Tout est résumé dans le titre de l'article de William D. Henderson : «Three generation of U.S. lawyers : generalists, specialists, project managers»(1). Axel Jurgensen Associé et Responsable Afrique, Day One Bien que demeurant experts et spécialistes c'est un prérequis, les juristes d'entreprises doivent désormais, afin de bien répondre aux attentes de leurs directions générales et opérationnelles, devenir également de véritables gestionnaires de projets, accompagnant au plus près et de façon sécurisée la politique de l'entreprise. Cette évolution implique un changement de comportement du juriste, qui doit sortir de son bureau, aller vers ses clients, remettre en question ses propres théories et certitudes, innover et être créatif afin de trouver la meilleure solution business, celle qui englobera à la fois la recherche de performance et l'intégrité et l'éthique des affaires pour l'entreprise, selon le désormais fameux moto de Ben Heineman «High performance with high integrity»(2). Elle implique également un élargissement du champ traditionnel d'acquisition des connaissances du juriste, car au-delà des compétences techniques et juridiques, des compétences en gestion, en relation humaine, en pilotage et coordination de projets vont devoir être développées. Pour coordonner un projet, il faut en effet en comprendre l'ensemble des sujets et être capable d'interagir et de communiquer clairement avec l'ensemble des parties prenantes du projet, que ce soit l'équipe projet, son sponsor ou encore ses destinataires ou évaluateurs. Il devient donc logique qu'un juriste expérimenté puisse être à l'aise avec un certain nombre de sujets supplémentaires comme la finance, l'économie, la géopolitique, la technologie, la gestion de projet et la communication interpersonnelle notamment. L'expertise technique du juriste a d'autant plus de valeur qu'elle s'inscrit dans une approche pluridisciplinaire des enjeux de l'entreprise et de son environnement. Une révolution est bien en marche et concerne à tous les niveaux le juriste de l'entreprise, et ce, avant même qu'il devienne ou non directeur(rice) juridique. La maîtrise de son expertise, toujours nécessaire, n'est définitivement plus suffisante. L'ouverture à d'autres matières devient indispensable pour appréhender la complexité des situations de notre monde globalisé n (1) W. D. Henderson, «Three generation of U.S. lawyers: generalists, specialists, project managers», Maryland Law Review, 2011, Vol. 70, p.373. (2) B. W. Heineman Jr., «High performance with high integrity», Harvard Business Review Press, 2008.