Avec 1.080 mètres de profondeur, le puits minier de Draâ Sfar, dans la périphérie de Marrakech est le second plus profond «édifice» minier d'Afrique. La région accueil également le complexe industriel le plus important pour la valorisation des minerais extraits par le groupe, mais l'avenir du groupe est évidement en Afrique. Alors que certaines entreprises se targuent d'édifier des gratte-ciels, Managem, elle, est tournée vers le sous-sol, sans pour autant moins de démesure. Le groupe marocain a ainsi pu réaliser «l'édifice» minier le plus profond d'Afrique du Nord, sur le gisement de Draâ Sfar, dans la région de Marrakech. Ce site d'extraction polymétallique (cuivre, zinc, cobalt et plomb) est en effet doté d'un puits dont la profondeur atteint à ce jour 1.080 mètres, soit plus de 10 stades de football empilés en longueur sous le niveau du sol. Ce gisement affiche néanmoins un potentiel de minerais qui atteint, selon les derniers sondages, près de 1.500 mètres de profondeur. Au niveau continental, seule l'Afrique du Sud dispose d'un gisement exploité plus profondément. Annuellement, Managem extrait près de 750.000 tonnes de minerais de ce site parmi les plus riches du royaume et vise à dépasser le million de tonnes. Rencontre souterraine Dans le cadre de ce renforcement de capacité, le 22 février dernier, ingénieurs et mineurs ont réalisé une prouesse. Ce jour là, comme l'ont fait Anglais et Français, en se rejoignant sous la Manche, chacun de leur côté du tunnel, deux équipes de Managem se sont rejoints à des centaines de mètres de profondeur après que chacune ait entamé son forage de part et d'autre. «Contrairement à d'autres qui se procurent des technologies clés en main, nous développons nos propres méthodes et techniques d'exploitation», indique, non sans fierté, l'ingénieur en chef du site. Une réalisation qui nécessite, il faut le reconnaître, une grande maîtrise technique et une parfaite connaissance des contraintes géologiques spécifiques au terrain. Cet ouvrage d'ingénierie permettra ainsi à l'exploitant minier d'accéder à des sections souterraines riches en minerai et non-encore valorisées jusque-là. QG industriel Il faut dire que la région de Marrakech est particulièrement stratégique pour le groupe Managem. En ce sens où, au-delà du riche sous-sol offrant une multitude de gisements exploitables, le processus de valorisation se poursuit dans le complexe industriel de Gemassa, à 30 kilomètres de la ville ocre, qui n'est autre que le plus important site de valorisation minier de Managem, aussi bien que du Maroc. Le minerai acheminé au complexe en provenance de différents sites d'extraction est valorisé par voie hydro-métallurgique dans l'une des six usines de transformation, correspondant à autant de types de métaux. Le complexe est également doté d'un laboratoire d'analyse et de recherche, qui non seulement traite les échantillons du sous-sol marocain, mais également ceux en provenance des exploitations subsahariennes de Managem, hautement stratégiques pour l'avenir du groupe. L'orientation est clairement affichée. «Notre avenir minier se joue en Afrique», insiste d'ailleurs Ismail Akalay, directeur général de la branche des métaux de base chez Managem. Ismail Akalay, directeur général de la branche des métaux de base et cobalt à Managem «L'avenir de Managem est en Afrique» Les ECO : En vous projetant sur le moyen et le long termes, quelles orientations stratégiques adopte le groupe Managem, au vu du contexte évolutif des besoins miniers ? Ismail Akalay : Depuis plusieurs années, la Chine absorbe une proportion impressionnante de la production minière mondiale, ayant ainsi une forte influence sur le marché international des commodités d'origine minérale. Au niveau macroéconomique, nous anticipons qu'à terme, la future Chine pour les produits miniers ne sera autre que l'Afrique, qui aura des besoins nécessitant des quantités énormes pour son développement futur. En parallèle, le continent africain recèle de gisements considérables en ressources minières. L'importance de l'Afrique pour un groupe comme Managem est donc évidente, autant comme débouché qu'en tant que terrain de prospection. L'on peut donc dire que stratégiquement, l'avenir de Managem est en Afrique... Oui. Effectivement, l'avenir du groupe à moyen et long termes est résolument en Afrique. D'ailleurs, comme vous avez pu le voir, Managem exploite déjà d'importants gisements en Afrique subsaharienne et ceci dans une optique durable et pérenne. Nous veillons ainsi à impliquer les compétences locales dans chaque pays où nous nous implantons. L'expertise marocaine est reconnue en la matière et le