Comme Fès, creuset de la civilisation arabo-musulmane, le festival des musiques sacrées est à la quête mystique de ces pèlerins d'antan, version moderne. De ces voyageurs de l'esprit qui traversaient quelques terres lointaines par leur démarche nomade, une certaine conception du sacré perdure à l'heure des 16 éditions de l'événement.Le festival est en chants, en rencontres et en spiritualité une longue traversée qui commence du 4 juin pour durer jusqu'au 12 juin. On y découvre les traditions de l'Asie et de l'Afrique, celles de l'Orient et de l'Occident. Y approcher les véritables patrimoines de l'humanité de ces continents si lointains est une quête qui ne s'estompe pas dans la capitale spirituelle. Cette année, les danseuses déesses du Ballet royal du Cambodge, les gestes enfantins et danseurs des Gotipuas des temples hindous de l'Orissa, les rituels soufis de Zanzibar s'installent à Bab El Makina et au Musée Al Batha et, avec eux, se solidifie la foi en un soufisme tolérant. C'est que le soufisme de l'océan Indien ou le gospel d'une Amérique noire incarnée par des noms tels que «The blind boys of Alabama», sources d'inspiration pour les musiciens contemporains se côtoieraient sous les cieux cléments de Fès. Et puis viendra Ben Harper, mixer folk, blues, gospel, rock, funk et reggae. Mythique ! De Kaboul à Constantinople, la musique des grandes cités sera également une des lumières de la programmation de ce cru. Célébrer Jérusalem, la ville aux trois religions avec Jordi Savall ou se délecter à l'ancienne musique juive de Bagdad, sont d'autres manières de découvrir la richesse et le rôle culturels des grandes cités historiques dans des sites aussi authentiques dont Fès regorge. Ainsi, Fès, à l'occasion de cette 16e édition, restera témoin de l'effervescence musicale et festive, où le sacré prête le ton à l'urbain et au contemporain. Pour sa 9e année, le festival « Fès dans la ville» investit trois scènes dans les endroits mythiques tels que Bab Boujloud, et Dar Tazi pour les nuits soufies et Ait Skato pour les concerts qui ont accueilli pour les années précédentes l'essentiel de la nouvelle scène musicale, tous genres confondus (H-kayne, Fès City Clan, Darga, Hoba hoba spirit, Mazagan). D'autre part, les complexes Al Houriya et Al Qods accueilleront les activités pédagogiques qui consistent en des expositions, ateliers et autres spectacles. Le festival est surtout le temps aux «rencontres de Fès». Après «Souffles de temps, esprits des lieux», « Les voies de la création» et «l'arbre de vie», l'édition de cette année est placée sous la sagesse «Voyage initiatique». Ainsi, une quête-voyage sera initiée suivant les intuitions inépuisables de Nadia Benjelloun, directrice de ces rencontres auprès de la fondation Esprit de Fès. De ces rencontres se dégageront cinq aspects complémentaires des confins du voyage et du sacré. Le voyage intérieur que nous faisons, le voyage dans les écritures, le pèlerinage ; devoir du croyant dans l'islam, l'exil et l'exploration s'offrent aux heureux ou malheureux, aux porteurs de découvertes et de rencontres qui, par dévotion ou par accident, feraient le déplacement du 4 au 12 juin à la capitale spirituelle.