on s'en tient aux normes internationales, huit documents en moyenne étant nécessaires pour les exportations et neuf pour les importations. En Afrique, les procédures d'importation nécessitent un temps supplémentaire de 22% en comparaison avec les procédures d'exportation, et sont 25 fois plus coûteuses. Par ailleurs, les coûts commerciaux à l'intérieur du continent sont parfois beaucoup plus importants que ceux entre l'Afrique et le reste du monde. Cependant, certains pays africains comme l'Algérie, le Burkina Faso, l'Egypte, l'Ethiopie et le Rwanda ont commencé à réduire les coûts du commerce transfrontalier par rapport à la moyenne mondiale, en dépit de la tendance mondiale à l'aggravation de ces coûts en valeur nominale. Renforcer l'efficacité de l'aide au commerce Au cours de la période 2009-2011, l'Afrique a bénéficié, au titre de l'aide au commerce, d'engagements se hissant à 16,3 milliards de dollars et de décaissements s'établissant à 11,9 milliards de dollars. Il faut toutefois savoir que la part de l'aide au commerce allouée pour la facilitation du commerce demeure faible en général et pour l'Afrique en particulier, bien que des travaux de recherche indiquent que l'amélioration de l'efficacité des procédures douanières et administratives en Afrique pourrait avoir un impact appréciable sur les coûts commerciaux dans tout le continent. Actuellement, seule une part de 1% de l'aide au commerce à destination de l'Afrique a été consacrée en 2011 à la facilitation du commerce. Par ailleurs, sur la période 2006-2011, le ratio des décaissements par rapport aux engagements pour l'aide au commerce à destination de l'Afrique était le plus faible de toutes les régions du monde. Mobiliser des ressources pour l'intégration et le commerce régional Comme cela a été examiné dans le rapport économique sur l'Afrique de 2013, la création de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) devrait aider à éliminer plusieurs des contraintes pesant sur le commerce intra-africain. En effet, on pourrait doubler le volume du commerce intra-africain dans les 10 prochaines années (Mevel et Karingi, 2012) en éliminant l'ensemble des obstacles tarifaires restants au sein du continent et en rendant les procédures douanières et la manutention portuaire deux fois plus efficaces. De telles réformes relanceraient surtout le commerce de produits industriels tout en offrant de grandes possibilités pour la transformation structurelle. Par conséquent, il est reconnu dans le plan d'action de la ZLEC que les efforts tendant à relancer le commerce intra-africain doivent aller au-delà de l'abaissement des obstacles tarifaires, et le plan d'action a fait de la facilitation du commerce une priorité. Renforcer l'impact des négociations et des accords commerciaux Treize ans après la déclaration ministérielle de Doha, les membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sont parvenus à un accord à Bali, scellant ainsi le premier accord multilatéral de l'OMC et contribuant à revitaliser le processus multilatéral, dont la pertinence avait été remise en cause par l'impasse prolongée dans laquelle se trouvait le Programme de Doha pour le développement et par la prolifération des accords bilatéraux, ainsi que la tendance à mener des négociations plurilatérales. Par ailleurs, l'accord sur la facilitation du commerce signé à Bali devrait en principe relancer le commerce mondial et la croissance économique. Selon la CEA, l'Afrique a tout intérêt à réduire les coûts liés aux activités commerciales, même s'il lui faut entreprendre des réformes plus profondes pour se conformer aux engagements figurant dans l'accord. Ce dernier donne aussi aux pays africains la possibilité de s'engager et de mettre en œuvre des réformes cruciales pour faciliter le commerce international.