En 2009, ils avaient réalisé 3,7 millions de nuitées dans les hôtels classés. Leur durée moyenne de séjour est de 2,17 nuits par touriste. Les régions côtières sont plus prisées avec 52%, mais Marrakech reste en tête des destinations. En dix ans, les nuitées ont crû de 64%, soit une augmentation annuelle moyenne de 5%. Considéré comme un axe prioritaire de la Vision 2010, le tourisme intérieur a-t-il évolué dans le bon sens, et, surtout, a-t-il tenu ses promesses ? Les chiffres officiels restent mitigés au regard du potentiel existant. Certes, entre 2000 et 2009, les nuitées des touristes résidant au Maroc ont augmenté de 64%, mais leur poids dans le total des nuitées touristiques reste faible. En 2009, selon les statistiques du ministère du tourisme, les établissements d'hébergement touristiques classés ont enregistré 3,7 millions de nuitées réalisées par les locaux, soit 10% de plus par rapport à 2008. Si l'on complète ces données par celle de l'Office national marocain du tourisme (ONMT), ces dernières montrent que le tourisme intérieur représente 30% des arrivées dans les hôtels et 20% des nuitées totales, avec une durée moyenne de séjour de 2,17 jours. Le taux de croissance annuelle moyenne des 10 dernières années s'établit à 5%. Dans l'ensemble, les villes côtières restent les plus prisées par les touristes nationaux. Elles réalisent 52% des nuitées contre 35% pour les villes impériales. Le reste est partagé entre les différentes autres destinations, dont le désert et le rural. Mais en dépit de l'éloignement de la mer, Marrakech reste la star, si l'on raisonne par ville. Elle arrive en tête avec 22% des nuitées. Grâce à l'autoroute qui a permis de ramener la durée du voyage à partir de Casablanca et Rabat respectivement à 2 et 3 heures, la ville ocre attire de plus en plus de monde qui vient y passer le week-end. Agadir s'est installée en deuxième position avec 17% de nuitées. Cependant, la capitale du Souss est surtout fréquentée par les nationaux durant les vacances d'été. Peut-être que l'autoroute récemment mise en service incitera également des Casablancais et des R'batis à la fréquenter le plus souvent. La concurrence avec Marrakech reste donc ouverte. 13 millions de nuitées supplémentaires potentiellement vendables aux nationaux Suit Tanger, ville de transit par excellence, mais qui voit aussi arriver un bon nombre de nationaux durant la saison d'été, avec 11%. Curieusement, la part de Casablanca est limitée à 9%, alors que la ville accueille des nationaux de toutes les villes qui y séjournent pour affaires. Enfin, Fès et Tétouan réalisent respectivement 7% et 5%. D'une certaine manière, la hiérarchie des destinations nationales est par conséquent respectée si l'on excepte le cas de la capitale économique. Ces chiffres appellent quel-ques commentaires et, en premier lieu, sur la faiblesse de la contribution des nationaux aux nuitées. Une enquête réalisée en 2003 avait démontré que les 3/4 des Marocains qui voyagent à l'intérieur du pays logeaient chez la famille, chez les amis ou avaient recours à des locations informelles (petits hôtels non classés, appartements, maisons traditionnelles, etc.). La situation n'a pas dû beaucoup changer depuis, malgré l'intérêt porté au tourisme intérieur dans le cadre de la Vision 2010. Selon l'ONMT, «il y a un stock hôtelier important sur les catégories 3 et 4 étoiles ainsi que dans les villages de vacances et résidences touristiques qui restent invendus, soit quelque 13 millions de nuitées», qui se perdent dans la nature. Cette situation est expliquée par l'informel ou l'inadaptation des réglementations susceptibles d'y mettre fin, ou du moins de le réduire. On l'a vu, la loi sur l'immobilier locatif à vocation touristique (ILVH) n'a pas vraiment permis de déclencher un cercle vertueux auprès des investisseurs et des acquéreurs de logement dans ce cadre. En témoigne l'opération Kounouz Biladi, avec ses différentes versions, destinée à encourager le voyage des nationaux et leur hébergement dans les hôtels classés qui n'a pas vraiment donné les résultats escomptés, souvent en raison des timings mal choisis, mais aussi de l'habitude de la majorité des nationaux de ne voyager qu'une fois par an durant les grandes vacances et, enfin, du peu d'intérêt porté par les hôteliers à cette catégorie de clientèle. Il faudra sans doute attendre que les infrastructures d'hébergement spécifiquement dédiées aux touristes nationaux, c'est-à-dire tenant compte de leur mode de vacances (studios avec cuisine) et de leurs ressources, programmées dans le cadre du plan Biladi deviennent une réalité pour voir la part des nationaux augmenter. Ce dernier prévoit la construction de 30 000 lits dans 7 stations et le moins que l'on puisse dire est qu'il a pris du retard. Seulement 3 sites ont été concédés. Il s'agit d'Ifrane (5 760 lits) et Sidi Abed à El Jadida (5 700 lits) concédés au groupe CMKD et Immi Ouddar-Agadir (7 416 lits) à la Compagnie générale immobilière (CGI). Les quatre autres (Benslimane, Mehdya, Nador et Marrakech) sont toujours en cours de lancement. Selon le calendrier initial, la livraison des stations doit s'étaler entre septembre 2010 et 2015.