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La mauvaise gestion des infrastructures sportives coûte des millions de DH par an à Casablanca
Publié dans La Vie éco le 22 - 09 - 2014

Plus de 80 MDH sont nécessaires pour réhabiliter les stades de la métropole n Le Conseil de la ville accuse un manque à gagner annuel de 70 MDH sur les manifestations organisées dans les stades. Les conseillers espèrent que la création de Casa Animation règlera en partie ce dossier.
La quasi-totalité des grandes infrastructures sportives de Casablanca est délabrée. Voilà la première conclusion d'une étude réalisée, il y a quelques mois, par la commission chargée des établissements sportifs au sein du Conseil de la ville. Ce rapport estime le coût de réhabilitation de ces infrastructures à 81 MDH.
La capitale économique comprend huit grands stades de football, trois stades de tennis, neuf grands centres sportifs de proximité et sept petits centres de proximité. Selon le rapport de la commission, les centres de proximité sont dans un bon état. La raison, «ils ont bénéficié, il y a deux ans, d'un programme de réaménagement mis en place par la Fondation Mohammed VI et l'INDH», explique Youssef Errkhis, président de la commission. Il en est de même pour les trois complexes de tennis (Complexe Al Amal, le Club Olympique casablancais (COC) et l'Association sportive d'Aïn Sebaâ (ASAS). «Ces derniers bénéficient d'une bonne gestion et d'un suivi en matière d'entretien», confirme M. Errkhis.
Ce sont les grands stades de football qui ne sont pas pris en charge en matière d'entretien et rénovation. Ces derniers nécessitent presque tous des travaux de réfection qui devront toucher le champ de jeu, les vestiaires, les tribunes… Pour le moment, seuls deux grands stades sur les huit ont été mis à niveau. Il s'agit du stade de Hay Hassani qui a été réaménagé par l'INDH avec un budget de 7 MDH, et celui de Hay Moulay Rachid qui a nécessité une enveloppe de 10 millions. Pourtant, «la jeunesse de cette préfecture ne profite pas de ce complexe de 5 000 places. Et pour cause, le gouverneur refuse de l'ouvrir au public, en raison du manque de sécurité dans la zone», confie Aziz Moumen, conseiller communal.
28 MDH rien que pour le complexe Mohammed V
A la tête des six autres stades nécessitant une opération urgente de toilettage, on trouve le stade Mohammed V. Pour le réaménagement de ce complexe qui se compose, entre autres, d'un stade de football d'une capacité de 80 000 places, d'une salle omnisports, d'une piscine olympique couverte, d'un centre média de 650 m2, d'une salle de conférences et d'une salle de réunions, le Conseil de la ville prévoit une enveloppe totale de 28 MDH. Une somme jugée insuffisante, puisque le changement des sièges nécessite à lui seul entre 10 et 12 MDH, sans oublier l'installation électrique, les vestiaires, la pelouse et l'écran géant qui est défectueux depuis des années. A cela s'ajoutent les installations nécessaires de caméras de surveillance et la mise à niveau des annexes.
La mise à niveau du stade Larbi Zaouli, considéré comme deuxième plus grand stade à Casablanca avec une capacité de 30 000 places assises, nécessite également une enveloppe de 9 MDH. L'état de ce complexe est encore plus alarmant. Un rapport réalisé par LPEE fait ressortir que «dans son état actuel le stade représente un vrai danger», confie le président de la commission.
Dans le même lot, on trouve également le stade Larbi Benbarek, ex-Stade Philippe. Construit en 1920, ce dernier souffre de plusieurs anomalies en matière de construction. Depuis 2006, il est donné en concession au club du Wydad pour les entraînements de ses juniors. La commission a estimé le montant nécessaire à sa rénovation à 8 MDH. Toutefois, une source proche du dossier avance que ce dernier ne fait pas partie des priorités de la ville. «Son emplacement privilégié au centre-ville fait de lui une parcelle très convoitée par les lobbies immobiliers», ajoute notre source.
A ces trois stades s'ajoutent ceux de Roches Noires et Bernoussi, dont chacun nécessite un investissement de 8 MDH, ainsi que le stade Père Jégo qui a besoin de 3 MDH pour être remis à neuf.
Pour financer ces projets, le Conseil de la ville compte sur les 60 MDH alloués par le ministère de l'intérieur dans le cadre de la nouvelle vision stratégique de la métropole dont le montant s'élève à 1,23 milliard de DH. Au regard des conseillers de la ville, il ne fallait pas attendre que cette somme soit débloquée pour s'attaquer à ce dossier, car les revenus de ces établissements restent largement suffisants pour financer les rénovations.
Le stade de football Mohammed V génère une recette annuelle de 27 MDH qui échappe totalement à la ville
L'étude réalisée par la commission évalue le manque à gagner du Conseil de la ville sur ces infrastructures sportives à 70 MDH par an. En effet, la loi fiscale relative aux communes réserve à ces dernières le droit de recevoir 15% des recettes générées par ces infrastructures, en plus des revenus dégagés par la vente des espaces publicitaires lors des évènements sportifs ou autres. «Or, la ville de Casablanca n'en tire aucun profit. Pire encore, le Conseil de la ville prend en charge le paiement des salaires du personnel de ces établissements qui sont des fonctionnaires de la commune ainsi que les factures mensuelles d'eau et d'électricité», déplore Youssef Errkhis. Il renchérit : «Rien que les factures annuelles d'eau et d'électricité du stade Mohammed V coûtent à la ville une somme de 1, 88 MDH». Pourtant, d'après la même étude, ce stade qui accueille les rencontres du derby de Casablanca, ainsi que d'autres événements internationaux, génère des recettes moyennes annuelles de 27 MDH, dont 15 millions sur la vente des espaces publicitaires au sein du stade. «Ces montants faramineux partent en grande partie dans les caisses des deux équipes casablancaises, en l'occurrence le Wydad et le Raja. Les deux équipes ne versent rien à la ville, car elles bénéficient des privilèges accordés par certains élus qui sont également membres du bureau dirigeant de ces clubs», explique Aziz Moumen.
Cependant, les conseillers gardent toujours espoir. Ils estiment que le démarrage de l'activité de Casa Animation, prévu pour le mois d'octobre, réglera en partie ce dossier. Cette société de développement local qui se chargera dans un premier temps de la gestion du stade MohammedV, le complexe Al Amal et le vélodrome de Casablanca (10 millions de DH de recettes par an), «aura plus d'autonomie et de pouvoir pour appliquer la loi, augmenter le rendement de ces établissements et faire profiter la ville des revenus qu'ils génèrent», conclut le président.


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