Lesieur a vendu l'intégralité des parts de la société. Coût de la transaction : 253,6 MDH. Produits d'artisanat, détergents et emballage : Mutandis ne compte pas s'en arrêter là . Moins de vingt mois après avoir démarré son activité, Mutandis, la société d'investissement fondée et gérée par Adil Douiri, a acquis sa sixième entreprise, en mettant la main sur CMB plastique, à l'issue d'une opération de placement compétitif auquel plusieurs opérateurs industriels et institutionnels ont participé. A l'origine fruit d'un partenariat entre la société des Brasseries du Maroc et la financière d'emballage, CMB plastique, filiale du groupe Ona et qui est restée dans son giron, après la cession des Brasseries, était jusque-là entièrement détenue par Lesieur Cristal. Cette «grosse PME», née en 1998, s'est imposée comme un leader sur le marché des bouchons en PVC (polychlorure de vinyle) et préformes en PET (polyéthylène téréphtalate), devenant ainsi le principal fournisseur local des principales entreprises produisant des aliments liquides et utilisant ce type de conditionnement (boissons gazeuses, huile de table, eaux minérales…). Aujourd'hui, CMB plastique réalise un chiffre d'affaires (corrigé) de 240 MDH. Cela n'a pas empêché Lesieur de s'en désengager, poursuivant en cela sa logique de recentrage sur ces métiers de base qui l'avait amenée, au cours du premier trimestre de l'année en cours, à céder son activité de détergents au même Mutandis. Un potentiel de développement à l'export Le fonds d'investissement qui réalise, là, une de ses plus belles opérations depuis sa création en mars 2008, prend donc pied dans un secteur nouveau. Pour quel objectif, sachant que les possibilités de synergies avec ses différentes acquisitions restent limitées ? Jusque-là, en effet, hormis une opération de placement financier qui avait débouché sur une prise de participation conjointe avec Omar Kabbaj (Bourchanin, Interedec) de 9% du capital des Brasseries du Maroc, Mutandis s'était attelée à développer des activités ayant une complémentarité entre elles. Ce fut le cas du holding Fenyadi (littéralement «art de ma main») regroupant les participations majoritaires (67% et plus chacune) opérées dans trois entreprises d'artisanat à fort potentiel : Amira Bougies, pour la bougie décorative, Akkal (poterie et céramique de luxe) et Via Notti (linge de maison). La même logique avait présidé à l'acquisition, il y a un an, auprès de la famille Amhal, de Distra, entreprise de détergent (marque Wash, Magix et Nexx) à laquelle elle avait rajouté par la suite l'activité détergent liquide (eau de javel et désinfectant ménager), connue sous la marque Maxi's et acquise auprès de Lesieur. Cette question de «cohérence», basée sur ce que Adil Douiri appelle un build-up sectoriel et qui vise à atteindre une masse critique au sein d'un secteur d'activité donné ne semble pas déranger le fondateur de Mutandis dans le cas de CMB. «L'entreprise dispose d'un potentiel de croissance intéressant, notamment à l'export, elle pourrait donc rapidement prendre une autre envergure». M. Douiri pense notamment au marché africain, l'entreprise ayant déjà eu l'occasion de décrocher quelques commandes en Tunisie et en Libye, par le passé. «Ces opérations étaient sporadiques, il s'agit maintenant de rendre structurelle leur participation au volume d'affaires de CMB. Mais il n'y a pas que l'export, le marché local reste encore faiblement investi en emballages de type PET», se réjouit M. Douiri qui ajoute que l'enjeu à venir sera dans le marketing. «Elle a les moyens de fournir du design innovant». Précision : le management de la société n'a pas changé, «pour la simple raison qu'elle est très bien gérée», poursuit M. Douiri. A ce potentiel de développement, on pourrait sans doute ajouter le fait que l'entreprise qui opère dans un créneau assez capitalistique n'a qu'un seul concurrent industriel local, aussi bien sur le segment des bouteilles en PET (Artenius) que sur celui des bouchons en PVC, détient les deux tiers de parts de marché et connaît un taux de rentabilité nette assez intéressant, au regard des ratios dans l'industrie, puisqu'il tourne autour de 10%. Dans tous les cas, l'acquisition de CMB Plastique cadre bien avec les objectifs du fonds d'investissement qui se définit comme un «accélérateur d'entreprises» et qui vise des participations majoritaires dans des entreprises industrielles. Et pour la suite ? M. Douiri reste discret sur les opérations à venir. Dans un précédent article (www.lavieeco.com) nous avions fait état de la volonté du fonds de faire une incursion dans le secteur de l'agroalimentaire. «Les négociations sont en cours avec deux opérateurs», souligne le patron de Mutandis. Il faudra sans doute aller chercher des fonds supplémentaires. En effet, après avoir épuisé les 777 MDH de son capital de démarrage (voir encadré), Mutandis a bénéficié d'un apport d'argent frais, aussi bien de la part de ses actionnaires originels que de nouveaux entrants dans le tour de table. Son capital est donc passé à 1,1 milliard de DH et «la porte n'est pas fermée à de nouveaux opérateurs», affirme Adil Douiri.