Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, a promis une évaluation détaillée du Plan Halieutis lors du salon de la pêche prévu du 18 au 22 février à Agadir. En attendant, la grogne est palpable dans plusieurs ports de pêche. «La pertinence d'organiser le Salon Halieutis pour accompagner la stratégie du même nom se confirme. Cet événement très important est l'occasion de mettre en valeur tout ce qui a été entrepris dans le cadre de cette stratégie». Ce sont les propos du ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, lors de la présentation du salon, prévu du 18 au 22 février à Agadir. Devant une salle comble, le ministre a rappelé les ambitions de cette stratégie, dont les avancées sont «notables».«Depuis 2004, sur le volet des plans d'aménagement, nous sommes actuellement à 85% des pêcheries couvertes par ces plans. Sachant qu'avant la fin de 2015, les objectifs escomptés par le Plan Halieutis seront dépassés», explique Akhannouch. En 2014, les quantités exportées ont dépassé les 16 millions de tonnes, avec une valeur ajoutée qui a connu une augmentation de 33% depuis la mise en place de la stratégie en 2009. Le responsable, qui affiche la mine des grands jours, déclare qu'une évaluation plus détaillée sera faite lors de la troisième édition du Salon Halieutis, un rendez-vous biennal dédié aux différents métiers de la pêche maritime, de l'aquaculture et des industries de la pêche. L'édition 2015 qui se tiendra sous le thème : «La mer, avenir de l'homme», réunira 300 exposants marocains et étrangers venus de 30 pays. La précédente édition avait accueilli 211 exposants. «Ce qui témoigne de l'intérêt des professionnels pour la manifestation», renchérit Amina Figuigui, directrice de l'Office national de la pêche (ONP) et présidente de l'Association du Salon Halieutis. Cette année, la rencontre sera articulée autour de six axes majeurs, dont notamment le pôle «Flotte et engins», le pôle «Valorisation et process» et le pôle «Ressources». Pour la responsable de l'ONP, le salon confirme la réussite des éditions précédentes, alors même que sur le plan international, d'autres salons du secteur ont connu des difficultés. Le commissaire dudit salon, Abdelfattah Zine a indiqué, dans ce sens, que le Salon Halieutis se plaçait désormais parmi les plus grands du genre, aussi bien par sa superficie (plus de 16.000 m2) que par le nombre des exposants et des visiteurs. Lors de cette édition, ce sont d'ailleurs quelque 60.000 visiteurs professionnels et grand public qui sont attendus. Tensions Toutefois, tout n'est pas rose dans le secteur de la pêche. En effet, le ministère fait face à la colère de certains professionnels. La fronde est menée par la Fédération nationale des organismes professionnels de la pêche côtière au Maroc qui, depuis plus d'un mois, multiplie les actions de contestation. Elle menace même de faire échouer ledit salon. Cette fédération réussira-t-elle à convaincre les professionnels du secteur de le boycotter ? Cette question est sur toutes les lèvres dans le secteur. La Fédération dont les revendications sont nombreuses intensifie les réunions pour rallier à sa cause une majorité de professionnels. La dernière en date est la réunion organisée samedi 24 janvier à Laâyoune avec pour objectif d'obtenir le soutien des armateurs et pêcheurs de ce port du sud. «À l'issue de notre réunion avec les professionnels de ce port, dont notamment des armateurs, des marins et des officiers de la région, nous avons décidé de boycotter le Salon Halieutis», déclare Mohamed Adid, président de cette fédération. Selon celui-ci, une grande manifestation de protestation sera organisée le 18 février, soit le jour même du lancement des travaux du Salon Halieutis. Pourquoi cette grosse tension chez les pêcheurs ? Des opérateurs disent qu'ils ont souhaité d'abord être fixés sur l'état d'avancement du Plan Halieutis, mais qu'ils n'ont pas eu de réponse de la part du département de tutelle, explique Abdellatif Saadouni, président de la Confédération nationale des mareyeurs de gros et des détaillants au Maroc. «Il est difficile pour nous de participer au Salon Halieutis, alors même que la stratégie du ministère ne profite qu'à une minorité», lance Abdellatif Saadouni. «Sur le terrain, on n'a rien vu se concrétiser, notamment en faveur des marins et des marayeurs. C'est pourquoi, avant toute chose, nous avons demandé de procéder à une évaluation juste de cette stratégie avant la tenue du salon», souligne cet opérateur. «La réponse sera donnée lors du salon», promet le ministre. En attendant, la grogne est palpable dans plusieurs ports de pêche. Des manifestations ont été constatées dans les ports d'El Jadida, Safi, Essaouira, Agadir, Sidi Ifni, Tan-Tan, Laâyoune et Dakhla, selon Mohamed Adid, le président de la Fédération des organismes professionnels de la pêche côtière au Maroc. «Nous voulons attirer l'attention sur la situation de plus en plus précaire des marins», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «La stratégie Halieutis n'a pas atteint ses objectifs».