Dans un environnement dynamique, l'évolution de la fonction financière de l'entreprise s'est accentuée durant les deux dernières décennies. On est passé d'un DAF classique qui se mesure à l'importance du nombre des divisions et services, à un DAF capable de répondre aux exigences d'optimisation des processus et d'amélioration de la productivité et de la compétitivité. La fonction financière de l'entreprise connaît une évolution importante et rapide. Dans un environnement dynamique, cette évolution s'est accentuée durant les deux dernières décennies. On est passé, en effet, d'un directeur administratif et financier (DAF) classique qui se mesure à l'importance du nombre des divisions et services, voire de l'effectif des collaborateurs sous sa hiérarchie à un DAF moderne capable de répondre aux exigences d'optimisation des processus et d'amélioration de la productivité et de la compétitivité ; le contexte de crise, l'évolution des technologies de l'information et l'émergence de l'entreprise numérique transforment et élargissent les missions du DAF. Cette évolution se caractérise par quelques tendances qui sont entrain de façonner et façonneront encore plus demain le rôle et les missions de la fonction financière tout particulièrement et du management de l'entreprise d'une façon générale. Il s'agit là de quelques traits saillants, au nombre de quatre, pouvant accentuer les changements de la fonction : les méthodes quantitatives de gestion, la trésorerie, le crédit client et l'optimisation des achats indirects. Renforcement des méthodes quantitatives de gestion Parmi ces méthodes, le contrôle de gestion sera l'arme du DAF curieux qui écoute et observe pour agir sur l'organisation. En effet, un DAF aujourd'hui ne se limite plus à produire des chiffres et des analyses, mais doit progressivement et méthodiquement, influencer positivement les autres responsables de l'organisation, y compris la direction générale sur les aspects décisionnels qui touchent l'amélioration de la performance de l'entreprise. Cette tâche est d'autant plus difficile et ardue qu'il n'a pas de pouvoir hiérarchique sur eux. En plus du reporting, l'entreprise développe des tableaux de bord qui sont des indicateurs essentiels et proches du temps réel, visant à aider les cadres et décideurs à mieux piloter leurs activités en accord avec la stratégie. La fonction de trésorerie, levier de performance ? La fonction de trésorerie de l'entreprise s'est longtemps limitée à des tâches manuelles et ciblées comme le contrôle des frais bancaires et l'équilibrage des comptes. Aujourd'hui, la fonction s'est radicalement transformée et est devenue plus proche des centres de décisions. Nos clients nous demandent toujours et partout le même profil; de formation Bac+4/5, le trésorier doit connaître les techniques bancaires, être en mesure de mettre en place un système de prévisions performant, veiller à la rapidité et la sécurité d'exécution des opérations, avoir la facilité des relations humaines. Bref, il est l'élément moteur de toute gestion rationnelle du cash management. Il est devenu, en fait, un trésorier 3.0 : un conseiller pour la mise en place des structures de financement, un négociateur vis-à-vis des différents partenaires (banques, filiales, clients, fournisseurs, etc.), un spécialiste dans les domaines de la banque et de la gestion des flux financiers, un organisateur de son service et de ses relations avec les autres départements de l'entreprise (achats, commercial, magasin). Il est surtout devenu un personnage clé de la direction financière concentrant ses activités sur la création de valeur au sein de l'entreprise. Les innovations techniques et technologiques lui sont d'un apport certain : micro-informatique, bureautique, tableurs, logiciels de gestion de trésorerie... Gérer le risque client Il semble que les problèmes de trésorerie ainsi que l'importance des retards de paiement expliquent le niveau élevé de faillite d'entreprises au Maroc. Entre 20 et 30% des faillites d'entreprises s'expliquent par la défaillance d'un ou plusieurs clients. Plus précisément, les entreprises jouent le rôle du banquier, sans pour autant mesurer les risques qu'elles prennent en accordant des «découverts». Selon les estimations du patronat, il faut compter 150 jours pour le règlement d'une facture. Au moins un effet de commerce sur cinq retourne impayé, selon Bank Al-Maghrib. Selon la CGEM : «le compte client peut représenter entre 120 et 180 jours du chiffre d'affaires et atteindre jusqu'à 50% du total du bilan». Malgré la réglementation des délais de paiement et la publication d'un décret d'application encore balbutiant, la tendance remarquée des entreprises est soit de sous-traiter le recouvrement à des sociétés spécialisées dans le recouvrement, le renseignement, l'assurance ou la gestion des créances, soit de se voir créer, en interne, des services dirigés par des «Crédit Manager» dont le rôle essentiel se veut à la fois préventif et curatif. Le but est d'assurer l'encaissement du chiffre d'affaires au moindre coût en étudiant, au préalable, le risque client avant toute prise de commande et d'assurer le recouvrement des créances en vue d'optimiser le cash de l'entreprise. Mohamed Said Benhaddou Consultant iCompetences Une fonction statégique L'économie marocaine se caractérise actuellement par une croissance insuffisante, ce qui se répercute sur les entreprises, en termes d'activité. De même, l'environnement concurrentiel rend les marges très réduites. À ce titre, les DAF portent désormais une attention particulière à la maîtrise des coûts et à la chasse aux achats indirects. Dénommés achats hors production ou achats non stratégiques, les achats indirects sont communs à toutes les structures (prestations de services, consommables, investissements) et représentent 15 à 40% du volume total des achats, selon l'activité et 10 à 25% du chiffre d'affaires. On montre par ailleurs que 10% d'économie peuvent améliorer parfois et selon le secteur d'activité la marge brute de 50% ! L'optimisation des achats indirects permet inéluctablement à l'entreprise de se doter d'avantages concurrentiels en termes de compétitivité et d'adaptation à son environnement.