Les Echos qouotidien : La Fédération vient de lancer un appel d'offres pour la cession des droits audiovisuels et communiquer son offre sponsoring. Vous tablez sur des rentrées de l'ordre de 150 millions de DH. Est-ce réaliste dans la conjoncture économique actuelle ? Rachid Ouali Alami : La restructuration du football national passe nécessairement par le renforcement de l'assise financière de nos clubs. Nous avons réalisé un benchmark régional. Il en ressort que les budgets des plus grands clubs marocains à l'image du Raja et du Wydad (35 millions de DH par an) sont les plus faibles au niveau de la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient. Nous ne pouvons pas exiger de nos clubs de se mettre à niveau sans leur garantir les moyens financiers, l'infrastructure nécessaire et la plateforme juridique. En ce qui concerne le sponsoring, nous avons pris le temps de concevoir une offre déclinée en quatre lots : sélections nationales, Botola, Coupe du Trône, et partenaire arbitrage. L'objectif est de séduire plusieurs catégories d'annonceurs. Tenez, par exemple, dans le secteur des télécoms, un opérateur pourrait être intéressé par le championnat, et un autre par la Coupe du Trône. Notre ambition est réaliste, si l'on sait que le championnat du Maroc (entre sponsoring et attribution des droits audiovisuels) a généré lors de la dernière saison des ressources de l'ordre de 100 millions de DH. Quels sont les arguments mis en avant pour pousser les sponsors potentiels à franchir le cap ? Notre offre définit clairement et de manière précise les droits et les engagements de chacune des parties. La refonte du football national est en marche et le spectacle est de plus en plus au rendez-vous dans nos stades. L'exemple de la dernière saison de la Botola 1 en est témoin. En dépit de la retransmission de l'ensemble des matchs sur les écrans de télévision, le public n'a pas déserté les gradins. Mieux encore : au niveau de la billetterie déclarée, on note une hausse de 30% par rapport à la saison précédente, sans oublier l'augmentation du nombre des spectateurs qui dépasse les 25%. Globalement, j'estime que le taux de fréquentation des stades a pratiquement doublé cette saison. Côté audience télé, on note également une hausse considérable des téléspectateurs de la chaîne Arriyadia. En d'autres termes, l'apport de la télévision est vital pour séduire les sponsors... Bien évidemment. Cette année, la SNRT nous a permis de vivre une situation unique. Depuis longtemps, nous avons cru que la télé tue le football. C'est loin d'être le cas. Aujourd'hui, les présidents des clubs se plaignent si les matchs ne sont pas retransmis sur les écrans. Grâce à la conjugaison des efforts de l'ensemble des acteurs et notamment de la télévision, je suis convaincu (bien que je n'aie pas encore accès à l'ensemble des chiffres) que les recettes sponsoring des clubs ont augmenté la saison dernière.La SNRT étant un partenaire historique de la Fédération, on se demande pourquoi un appel d'offres a été lancé pour la cession des droits audiovisuels sur le territoire national...Dans l'appel d'offres, nous avons bien précisé que la Fédération garde la main. En d'autres termes, ce n'est pas l'offre financière qui fera la différence en ce qui concerne la cession des droits au niveau national. La Société nationale de radiodiffusion et de télévision nous a accompagnés dans une période difficile et a fourni de grands efforts ces dernières années pour rendre le produit football national alléchant. Pour nous, la meilleure formule est de drainer plus de recettes et de garder la SNRT comme partenaire. Où en est le chantier du professionnalisme ? Sur la bonne voie. Aujourd'hui, nous n'avons plus le choix puisqu'il faut se soumettre aux règles internationales dictées par la FIFA. Certes, il y a eu certains retards, mais les principaux objectifs sont en cours de réalisation. L'un des enjeux majeurs de la refonte du football est celui de la création d'une ligue professionnelle dès la saison 2011. En ce qui concerne le statut des joueurs (professionnels et amateurs), la FIFA est intransigeante sur ce volet. Cette nouvelle disposition entrera en application le 20 juin. C'est irrévocable. Preuve en est, nous avons refusé la demande d'une dérogation d'un an venant de la part des présidents des clubs de la Botola 2. Je tiens à rappeler que ce statut mettra fin à l'hégémonie des clubs et défendra les intérêts des joueurs. Cette disposition permettra d'instaurer des relations de transparence entre les clubs et les joueurs. Je tiens à préciser que le statut de joueur sert aussi les intérêts des clubs formateurs dans la mesure où la FIFA a fixé la contrepartie financière pour les joueurs ayant profité d'une formation de 11 ans (entre 12 et 23 ans), à 2,4 millions de DH. Ce qui générera certainement du business pour les clubs formateurs. Qui sait, peut-être que nous aurons deux écoles : les clubs qui recrutent à l'image du Real Madrid et ceux qui forment à l'instar du FC Barcelone. Et le projet de code de discipline ? Nous nous sommes inspirés du nouvel arsenal de la FIFA qui prévoit des sanctions intra et extra stades tout en l'adaptant à la réalité locale. Par adaptation à la réalité locale, je veux dire un code plus sévère. Un projet de code a été adressé dans ce sens à l'ensemble des dirigeants des clubs et nous attendons leurs observations. Les premières remarques sont fort intéressantes. Ce code devra être finalisé avant le début de la saison prochaine. Quid des cahiers des charges des clubs, le projet est-il reporté à l'année prochaine ? Encore une fois, le projet des cahiers des charges a été inspiré des recommandations de la FIFA tout en l'adaptant à la réalité marocaine. Il n'y a pas lieu de parler de report. Les clubs n'ont pas le choix. Ils disposent d'une année transitoire pour être prêts pour la ligue professionnelle 2011. Ces cahiers des charges prévoient un organigramme et permettent d'instaurer de nouveaux rapports entre les clubs et la Fédération. Ils ouvrent aux clubs la possibilité de décrocher le label Fédération afin de bénéficier de son appui (1 million de DH) en ce qui concerne les centres de formation.Si le chantier du professionnalisme est sur la bonne voie comme vous dites, pensez-vous que les clubs sont prêts pour aborder cette nouvelle échéance ? Nous allons certainement vivre une période de flottement, mais au niveau de la FRMF nous avons pris nos dispositions en conséquence. Le plus important, c'est que notre football national se professionnalise. A ce titre, l'environnement juridique est vital pour rassurer aussi bien les clubs que l'ensemble des partenaires et investisseurs potentiels. Qui dit professionnalisme dit également l'arrivée des investisseurs privés... Notre ambition est d'amener les institutionnels nationaux et internationaux à s'intéresser de près au football. Nous cherchons également à drainer des capitaux privés. À ce propos, la nouvelle loi sur l'éducation nationale, à l'étude actuellement au Parlement, permettra aux clubs de passer d'un statut d'association à celui de société anonyme. À partir de là, tout est possible.