La part de l'essence dans les ventes a baissé de 4 points par rapport à 2011 et de 20 points par rapport au début des années 2000. Des concessionnaires liquident à moitié prix des voitures à moteur essence qui affichent 0 km au compteur. Fini les fortes hausses des ventes de voitures essence au Maroc. Comme en témoignent les chiffres détaillés de l'Association des importateurs de voitures au Maroc (AIVAM), la part de véhicules neufs carburant à l'essence dans les écoulements de 2012 a chuté à 22% (24 700 unités) alors qu'elle était de l'ordre de 26 % en 2011 (23 980 unités). La progression des ventes pour les voitures essence se limite à 2,9% contre…20% pour les voitures diesel. Pour certains modèles, l'impact est tel que les revendeurs sont obligés de brader les prix : des voitures neuves à 0 km au compteur et toujours sous la garantie maison ont vu leur prix passer de 450 000 DH à 230 000 DH. Du jamais vu ! Le parc de voitures en circulation reste quant à lui largement dominé par le diesel (80% tous segments confondus) et, comme on n'envoie pas sa voiture tous les ans à la casse, la forte augmentation du diesel ces dernières années va continuer à se faire sentir les prochaines années. Selon les professionnels, ce désenchantement est principalement lié à la récente hausse des prix des carburants à la pompe et notamment le sans-plomb. Le litre d'essence a ainsi connu une hausse de 2 DH et coûte aujourd'hui 12,24 DH. Le gasoil, quant à lui, s'est apprécié de 1 DH, passant de 7,20 à 8,20 DH. «Depuis un certain temps déjà, on constate une baisse dans la vente de nos véhicules essence. On est passé d'une répartition 60-40 en faveur du diesel dans le début des années 2000 à du 80-20 en 2010. Cette baisse a toutefois été plus prononcée après l'augmentation du prix du carburant mais également celui de la vignette», confirme Ryad Mezzour, DG de Suzuki au Maroc. Car, avant d'effectuer l'acte d'achat, le futur acquéreur opère un savant calcul pour déterminer la motorisation qui lui convient le mieux. Et dans la conjoncture économique actuelle, la tendance est aux économies. «La première question que pose généralement le client est de connaître la puissance du moteur pour avoir une idée sur la consommation», indique Soufiane, commercial chez un concessionnaire de la place. «Et quand on sait qu'à puissance égale, la consommation de l'essence au 100 km est supérieure au diesel, le choix est vite fait», ajoute-t-il. Les soucis écologiques sont ainsi relégués au second plan. Même dans le segment du luxe, le diesel prend des parts de marché Un seul segment résiste toutefois à cette tendance : celui des citadines et micro-citadines. «Il est vrai que le marché marocain est fortement diésélisé. Mais quand on analyse les ventes par segment, on se rend compte que cette proportion n'est pas respectée du côté des petites voitures», déclare Hatim Kaghat, directeur de la communication à Kia Motors Maroc. D'après les chiffres de l'AIVAM, l'essence constitue 99,5% des ventes dans le segment des micro-citadines en 2012 et 51,87% dans celui des citadines. Cela est expliqué par le fait que les micro-citadines n'existent qu'en essence (dans la quasi-majorité des cas) et ont de petites motorisations qui consomment peu et sont très raisonnables à l'entretien. Ce qui leur confère une bonne cote à la revente. Enfin, comme leur nom l'indique, ce sont des voitures à utilisation urbaine et ne sont pas conçues pour les grands trajets routiers. Il se trouve que pour les citadines, dont une bonne partie se trouve chez les conducteurs de taxis (grands rouleurs), les préoccupations financières sont aussi mises en avant. Même dans le segment luxe, le diesel gagne du terrain. Alors qu'il constituait moins de 5% il y a quelques années, sa part augmente pour atteindre les 25% en 2012 grâce notamment à l'effort de recherche et développement des constructeurs pour rendre le diesel moins sonore, plus puissant, plus plaisant à conduire et plus économe. Des constructeurs ont ainsi, au fil des années, démocratisé le diesel dans les berlines haut de gamme : Mercedes, BMW, Porsche, Jaguar… Pour l'année 2013, la tendance baissière de la vente des voitures essence risque de se confirmer, surtout que les professionnels craignent une nouvelle hausse du prix du carburant compte tenu de l'éventuel changement du système de compensation. Pire, cette baisse peut toucher tout le marché. «La croissance risque de ne pas continuer avec la même intensité», déclare Hatim Kaghat. Le blocage prévu de la LOA pour particuliers, à cause des dispositions de la nouvelle Loi de finances, en serait pour quelque chose. Sans compter le différentiel important en droits de douane entre marques européennes et marques non européennes (17,5 % d'écart) qui continuent, selon les concessionnaires de ces dernières, de biaiser la concurrence.