transfert de technologies et de compétences est pour nous le gage d'un engagement à long terme. L'ONHYM, certes avec quelques réserves vient de confirmer la présence de gisements pétrolifères dans les provinces du sud du Maroc. N'est-ce pas une opportunité pour un groupe comme Managem, qui dispose d'une expertise reconnue dans l'exploitation des ressources souterraines ? Directement, non, car malgré les apparences, l'exploitation minière est un métier complètement différent de l'exploitation pétrolière. Toutefois, une opportunité indirecte existe effectivement, impliquant des synergies entre les deux industries. En ce sens où le process de traitement du pétrole brut nécessite l'emploi de certains minerais comme catalyseurs. Des minerais que Managem produit déjà et qui peuvent avoir un débouché potentiel dans l'industrie pétrolière. Reportage : Mineur, entre courage et ingratitude sociale Àun kilomètre sous terre, il faut bien du courage pour travailler 8 heures par jour... ou par nuit. C'est le quotidien des mineurs d'abord et de l'ensemble des métiers du monde minier dans une moindre mesure, légèrement moindre, car il faut le dire pour certains et le rappeler pour d'autres, une mine industrielle mobilise un large spectre de métiers variés, qui affichent en commun la spécificité d'exercer leur mission, à un moment où un autre, dans un environnement sombre et confiné, à des profondeurs pouvant atteindre plus de 3.000 mètres. Heureusement, les conditions de travail dans les mines marocaines sont infiniment meilleures que dans d'autres pays riches en ressources, mais le métier reste ingrat. Une ingratitude d'abord sociale, les mineurs manquent cruellement de reconnaissance publique et de mise en valeur morale. Surtout que sans les mineurs de par le monde et au Maroc en particulier, une multitude d'éléments de confort aujourd'hui anodins, seraient tout simplement inexistants. En effet, les minerais extraits constituent pour beaucoup des matières premières essentielles dans des produits aussi variés que les téléphones mobiles, les ordinateurs, les voitures, les immeubles, pour ne citer que ceux-là parmi des milliers d'autres. À titre d'illustration, pas de batteries sans plomb ou sans nickel, pas d'ordinateurs performant sans cuivre ni sans or, et pas de carrosserie de voiture durable sans zinc, sans lequel l'acier les constituant rouillerait au bout de quelques petites années. Autant d'éléments minéraux qui sont présents dans le sous-sol marocain et qui sont extraits et valorisés par les mineurs, les techniciens et les ingénieurs du groupe Managem, quasi-unique entreprise minière marocaine. Il faut toutefois reconnaître que ceux qui sont en contact direct avec ces professionnels savent reconnaître leur mérite. Un «smig» à 6.000 DH «Nous touchons un salaire minimum de 6.000 DH, ce qui représente jusqu'à 3 fois le salaire touché par d'autres ouvriers dans d'autres secteurs», nous indique un technicien, reconnaissant alors qu'il entame une bifurcation entre deux tunnels à près de 1.000 mètres sous terre, sur le site de Drâa Lasfar. Aussi, les métiers de la mine restent aussi discrets que stratégiques pour l'économie. Il convient d'insister sur le fait que la reconnaissance morale à laquelle ils ont droit de la part de la société marocaine est loin d'être à la hauteur des risques qu'ils encourent dans le cadre de leurs métiers, car si les normes de sécurité et les conditions de travail ne cessent d'être améliorées sur les sites opérés par Managem et ses filiales, notamment sous l'impulsion de multiples certifications internationales, pour lesquelles le groupe a été pionnier au Maroc, les dangers inhérents au métier restent toujours présents. Dans ce registre, il est clair que le groupe entend bien autant soigner ses process et ses normes que son image, après qu'une série de mouvements sociaux ait ébranlé, à tort ou à raison, la réputation du groupe Managem, qui a depuis mis sur pied toute une stratégie de responsabilité sociale et environnementale, dont la dernière pierre mobilisera un budget de 35 MDH pour l'année 2014. Ismail Akalay, DG de la branche des métaux de base ne s'en cache d'ailleurs pas : «Nous adoptons cette démarche responsable depuis plusieurs années, discrètement sans le crier sur les toits, la seule nouveauté aujourd'hui, c'est que nous communiquons autour afin d'éviter que de fausses accusations ne viennent remettre en cause tous les efforts que nous entreprenons», insiste-t-il énergiquement. C'est d'ailleurs avec fierté qu'il met en avant que les mêmes préoccupations sont présentes dans les sites d'exploitation du groupe en Afrique, là où l'avenir se dessine.