Dire que le ministre de l'Economie et des finances par intérim Aziz Akhannouch a du «pain sur la planche» est loin d'être une métaphore pour celui qui dirige déjà le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime. Après sa nomination intervenue il y'a plus d'une dizaine de jours, en remplacement de l'ancien ministre Nizar Baraka, nommé à la tête CESE, les choses sérieuses commenceront cette semaine pour Aziz Akhannouch. La rentrée politique sera sans aucun doute assez chargée pour le nouveau ministre de l'Economie et des finances, pour qui l'intérim sera loin de ressembler à une gestion des affaires courantes, comme c'est de tradition. La nomination de Aziz Akhannouch est, en effet, intervenue en pleine préparation du projet de loi de finances pour l'exercice 2014, dont la lettre de cadrage accuse déjà un retard notable. À cela s'ajoute le fait que la crise gouvernementale n'est pas encore près de connaître son épilogue, surtout que les négociations entre le PJD et le RNI pour la formation de la nouvelle coalition sont encore au stade des premiers contacts. C'est autant dire que Aziz Akhannouch aura la lourde charge de conduire le processus d'élaboration du projet de loi de finances de bout en bout, en tout cas jusqu'au dépôt du texte au Parlement. Selon les dispositions constitutionnelles, le dépôt doit intervenir au plus tard le 20 octobre prochain, ce qui donne au ministre de l'Economie et des finances par intérim un délai assez réduit pour élaborer un projet qui tienne compte des véritables défis qu'impose le contexte actuel et surtout répondre aux nombreuses attentes des différents partenaires économique et sociaux. À ce niveau cependant, le gros du travail, notamment sur les aspects techniques, est du ressort du ministre délégué au Budget, Driss Azami El Idrissi. Selon les déclarations de ce dernier, les services du département du Budget ont commencé la préparation du budget depuis la fin du mois de mars dernier. Il faut dire que le challenge est colossal, puisqu'en plus des mesures vigoureuses attendues pour engager la réforme structurelle des équilibres macroéconomiques, le gouvernement doit envoyer des signaux forts aux opérateurs économiques ainsi qu'à ses partenaires socio-économiques, notamment le FMI. En plus des premières mesures destinées à mettre en œuvre la réforme fiscale, notamment la fiscalisation agricole, la loi de finances 2014 devra traduire en actes plusieurs engagements pris par le gouvernement pour l'amélioration du climat des affaires. Signal positif C'est sûrement conscient de la complexité du processus, particulièrement cette année, que le ministre de l'Economie et des finances par intérim, Aziz Akhannouch, a décidé d'engager des consultations dès cette semaine avec les opérateurs économiques. L'objectif, on le devine aisément, est d'actualiser leurs attentes, surtout que lors de la déclinaison du projet de loi de finances en cours d'exécution, le patronat n'a pas manqué de faire part de ses vives critiques pour le non prise en compte de ses revendications. Cette fois, Aziz Akhannouch entend agir avec prudence, puisque selon les informations dont nous disposons, des contacts ont déjà été établis entre Akhannouch et la présidence du patronat. Il faut dire que la nomination de Aziz Akhannouch, diversement apprécié sur le plan politique, a été largement bien accueillie au niveau du patronat. Cet accueil est essentiellement justifié par le profil de l'intéressé, issu du monde des affaires et donc conscient des difficultés et des attentes de la communauté des hommes d'affaires en ces temps de conjoncture difficile. Pour Said Hammoumi, président de la Commission PME au niveau de la CGEM, il s'agit même «d'un signal positif de la part de l'Exécutif», en attendant que la situation au niveau du gouvernement s'arrange. Il faut noter que cet intérim au niveau du ministère de l'Economie et des finances n'est pas sans soulever des inquiétudes. En cause, la gestion de la suite de cette parenthèse intérimaire. En plus de provenir du milieu des affaires, le ministre Aziz Akhannouch justifie, certes, d'une expertise certaine en matière de gestion gouvernementale, ainsi que de la maîtrise des dossiers stratégiques entre le patronat et le gouvernement, mais les décisions qu'il sera amener à prendre risquent de souffrir d'une carence de légitimité politique. Ainsi, à défaut d'une plus grande visibilité sur l'issue des négociations entre le PJD et le RNI et le cas de l'intéressé lui-même, qui est un ancien membre du parti de la Colombe, il est difficile de s'attendre à de grandes initiatives, à moins de mettre le prochain cabinet devant le fait accompli. Plusieurs questions restent, en effet, en suspens, le temps que les prochains alliés de la nouvelle coalition accordent leurs violons par rapport à plusieurs aspects économiques. Cependant, pour les chefs d'entreprise, c'est déjà un acquis qu'ils disposent d'un interlocuteur au niveau du gouvernement, en attendant que le contexte politique s'améliore. L'une de leur première attente, c'est en effet, la restauration de la confiance à travers des signaux forts. Autrement dit, la gestion de la crise gouvernementale ne doit pas prendre pas en otage l'économie nationale qui traverse déjà une mauvaise passe, en plus des signaux alarmants qui se profilent à l'horizon. l par a.y.b