Après coup de Mr. Et-Tayeb Houdaifa Les commissariats de police ont beau prendre le nom rassérénant d'arrondissements, ils demeurent perceptiblement des lieux effarouchants.?J'en puis en témoigner. Ayant, la semaine dernière, égaré une carte bancaire, je me suis présenté, comme il se doit, à l'un d'eux. Dès l'abord, je suis pris à la gorge par une odeur aigre, révulsé à la vue de murs pisseux, de portes de bureaux aussi grises que rébarbatives et de parterre jonché d'improbables détritus. J'ai envie de prendre mes jambes à mon cou; l'œil torve du cerbère de service m'en dissuade.'Je me retrouve dans un vestibule étriqué. Témérairement, je m'avance vers un bureau. Son occupant, absorbé dans sa lecture de feuilles turfistes, m'ignore ; je m'incruste ; il finit par s'apercevoir de ma présence. D'un ton agacé, il s'enquiert du motif de mon intrusion. Après quoi, il me désigne, d'un geste las, une chaise branlante, puis m'oublie. Les minutes s'égrènent. Je n'en peux plus de poireauter. Il s'en rend compte, cherche longuement comment se désencombrer de ma personne, et trouve. Au rez-de-chaussée, je suis expédié, et entre les mains d'un trio mal luné abandonné. A sa décharge, je dois avouer que je suis tombé comme un cheveu sur la soupe au milieu d'une controverse footballistique. Un malabar se détache du petit groupe ; je me fais tout petit ; il me somme de justifier cette insolente interruption ; je m'exécute ; alors, il me refile à un de ses collègues, censé se trouver au 2e étage. Il n'y est pas. J'entre dans une rage folle, que je m'évertue à contenir avec peine. Pestant intérieurement contre les flics tire-au-flanc, je me dégage de ce lieu étouffant.