«Durant les deux dernières décennies, le marché des capitaux a connu de profondes mutation, qui ont permis à notre pays de passer d'une économie d'endettement, où le secteur bancaire était prépondérant en matière de financement à une économie de marché des capitaux», déclare d'emblée Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des finances lors de l'acte IV des Intégrales de la finance, tenu hier, le 11 juin. Pour Baraka, le marché des capitaux joue un rôle des plus importants dans le système financier marocain. Et pour cause, il affiche à fin 2012, un actif net d'OPCVM de 240 MMDH, d'une capitalisation boursière de 462 MMDH et un encours de la dette privée de 180 MMDH. «En dépit de ces résultats, le Maroc a commencé à donner des signes d'essoufflement dus notamment au resserrement des liquidités et à une stagnation du marché boursier. Cette situation a mis en évidence la nécessité de déclencher une nouvelle vague de réformes globale et intégrée, permettant de relancer le marché des capitaux», soulève Baraka. Dans ce sens, cinq axes ont été repérés pour dynamiser ce marché. Il s'agit tout d'abord de renforcer la supervision et la transparence des marchés de capitaux. «En partant du fait que le renforcement du dispositif relatif à la protection de l'épargne est une donnée essentielle au développement du marché des capitaux, le premier chantier concerne l'adoption de la loi régissant l'Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC), qui renforce l'indépendance et ses prérogatives, tout en instituant le cadre de coopération entre les différentes autorités de la supervision du secteur financier», note le ministre. Ce dispositif de supervision sera davantage renforcé à travers l'adoption de la loi relative à la création de l'autorité de contrôle des assurances et de la prévention sociale qui est en cours et de la loi bancaire qui renforce les pouvoirs et l'indépendance de Bank Al-Maghrib, l'autorité du contrôle des assurances et qui permet ainsi une meilleure coordination de notre intervention. «L'autre priorité fait référence à la loi relative à l'appel public à l'épargne, qui hisse notre dispositif actuel au niveau des meilleurs standards internationaux», ajoute-il. L'une des réformes essentielle pour la dynamisation du marché des capitaux fait référence au renforcement de l'attractivité de la Bourse de Casablanca, pour lui permettre de jouer un rôle important dans le financement de l'économie. «Dans ce cadre, je mentionnerais en particulier la révision de la gouvernance au sein de cette institution avec la nouvelle architecture que nous sommes en train de finaliser et qui devrait également se traduire par l'ouverture du capital de la Bourse de Casablanca», informe Baraka. À ce titre, le capital ne serait plus détenu exclusivement par les seules sociétés de Bourse. «Ce projet est en cours de finalisation, avec une grande implication de toutes les parties prenantes», souligne-t-il. De nouveaux instruments financiers «Nous travaillons sur de nouveaux instruments financiers qui viendront enrichir la panoplie des produits du marché boursier, notamment la mise en place d'un cadre législatif régissant les fonds indiciels cotés et les fonds immobiliers cotés», informe le ministre. La mise en place prochaine d'un marché d'instruments financiers à terme dont le projet de loi a été approuvé à la Chambre des représentants en février dernier et qui est actuellement en discussion à la Chambre des conseillers permettra aux opérateurs de se couvrir contre les risques financiers, y compris ceux des marché des matières premières, qui constituent une source de risque majeur pour l'économie. «L'ensemble de ces réformes de modernisation devraient être accompagnées par la mise à niveau technologique à travers la mise en place d'une chambre de compensation», soulève Baraka. Concernant le marché de la dette privée, «de nouveaux produits verront le jour prochainement et qui répondent aux attentes de certains émetteurs en termes de sécurité. Il s'agit notamment des obligations sécurisées», a fait savoir le ministre. Le 4e axe de développement est relatif à la mobilisation de l'épargne longue. «Dans ce sens, le projet de loi relatif à la gestion de portefeuille pour le compte de tiers a été finalisé en concertation avec les intervenants de ce marché», relève le ministre. Ce projet de loi, qui améliore l'encadrement de cette activité devra sécuriser davantage cette activité en plein essor. Il devra également entamer prochainement son processus de validation.