Derrière tous les décollages industriels qu'ont connus les régions du monde, l'on retrouve des innovations techniques ou technologiques, qui vont de pair avec le foisonnement de startup. L'innovation est également un élément déterminant dans le maintien d'une quelconque avance industrielle acquise, par rapport aux pays concurrents. Dans le classement 2011 de «The global innovation index», le Maroc se maintient à une place peu reluisante, la 94e, soit la même occupée une année auparavant sur ce même palmarès, qui compare 125 économies. Lorsqu'on parle cette fois-ci de l'«indice d'efficacité d'innovation», la place du royaume dégringole à la 103e position. C'est dire combien les efforts à fournir sont énormes pour initier une véritable dynamique industrielle et technologique portée par l'innovation. En effet, malgré la non pertinence de tels classements dans l'absolu, les retards sont tels que la nécessité devient évidente. Ahmed Réda Chami, notre ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, semble en être conscient, malgré le grand retard pris. Pas plus tard que mercredi dernier, le ministre opérationnalisait son cher Fonds de soutien à l'innovation, en annonçant le lancement de deux nouveaux produits de soutien à l'innovation. Le premier, dénommé «Intilak», vise les jeunes startup (moins de 2 ans d'existence) à fort potentiel de développement, qui sont porteuses de projets innovants, ou valorisant les résultats de recherches scientifiques, à condition qu'elles soient orientées marché, dans le secteur industriel ou dans celui des technologies avancées. Les porteurs éligibles sélectionnés suite à l'appel à projet qui a été lancé, pourront bénéficier de la couverture des dépenses liées à leur projet dans la phase post création, à hauteur de 90 % et dans la limite d'un million de dirhams. Elles auront un délai de 5 ans pour réaliser leur projet et commencer à rembourser cette contribution sans intérêts supplémentaires. La grande nouveauté est que ce produit ne demande aucune garantie. Dans le cas d'échec donc, l'Etat renonce tout bonnement à la récupération du financement octroyé. «L'innovation est difficile et très risquée, ce qui fait que les banques ne suivent pas. Si un projet ne réussit pas, ça fait partie du risque d'entreprendre, et l'Etat est prêt à assumer ce risque. Il va bien sûr y avoir une présélection à travers le centre marocain de l'innovation pour s'assurer qu'ils tiennent la route», explique Chami. Les critères de sélection concernent la qualité de l'investisseur (ou porteur de projet), le caractère innovant du projet proposé et les retombées économiques potentielles de sa concrétisation. Mêmes critères pour le produit «Tatwir», qui cible lui, les entreprises de plus de 2 ans d'exercice, porteuses d'un projet innovant dans la recherche et développement (R&D) dans l'industrie, les TIC et les technologies avancées. Les consortiums éligibles agissant dans le cadre de clusters (incubateurs) sont également concernés. Ce second produit propose le financement de 50 % des dépenses engagées dans le cadre du projet de R&D, dans la limite de 4 millions de DH. L'enveloppe globale de ces deux initiatives s'élève à 380 millions de DH, à mobiliser en trois ans. «Pour 2011, 30 projets étaient prévus pour Tatwir et 15 pour Intilak, mais puisque nous n'entamons le travail qu'en moitié d'année, nous devrons en financer la moitié d'ici la fin d'année», explique-t-on auprès du ministère. Avec un peu de recul, ces deux produits de financement viennent combler un vide patent dans le capital-risque et les autres instruments de financement en fonds propres privés. Même la structuration de ces offres (pas de garantie notamment) rappelle celle du capital-risque. L'Etat se substitue ainsi au secteur privé pour dynamiser cette composante essentielle du développement industriel. Ce n'en est pas fini pour autant pour le chantier de promotion de l'innovation. Demain samedi, Chami présidera à Fès une rencontre qui sera l'occasion de présenter la stratégie Maroc Innovation, ainsi que les projets sélectionnés pour l'incubation au sein de la cité de l'Innovation de la capitale spirituelle. Alors jeunes entrepreneurs et chercheurs, à vos projets innovants! Nos faiblesses annulent nos forces Dans le classement 2011 de l'Indice global de l'innovation, les points forts et faibles du Maroc sont surprenants. Ainsi découvre-t-on que le pays est numéro 1 mondial en termes de «diplômés universitaires en sciences», sauf que ces derniers ne trouvent pas de débouchés après l'énergie, le Maroc est performant en l'obtention de leur diplôme. En effet, termes de «PIB par unité d'énergie «l'emploi dans les services à forte utilisée», où il occupe la 5e place. intensité de connaissances» est l'un Mais sa «production d'électricité», des plus gros points faibles dont nous place à la 96e place. À quoi bon souffre notre pays, où il occupe la 97e perdre d'une main ce que l'on gagne position. Aussi, sur le plan de de l'autre ?