Mettre la main sur la Société marocaine de transport et de messagerie (SDTM) s'est avéré une course de fond pour Barid Al-Maghrib ! Les rumeurs couraient depuis des années, les tractations ont duré quelques mois et la finalisation a pris plusieurs semaines. Toutefois, le postier du royaume y a cru jusqu'au bout et cela n'a pas été peine perdue. Le closing de l'opération s'est finalement effectué mercredi dernier. Le groupe Barid Al-Maghrib a acquis 100% des parts sociales de la SDTM. Montant de la transaction : 103,1 MDH. « Le choix de la cible n'était pas aléatoire et tenait compte du chiffre d'affaire de l'entreprise recherché, de sa flotte, de la qualité de son management, de son système d'information, de ses plateformes d'exploitation, de son prix d'acquisition, ainsi que de la nécessité de garder pour notre groupe le contrôle de l'entreprise. Ce processus a débouché en fin de compte sur la SDTM», explique Amin Benjelloun Touimi, DG de Poste du Maroc. L'opération en valait la chandelle manifestement, car il tombe à point nommé avec les orientations stratégiques de Barid Al-Maghrib. Tournant stratégique Certes, Barid Al-Maghrib est déjà positionné sur le marché de la messagerie à travers l'offre Amana, qui jouit d'un large réseau, mais avec la SDTM, la société compte passer à la vitesse supérieure. «Cette opération favorisera l'émergence d'un leader national, en mesure de mieux aider la structuration du secteur. Par ailleurs, l'augmentation du chiffre d'affaires, et par conséquent, le développement des résultats escomptés, permettront de continuer à financer le service universel dans le domaine du colis sur l'ensemble du territoire, tout en respectant nos engagements en matière de qualité», estime le management de Poste Maroc. Cette stratégie a été minutieusement étudiée par le postier du royaume, qui ne cache pas ses ambitions dans la messagerie, pour des raisons objectives. Avec le développement des nouvelles technologies et moyens de communication, l'activité traditionnelle de la poste, à savoir le courrier, a reculé en termes de flux et de volume. Le vent a tourné et il fallait donc s'adapter à la nouvelle donne : «partout dans le monde, l'activité du courrier perd du terrain. En revanche, la messagerie présente un véritable relais de croissance. Nous l'avons constaté au niveau de Amana, qui a enregistré ces dernières années des croissances à deux chiffres, d'où l'intérêt de cette opération», explique Amin Benjelloun Touimi. À présent que la SDTM est tombée dans son escarcelle, comment Barid Al-Maghrib compte-t-il accorder les violons des deux entités ? «D'abord, il y a une grande complémentarité entre l'activité des deux sociétés. Il faut savoir que SDTM devient une filiale à part entière de Barid Al-Maghrib, comme l'est d'ailleurs EMS Chronopost International Maroc ou encore Al Barid-Bank. Nous comptons donc créer des synergies entre les deux entités, mais il ne s'agit pas de fusion. Je rappelle qu'Amana n'est pas une entité juridique, mais une marque. Notre vraie ambition à travers cette opération qui nous confère le statut de leader est de tirer le secteur vers le haut, afin de le mieux organiser», confie le management de Barid Al-Maghrib. Cependant, les ambitions de Poste Maroc ne s'arrêtent pas là ! Vitesse de croisière Le Groupe a par ailleurs lancé de nouvelles offres, qui répondent aux besoins permanents de la clientèle, comme Amana International et Amana Transport et Logistique (Service de transport en groupage ou camion complet). Avec une flotte de près de 200 véhicules et une surface d'entreposage d'environ 15.000 m2, la SDTM donnera à Barid Al-Maghrib un nouvel élan dans la poursuite du développement de son métier colis, messagerie, transport et logistique, qui constitue pour lui un relais de croissance incontournable. «Indépendamment de SDTM, Poste Maroc a signé un contrat-programme 2013-2017 avec l'Etat, afin de développer des compétences dans la logistique. D'ailleurs, nous allons démarrer cette activité rapidement, en commençant par la gestion logistique de notre groupe d'une manière plus professionnalisée. Une fois cette opération arrivée à terme, on peut commencer à vendre ce service à d'autres clients. Notre ambition est d'être un acteur de logistique de distribution», explique le management du groupe. De son côté, l'activité courrier, même si elle bat de l'aile, ne sera pas délaissée pour autant. Tout un plan de relance lui a été concocté. «Dans notre plan stratégique, nous souhaitons développer le courrier à valeur ajoutée ou ce qu'on appelle le courrier hybride. En clair, c'est quand vous avez une entreprise ou banque qui va envoyer des centaines de courriers, ne serait-ce que le relevé bancaire. Elle le confie à un spécialiste. À ce niveau, notre filiale, Barid Media, présente des services qui peuvent intéresser les opérateurs», estime Amin Benjelloun Touimi. Et de poursuivre : «Aussi, notre filiale peut accompagner les entreprisses pour le développement du courrier marketing. Juste un chiffre, pour voir le potentiel : en Tunisie, cela représente 0,7 pli par habitant, au Maroc on en est à 0,3 pli/hab. C'est un potentiel très important». C'est dire que le postier du royaume est sur plusieurs fronts. Ces initiatives ne tarderont pas à donner leurs fruits ! Lire l'interview du DG de la Poste du Maroc : «Dans le pipe, des partenariats avec l'Afrique de l'ouest»