Plus de 4 milliards de DH de commandes dont 75% pour les entreprises de Tanger et région. Le Maroc est le deuxième pays fournisseur du groupe après la Chine. Avec plus de 100 millions de pièces commandées sur le marché marocain en 2010, le groupe espagnol Inditex se positionne manifestement comme le premier donneur d'ordre de l'industrie marocaine de la confection. Selon une estimation des professionnels du secteur, le prix moyen de la pièce est situé entre 3,5 et 4 euros, ce qui donne un volume global de commandes supérieures à 350 millions d'euros, soit près de 4 milliards de DH. Aujourd'hui, les 260 entreprises de textile de la région de Tanger réalisent entre 60 et 70% de leur chiffre d'affaires avec cette entreprise espagnole. Il y en a même qui travaillent exclusivement pour elle. La présence d'Inditex au Maroc date de plusieurs années, mais c'est surtout depuis 2009 que le groupe de La Corogne a décidé de renforcer sa présence au Maroc. Aujourd'hui, le Maroc est le second pays d'origine des approvisionnements du groupe, après la Chine. Cette évolution n'est pas due au hasard puisque le groupe espagnol était à la recherche de lieux de production situés à 24 heures de transport de ses boutiques espagnoles et à moins de 48 heures du reste de l'Europe. La concurrence de Indyco, filiale du groupe El Corte Inglès, et de Mango sur le marché de l'approvisionnement devient plus serrée Depuis la fin de l'année 2009, ses dirigeants ont mené plusieurs séries de contacts et de négociations ardues, notamment avec le ministère du commerce et de l'industrie pour obtenir son appui de principe dans sa stratégie marocaine. Ces contacts ont permis à Inditex de négocier avec la douane un couloir de transit privilégié et rapide au port de Tanger Med afin de gagner en compétitivité sur la logistique. Le groupe espagnol réalise deux types de commandes auprès des entreprises marocaines : les commandes classiques de sous-traitance et des commandes de produits finis, surtout les articles de jeans sur Casablanca. Cotée à la Bourse de Madrid, Inditex est propriétaire de huit enseignes de prêt-à-porter et d'accessoires : Zara, Pull & Bear, Massimo Dutti, Berksha, Stradivarius, Oysho, Uterque et Zara Home spécialisée dans la décoration intérieure et les accessoires, et le linge de maison. Inditex a pour projet de lancer dès septembre prochain une nouvelle enseigne dont le nom est encore maintenu secret et qui sera exclusivement consacrée à la chaussure et aux accessoires. Trois de ces enseignes, Zara, Zara Home et Massimo Dutti, sont d'ailleurs présentes dans les quartiers et les centres commerciaux de Casablanca, Rabat et Marrakech à travers des contrats de franchise signés avec le groupe Aksal. Sur le marché de l'approvisionnement au Maroc, Inditex est toutefois confrontée à une concurrence de plus en plus importante de son principal compétiteur, lui aussi espagnol, Indyco, filiale du groupe El Corte Inglès. Ce dernier a d'ailleurs ouvert un bureau en mars 2011 à Tanger. La compétition n'est pas pour déplaire aux prestataires locaux qui voient ainsi le potentiel de chiffre d'affaires augmenter. Toutefois, l'enthousiasme qui avait précédé et accompagné les premiers pas d'Inditex au Maroc en 2007-2008 commence à faire place aux premières frustrations. Après avoir négocié avec l'Amith un accord de principe sur sa politique générale au Maroc, Inditex revient régulièrement à la charge auprès de ses sous-traitants pour pousser les prix à la baisse. Certains confectionneurs commencent à se plaindre de la stratégie de négociation systématique et régulière à la baisse du prix des pièces livrées par les usines marocaines, réfléchissant à utiliser leurs machines pour d'autres produits textiles tels que le linge de maison. Pour d'autres, «ces négociations incessantes font partie du jeu commercial». D'autres, enfin, se satisfont de travailler avec un donneur d'ordre de proximité qui lui-même dépend d'autres fournisseurs dans la même zone géographique. Au niveau international, mais d'abord sur les marchés de la Chine et du Mexique, Inditex et ses marques se retrouvent depuis le début de cette année 2011 confrontée à la concurrence du groupe Compidunt sous la marque Shana, un ancien fournisseur du groupe galicien. Afin de faire face à cette concurrence croissante qui s'accompagne d'une légère hémorragie de ses cadres, Inditex a lancé en mars 2011 un programme de «rétention et de motivation» pour son «personnel-clé» qui devrait également l'aider à enrayer la légère baisse des ventes de 1,6% enregistrée sur le marché espagnol depuis le début de cette année après une diminution des ventes de 0,6% en 2010.