Saïd Mouline Directeur de l'ADEREE Les ECO : Quelles sont les principales réalisations de l'ADEREE ? Saïd Mouline : Les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique demeurent en tête du développement stratégique énergétique de notre pays. L'objectif fixé par les pouvoirs publics est d'atteindre une économie d'énergie de 12% à l'horizon 2020 dans les quatre secteurs du bâtiment, de l'industrie, du transport ou de l'agriculture, et 42% en capacité installée en énergies renouvelables. L'ADEREE a lancé dans ce cadre, un programme national d'efficacité énergétique ciblant dans un premier temps la réglementation thermique du bâtiment, un ensemble d'audits énergétiques visant à identifier les économies d'énergies dans les différents secteurs industriels avec l'aide de la BAD, ainsi que l'accompagnement de ces secteurs par la formation et la labellisation. Je citerai aussi le Code d'efficacité énergétique dans le bâtiment, développé avec l'appui du GEF/PNUD et du FFEM, les projets de démonstration de 10 millions d'euros de l'UE, le projet de cartographie solaire et éolienne haute résolution, ou le programme d'approvisionnement et d'optimisation énergétique de plus de 70 unités sanitaires, écoles rurales en PV, Dar Talib, des internats et maisons de bienfaisance, menés avec la coopération espagnole et andalouse. Sur le plan réglementaire, la loi sur l'efficacité énergétique (loi 47-09) trace les grandes lignes d'actions visant à réduire notre consommation énergétique. Enfin, le lancement lors du SIAM, du programme national de pompage solaire dans le secteur agricole avec le soutien des Fonds de développement agricole et énergétique. Existe-t-il une coordination et une synergie entre les différents intervenants dans ce domaine des énergies renouvelables ? Nous collaborons aussi à assurer une complète synergie avec nos partenaires nationaux dans le secteur des énergies renouvelables, notamment, l'ONE, MASEN, la SIE ou l'IRESEN, où chaque institution dispose de plan d'actions et de programmes spécifiques inhérents à leurs missions. Chaque programme, activité ou action sont menés en complémentarité entre les différents acteurs. L'idée est de fédérer tous les efforts nationaux pour atteindre les objectifs stratégiques de développement des énergies renouvelables dans notre pays, qui visent globalement à créer un nouveau marché et à réduire notre dépendance énergétique qui pèse lourd sur la balance commerciale. Vous avez lancé récemment les «états généraux de l'efficacité énergétique» en vue de tracer les contours de la stratégie d'efficacité énergétique du Maroc à l'horizon 2030. Les premiers résultats de cette démarche sont prévus pour quand ? La première session du Comité stratégique des états généraux de l'efficacité énergétique, présidée par le ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, a été tenue, le 28 février dernier à Rabat. Cette première session a porté sur la présentation du contexte, des objectifs, de l'approche adoptée, de l'équipe en charge du projet, ainsi que du calendrier de réalisation. Les états généraux de l'efficacité énergétique ont pour but de dégager la stratégie d'efficacité énergétique du Maroc et de la décliner en plans d'actions à court, moyen et long termes, contribuant ainsi à la réduction de la dépendance énergétique du royaume qui importe plus de 95% de sa consommation annuelle d'énergie. Plusieurs phases sont prévues : une première phase préparatoire qui porte sur un benchmark international, un état des lieux détaillé de la consommation énergétique et une quantification du potentiel d'économie d'énergie, ainsi qu'une cartographie des différentes réalisations et mesures d'efficacité énergétique en vigueur au Maroc. La deuxième phase qui est en cours est consacrée aux débats autour de l'efficacité énergétique au Maroc et mobilisera des représentants de tous les acteurs concernés : Etats, collectivités locales, professionnels, associations et experts dans le cadre de groupes de travail sectoriels et thématiques. La troisième phase portera sur l'élaboration de la stratégie nationale d'efficacité énergétique à l'horizon 2030 et sa déclinaison en plans d'actions associés, ce qui permettra un développement durable du secteur. Finalement, une journée de l'efficacité énergétique institutionnalisée prévue en novembre 2013, viendra couronner ce processus et permettra de présenter la stratégie nationale préconisée. Pour réussir une telle démarche, vous allez faire appel à des cabinets et des consultants internationaux. Le choix des cabinets a-t-il été fait ? C'est un cabinet de conseil international, un des leaders mondiaux du conseil en stratégie qui a été choisi pour mener cette stratégie, suite à un appel d'offres international lancé par l'ADEREE en 2012. L'objectif étant la réalisation des états généraux de l'efficacité énergétique du Maroc avec l'élaboration de la stratégie nationale détaillée, associant l'ensemble des acteurs nationaux du secteur privé, public et associatif. Sur ce volet de l'efficacité énergétique, jusqu'à quel degré le secteur privé (notamment pour les secteurs cibles : Bâtiment, transport et industrie), est-il impliqué dans cette dynamique ? La participation du secteur privé reste fondamentale. Je vous rappelle que les économies d'énergie ou de production d'énergie à partir d'énergies renouvelables ne peuvent pas être atteintes sans la participation effective du secteur privé. Les programmes intégrés solaires et éoliens de 2.000 MW chacun, donnent une importance fondamentale à l'intégration industrielle. Les programmes d'efficacité énergétique dans le bâtiment, l'industrie ou le transport que l'ADEREE mène, supposent le développement ou la création de nouveaux marchés : isolants thermiques, double vitrage, moteurs électriques performants, équipements électroménagers économes en énergie comme les lampes, réfrigérateurs, climatiseurs, chauffe-eau solaires, etc...Le secteur de l'industrie reste pour sa part, fortement impliqué puisqu'un potentiel très important d'économie d'énergie subsiste, particulièrement au niveau de l'économie d'énergie thermique et électrique. Un travail est mené actuellement par l'ADEREE pour sensibiliser ce secteur à adopter des mesures simples d'économie d'énergie dont le retour sur investissement ne dépasse pas parfois les 18 mois. Avec la Commission économie verte de la CGEM et le CMPP, il y a un travail de sensibilisation de toutes les fédérations. Certaines comme la FICOPAM, la FIFAGE ou encore l'UNICOP ont déjà vu l'intérêt de la production propre en général et de l'économie d'énergie en particulier avec des retours sur investissements parfois très courts améliorant ainsi la compétitivité des entreprises.