La consommation durant les 4 premiers mois n'a évolué que de 3% contre une moyenne de 7,5% durant les cinq dernières années. Le bon niveau de remplissage des barrages permet de profiter des apports de l'énergie hydraulique. Après deux années de craintes, retour à la normale en matière de production électrique. Malgré la forte demande sur l'énergie que connaît traditionnellement la période estivale, pour cet été 2009, le pic ne sera pas très fort et ne dépassera pas, en tout cas, la capacité installée et, du coup, le spectre des délestages semble s'éloigner. C'est du moins ce qui est aujourd'hui affirmé par la direction de l'électricité et des énergies renouvelables au ministère de l'énergie et des mines. Il faut en effet rappeler qu'au cours des années 2007 et 2008, la probabilité d'une insuffisance de production a été très élevée, du fait de la concomitance de plusieurs éléments. D'abord, un retard d'investissement, qui a généré un faible accroissement de capacité, ensuite une demande en forte évolution, se situant, en progression annuelle, entre 7 et 9%, selon les saisons et les régions, du fait notamment de la croissance économique mais également des effets du programme d'électrification rurale généralisé (PERG). De fait, depuis l'été 2007, la marge de réserve du Maroc était érodée et l'équilibre a été maintenu à bras-le-corps, en recourant très fréquemment à l'interconnexion avec l'Espagne, alors que cette solution n'était à la base qu'une alternative permettant d'optimiser les coûts. Résultat, au cours de l'été 2008, des actions coordonnées avec les industriels (effacement en heure de pointe) ont permis d'éviter les coupures. Ce ne fut pas le cas, en novembre de la même année, lorsque, le 3 novembre, le Maroc a été amené à déclencher le Plan de préservation du système électrique (PSE), du fait de travaux de maintenance sur l'interconnexion. Aujourd'hui, et pour le reste de l'année semble-t-il, le risque semble écarté. A la base de ces prévisions optimistes, deux éléments essentiellement. D'abord, l'évolution de la demande qui, cette année, semble être sur un rythme moins important que d'habitude. En effet, selon la direction de l'électricité (ministère de l'énergie), la croissance de la consommation est en nette décélération par rapport à l'année dernière et aux cinq dernières années. Ainsi, à fin avril 2009, la consommation a augmenté de 3% seulement par rapport à avril 2008 tandis que la croissance moyenne observée entre 2004 et 2008 avoisinait les 7,5% par an. Pourquoi une telle baisse ? Pour le ministère de l'énergie, l'explication est double. Il y a d'abord le Plan national des actions prioritaires (PNAP) lancé au début de l'été 2008 et qui commence à donner ses fruits en termes de réduction de la consommation. Mais d'un autre côté, il y a aussi et surtout le ralentissement de l'activité industrielle dû aux effets de la crise mondiale. Deux nouveaux sites de production sont en cours de test A côté des tendances de la consommation, l'autre facteur sur lequel se base le ministère pour faire ses prévisions optimistes pour cet été réside dans le renforcement en cours des moyens de production. Pour cette année, la bonne nouvelle est qu'une production additionnelle conséquente proviendra des installations hydrauliques grâce aux réserves importantes enregistrées dans les barrages. Selon les premières estimations du ministère, l'apport de l'hydraulique s'établira entre 700 et 900 MW. En fait, il s'agit là plus d'une capacité de réserves en cas de besoin. Et tout semble indiquer que l'ONE n'aura peut-être pas besoin d'y puiser. C'est que, parallèlement, l'office est en cours de mise en service de plusieurs autres installations à travers le pays qui totalisent quelque 1 060 MW en tout. Figurent en tête de liste deux sites actuellement en cours de tests, selon le ministère et qui sont le groupe de trois turbines à gaz de Mohammédia d'une capacité de 300 MW et du groupe diesel de Tan Tan d'une capacité de 116 MW. A cela, il faut ajouter le parc éolien de Tanger d'une capacité totale de 140 MW et dont la livraison se fait actuellement de manière progressive au fur et à mesure que les éoliennes sont livrées. Et, enfin, le gros morceau revient à la centrale électrique thermo-solaire d'Aïn Beni Mathar dont la capacité s'élève à 472 MW et qui, elle aussi, est en phase d'achèvement et de tests. A côté de ces grandes installations, d'autres de moindre importance sont également en cours de mise en service comme le complexe hydro-électrique de Tanafnit-El Borj sur l'oued Oum Errabî d'une capacité de 40 MW. Toutes ces installations, assure-t-on au ministère de l'énergie, seront parfaitement opérationnelles avant la fin de cette année, ce qui explique donc l'optimisme des autorités quant à la capacité de l'Office national de l'électricité de faire face au pic de la saison estivale. D'autant plus que, en termes d'appoint, le réseau électrique peut toujours faire appel à l'interconnexion. En 2008, environ 7% de l'énergie électrique consommée provenait de l'interconnexion. Pour les quatre premiers mois de 2009, le ministère ne fournit pas de chiffres, mais se contente d'indiquer qu'elle est nettement inférieure. «L'idéal pour nous est que nous puissions utiliser l'interconnexion dans le cadre d'arbitrage économique et non pas de manière systématique pour compléter la consommation», explique le directeur de l'énergie électrique, Abderrahim El Hafidi. En tout cas, ce dernier est catégorique : pour l'été 2009, le spectre des délestages ne va pas planer sur le tissu industriel sauf incident imprévu. Et même dans ce cas, la puissance provenant de l'hydraulique sera toujours en mesure d' y parer.