«Aujourd'hui, l'OFEC se positionne en tant que leader pour mener à bien la stratégie sectorielle». Voilà qui est dit et l'assurance avec laquelle se projette le directeur général de l'Office des foires et expositions de Casablanca ne laisse aucune ambigüité sur ses ambitions en matière de restructuration de l'activité de l'organisation des salons professionnels. L'Office serait-il en train de remonter aux commandes du secteur comme par le passé ? Il n'en est a priori rien selon le DG de l'OFEC, Aziz Alami Gouraftei. «Ce que nous proposons, c'est d'arriver à un montage dans lequel l'Etat, à travers ses différentes composantes, y compris peut-être son bras financier qui est la CDG, serait partie prenante dans le développement et que l'OFEC serait gestionnaire, en tout cas jusqu'à ce que le secteur arrive à maturité». On l'aura compris, le directeur général du plus grand parc d'exposition souhaite s'adosser aux orientations générales de la stratégie en gestation. Il s'agit aussi, selon la même source, de repositionner l'Office dans «son véritable rôle, tel que défini par le texte de sa création, c'est-à-dire en tant qu'outil de promotion de l'offre sectorielle nationale». L'Office s'estime ainsi le plus «apte» à soutenir l'élan de la stratégie de développement du secteur des salons et de gérer le mécanisme de son application, à savoir que l'enjeu principal demeure le soutien des stratégies sectorielles nationales. Pour cela toutefois, Alami Gouraftei admet que certains chantiers restent encore à accomplir. Il s'agit du développement de l'espace d'exposition. «Nous subissons le fait qu'il n'y a pas suffisamment de lieux d'exposition. Il n'y a pas très longtemps, nous avions reçu des organisateurs de Dubaï qui ont exigé un espace de 100.000 m2, alors qu'au Maroc nous sommes entre 20 et 30.000 m2. Nous pouvons recourir aux chapiteaux, mais ce n'est pas aussi professionnel que dans des espaces dédiés avec toutes les commodités qui conviennent», témoigne Naïma Ouardane, directrice générale de Forum 7.Dans ce sens, le directeur général de l'OFEC estime préférable de développer pas moins de 15.000 m2 supplémentaires sur place «et très rapidement, tout en respectant les contraintes du projet de l'avenue Royale». Toutefois, et comme le terrain mitoyen est une propriété de la SONADAC, «ce n'est pas un acte qui dépend de l'OFEC, mais de la CDG et des autorités de la ville...». Cela étant, l'Office sera en mesure d'offrir au secteur une plateforme d'une superficie de 35.000 à 40.000 m2, en vue d'accueillir des manifestations d'envergure. «Nous ne pouvons pas faire grand-chose si nous n'avons pas l'espace nécessaire. Il faut résoudre très rapidement la question de la construction sur place, car nous avons besoin dans moins des 2 ans et demi de 20.000 m2 supplémentaires», alerte Alami Gouraftei. L'autre chantier important est celui de l'assise juridique de l'Office. Notons que le statut de cet établissement date de 1977 et aujourd'hui, certains réajustements de ce texte s'avèrent indispensables. Bouffée d'oxygène pour les finances C'est là donc une vision et une prospective, pour un organisme qui émerge d'une léthargie ayant duré plusieurs années. Rappelons en effet la délicate situation financière de l'Office il y a encore moins d'une décennie. «À mon arrivée à la tête de l'Office, il y a cinq ans, l'OFEC traînait une ardoise de près de 70 millions de DH au titre des factures de la Lydec, de la CNSS, des assurances, de la CIMR, des accidents du travail non remboursés... », se souvient Alami Gouraftei. À l'époque, l'Office avait 119 employés, dont la majorité ne justifiaient pas de formations qualifiantes, sans oublier qu'après le resserrement de l'assiette foncière de l'Office, dû à la mise en œuvre du projet de la percée, le «surplus» des ressources humaines constituait le plus gros des déboursements de l'établissement. «Avec très peu de salons d'envergure, une concurrence déloyale et un positionnement très flou, il fallait trouver le moyen de sauver l'Office», explique le DG. Le chantier de redressement a ainsi pris du temps pour être bouclé, «notamment du fait que la mise à niveau a été financée par les moyens propres de l'OFEC», précise le responsable. Cela a notamment été le cas du plan de départs volontaires, totalement financé par l'Office et qui a bénéficié à plus de 45% du personnel. Aujourd'hui, cette époque semble loin et l'Office se porte si bien que ses comptes financiers ont été pour la première fois, cette année, certifiés sans réserve et qu'il arrive même à dégager des bénéfices. Au niveau des ressources humaines, la mise à niveau a consisté à la régularisation de la situation du personnel et à la mise en place d'un statut et d'outils de performances. Par ailleurs, au niveau de l'infrastructure, un relifting a été opéré sur plusieurs volets. 