Entre la ville d'Agadir et la station touristique de Taghazout se niche tout un pan économique se nourrissant du bananier. Ses retombées sur la région rivalisent avec le tourisme. Douce, sucrée et d'une texture crémeuse, la banane d'Aourir dans la région d'Agadir n'a pas son pareil sur le plan gustatif. Ce qui fait d'elle un produit recherché par les habitants et les visiteurs de la destination. Produite localement, cette banane pousse sur un grand nombre d'hectares dans ce village à environ 10 km au nord d'Agadir, entre les communes d'Anza, à la périphérie nord, et de Taghazout, la station balnéaire. Le fruit est même un pilier de l'économie locale. Depuis les années quarante, la culture du bananier en plein champ est considérée comme l'activité principale des agriculteurs de Tamri et Tamrakht, sachant que les premières souches de cette culture sont d'origine des îles Canaries. «Dwarf Cavendish», variété dominante Grâce à sa production assez importante et ses revenus, le banaier a été cultivé par les agriculteurs de la région sur ces terres des plus favorables et des plus fertiles de cette contrée. Les périmètres issus des deux vallées (Tamri et Tamrakht) représentent en effet les seuls endroits où une agriculture intensive est possible. Dans ces zones, le climat est particulièrement adapté pendant une grande partie de l'année. La région offre un taux d'humidité adéquat favorisé par les courants océaniques atlantiques. La température qui oscille entre 25 et 31 degrés pendant notamment la saison chaude est adaptée à la culture de la banane. En saison froide, le système de nébulisation est nécessaire. Mais le fort ensoleillement dont bénéficie le village d'Aourir facilite l'épanouissement de la banane localement dans des terres enrichies en oligo-éléments, ce qui contribue à la sauvegarde de la culture du fruit, conduite de manière traditionnelle pour produire des bananes sans utilisation de produits phytosanitaires. Seuls le compost et le fumier sont utilisés pour reconstituer les sols, selon les acteurs locaux. Cela donne une banane petite et charnue d'une saveur douce. C'est la «Dwarf Cavendish» qui constitue la variété dominante des bananes produites au Maroc, principalement cultivée dans le village d'Aourir et ses environs. Tout au long de l'année, le fruit est récolté encore vert et stocké à température variable chauffée au gaz pour atteindre la maturité avant d'être acheminé vers les détaillants. La production locale approvisionne toute la région d'Agadir et même les provinces du sud. Des grossistes fournissent le produit jusqu'à Laâyoune. La culture de banane a généré tout un écosystème d'intervenants au nord d'Agadir et bien au-delà. Du producteur au détaillant, en passant par le grossiste, sans parler des transporteurs, la petite banane a créé beaucoup d'emplois. Selon un acteur de la filière, il y aurait dans les zones de production de la région d'Agadir quelque 200 producteurs et une trentaine de commerçants au détail à Aourir. Un label local C'est au bord de la route sur le chemin des plages que s'alignent les marchands de bananes à Aourir. C'est devenu une habitude pour tous à l'aller ou au retour de s'arrêter pour s'approvisionner en bananes. Au prix de 8 à 9 DH le kg en moyenne, ce fruit du terroir, devenu un label de la localité, est bon marché comparativement aux origines concurrentes d'Afrique et des îles Canaries. Mais les commerçants regrettent le temps où leur activité était plus rentable et la petite banane d'Aourir vendue à un prix plus rémunérateur. La mise en valeur des périmètres de production est freinée par plusieurs contraintes naturelles, économiques et sociales : la non-maîtrise de l'aspect post-récolte par les agriculteurs et les commerçants, ainsi que la chute des prix au cours de ces dernières années qui affecte la rentabilité économique de la culture. La succession des années de sécheresse en est une autre qui nécessite des actions pour mieux maîtriser les ressources en eau. Les périmètres concernés étant caractérisés par une pluviométrie moyenne d'environ 227 mm avec une forte irrégularité entre les années, alors que les ressources en eau de ce périmètre sont essentiellement souterraines, constituées généralement par la nappe alluvionnaire, alimentée par les infiltrations des eaux du barrage Moulay Abdallah. Cependant, un avenir meilleur attend cette activité. En effet, le programme sur lequel travaille actuellement le ministère de l'Agriculture à travers l'Office régional de mise en valeur agricole du Souss-Massa (ORMVA SM), en partenariat avec des associations locales, est de nature à apporter des réponses à ces contraintes et favoriser l'évolution de cette culture. Le projet est à un stade très avancé. La finalité, pour une meilleure valorisation du produit, est d'aboutir à terme à la labellisation de la banane locale.