L'Internet et les chaînes satellitaires peuvent avoir un impact négatif sur les enfants si les parents ne sont pas vigilants. Il faut expliquer avec des mots simples avec lesquels on se sent soi-même à l'aise Banaliser la sexualité aide les enfants à parler en cas de problèmes comme un viol ou un attouchement Bouchaïb Karoumi, Pédopsychiatre : L'Internet et les chaînes satellitaires peuvent avoir un impact négatif sur les enfants si les parents ne sont pas vigilants. Les choses de la sexualité font partie de l'éducation, il ne faudrait pas attendre que l'enfant pose des questions pour lui donner des explications, d'autant qu'actuellement il y a plus d'inquiétude chez les parents étant donné la multiplication des agressions sexuelles dont on entend parler tous les jours, et la déférlante des moyens de communication comme l'internet et la télé. Les parents doivent prendre l'initiative pour ne pas laisser d'autres le faire à leur place. L'internet et les chaînes satellitaires peuvent avoir un impact négatif sur les enfants si les parents ne sont pas vigilants et n'essaient pas d'aborder le sujet avec leurs enfants. Encore faut-il savoir de quelle manière, avec quel langage et à partir de quel âge. Il n'y a pas de réponses ou de solutions magiques. Le langage doit en tout cas être simple et adapté à la situation de l'enfant et à son âge pour qu'il puisse appréhender et assimiler les informations sur la sexualité. Il y a beaucoup d'inquiétude de la part des parents par rapport à cela, et il n'y a pas de conduite précise à tenir vis-à-vis de ce sujet. Par curiosité, les enfants posent des questions, d'une manière spontanée, il faut dans ce cas saisir l'occasion et essayer d'y répondre pour expliquer aussi les risques. Le danger vient des informations erronées que les jeunes colportent entre eux, mais également de certains sites et chaînes satellitaires qui donnent un aperçu déformé sur la sexualité. Selma Belghiti, Psychologue clinicienne : Il faut expliquer avec des mots simples avec lesquels on se sent soi-même à l'aise Il faut surtout comprendre ce que veut dire la sexualité pour l'enfant. Il ne s'agit absolument pas de ce que les adultes peuvent se représenter ou vivre de leur propre sexualité mature. Pour l'enfant, nous parlons de questionnements existentiels qui se rapportent à son identité sexuée (qu'est-ce qu'un garçon, et qu'est-ce qu'une fille ? Qui suis-je ?), à ses origines (d'où je viens ? Comment fait-on les bébés ?) et à l'interdit fondamental de l'inceste. Cela dit, il n'y a pas d'âge idéal pour parler de sexualité. Chaque âge a ses caractéristiques et engendre des questionnements différents. Il faut garder en tête que l'enfant pose des questions pour mieux comprendre ce qui se passe en lui et pour lui. A l'opposé, si on élude ses questions, il ira chercher des informations n'importe où (cours de récréation, livres peu recommandables, etc.) et sera mal informé sur ce qui lui importe. Les parents doivent répondre à ces questions en utilisant des mots simples, avec lesquels eux-mêmes se sentent à l'aise et qui sont adaptés à l'âge de l'enfant. Cela dit, aujourd'hui, la médiatisation des affaires de pédophilie a fait prendre conscience aux parents de la nécessité de parler de sexualité. Mais, il ya une chose à éviter : ne pas assimiler la sexualité au danger. Les questions liées au corps doivent être abordées dans différentes circonstances et pas seulement pour mettre en garde. A l'occasion par exemple des divers soins corporels, les parents peuvent apprendre à l'enfant que son corps lui appartient et que les adultes ne peuvent pas y avoir accès, comme le toucher de façon intime. Chafik Chraibi, Gynécologue et président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin : Banaliser la sexualité aide les enfants à parler en cas de problèmes comme un viol ou un attouchement L'éducation sexuelle doit commencer à l'école dès la première année du secondaire, mais parallèlement elle doit avoir lieu dans la famille, les associations… Cela pour faire connaître aux enfants leurs corps et éveiller leur conscience et leur vigilance sur certains risques comme l'inceste, les grossesses hors mariage, ou encore les maladies sexuellement transmissibles (MST). Si on parle tôt de la sexualité aux enfants on lèvera les tabous qui l'entourent et l'on vaincra la honte d'en parler. Si on banalise la sexualité, les enfants seraient encouragés à livrer leurs secrets. Quand un enfant est violé, au lieu de le cacher il osera en parler. Je l'ai toujours dit lors des conférences et séminaires que j'organise. D'abord la prévention et l'éducation. On connaît le sort d'une jeune fille qui tombe enceinte, engrossée par le cousin, voire le frère, le père ou un inconnu, c'est l'opprobre et la mise au ban de la société. C'est ensuite la rue avec tous ses vices : la prostitution, la drogue, la mendicité… Soyons clairs : il faut que la sexualité devienne un sujet de débat national. Il faut l'insérer dans les programmes scolaires et dédier une matière exclusivement à l'éducation sexuelle. La sensibilisation au sein de la famille ne suffit pas, et tous les parents n'oseront pas le faire, à cause de la culture et des traditions.