26.000 m2 d'étancheité ont été refaits, de même que l'infrastructure électrique et l'éclairage et 20.000m2 de sol industriel ont été coulés au sein du parc d'exposition. Dans le même sillage, «nous avons installé les caméras et avons récemment adjugé le marché pour reprendre toute la peinture et l'amélioration de l'esthétique. Nous avons ouvert la mise à niveau des barrières, lieux d'hygiène... et nous avons lancé un marché pour toute la partie extérieure (parking...) », explique le DG. interview «L'Afrique fait partie de nos objectifs» Les ECO : L'activité de l'organisation des salons se développe si bien que le revers de la médaille est qu'aujourd'hui, tout le monde ou presque peut se prétendre organisateur de salon... Aziz Alami Gouraftei : Jusqu'en 2000, l'OFEC avait l'exclusivité du secteur sur Casablanca. Ensuite, l'activité a été libéralisée mais sans mettre en place les garde-fous. À présent, cela sera rattrapé, car la stratégie en cours de conception a prévu un texte de loi, actuellement au niveau du département du Commerce extérieur, qui contient un certain nombre d'articles dédiés à l'organisation de salons internationaux, à la définition d'un salon international, d'un parc d'expositions internationales. D'ailleurs, en matière de salons internationaux, il existe des normes mondiales. Le problème est que le Maroc ne dispose pas d'un cadre juridique spécifique, c'est pourquoi une mise à jour réglementaire sera opérée. Elle est déjà dans le pipe, car le texte de loi est rédigé et il intégrera le circuit d'adoption très prochainement. Une association représentative aurait été créée par les opérateurs du secteur. Qu'en pensez-vous ? C'est une initiative positive et le métier a besoin de représentativité. Cependant, tout dépend des ambitions de cette association. Si c'est pour avoir l'exclusivité des salons ou pour verrouiller le marché, je pense qu'elle se trompe de stratégie. Or, si le but est de contribuer à l'amélioration du contexte, au partage d'idées, de savoir-faire... on ne peut qu'applaudir. De toute façon et la stratégie le met bien en évidence, nous avons besoin d'un secteur privé structuré, puisque nous-mêmes nous n'organisons plus directement mais via des organisateurs délégués, car c'est un secteur où le privé doit rester omniprésent. Y a –t-il de nouveaux concepts en gestation au sein de l'OFEC ? Certainement, mais je ne peux rien en dire. Quels secteurs concernent-ils ? Il y a une réflexion en profondeur sur la partie industrielle. Il y a de l'offre mais, elle est encore trop éparpillée. Vous savez, dans ce domaine, plus on est grand plus on est visible à l'international. Nous avons donc besoin de créer des synergies pour s'assurer de la visibilité à l'international. Par ailleurs, il y a aussi les loisirs, le tourisme. Nous sommes obligés d'être sur tous les fronts et nous sommes un excellent outil de veille. L'OFEC serait, selon certaines sources, intéressé également par le marché africain ... Nos différents secteurs économiques sont en train de s'orienter de plus en plus vers l'Afrique. Dans le cadre de notre mission, nous les accompagnons. Si l'Afrique fait partie de leurs marchés cibles, nous inviterons donc les pays africains et s'il faut organiser des événements là-bas, nous le ferons. Sachez que certains pays africains sont aussi demandeurs d'expertise dans ce sens et de partenariats aussi. Ainsi, nous avons des ambitions dans ce sens, modestes certes, mais légitimes. Je ne vois pas pourquoi on aurait un salon français ou espagnol se produisant dans un pays africain alors que nous pouvons le faire. Mieux encore, certains grands salons internationaux cherchent aujourd'hui des partenariats avec nous pour aller en Afrique. Le but n'est pas l'organisation de salons, mais la base de données et les contacts, car leurs entreprises ne pourront pas agir directement mais auront besoin de nous. Je confirme donc que l'Afrique fait partie de nos objectifs. Nous avons déjà commencé à nouer des partenariats dans ce sens et, probablement, il y aura des concrétisations assez rapidement.