Le rapport de la Banque mondiale publié récemment affirme que les changements induits par le climat sur l'agriculture pluviale pourraient entraîner l'exode rural de plus de 5% de la population marocaine, d'ici à 2050. La sécheresse qui frappe le Maroc de plein fouet a poussé les experts de la Banque mondiale à se lancer dans des projections qui donnent froid dans le dos. Le changement climatique devrait stimuler l'exode rural en raison de la raréfaction de l'eau. La migration climatique devrait augmenter au cours des trois prochaines décennies, avec un nombre de ruraux qui choisiraient de se déplacer pouvant atteindre 1,9 million, soit 5,4 % de la population totale.Le rapport tire la sonnette d'alarme sur le stress hydrique. Il souligne que le Royaume se trouve dans une zone à haute vulnérabilité climatique. Il est l'un des pays les plus pauvres en eau au monde et se rapproche rapidement du seuil de pénurie absolue fixé à 500 m3 par personne et par an. Vulnérabilité des cultures L'agriculture pluviale (bour) est particulièrement vulnérable aux sécheresses et à la pénurie d'eau alors qu'elle représente encore 80% de la superficie cultivée du pays et emploie la majorité des travailleurs agricoles. A titre d'exemple, la filière oléicole, qui représente la principale espèce fruitière cultivée au Maroc avec 65 % de la superficie arboricole nationale, assure plus de 51 millions de journées de travail par an, soit l'équivalent de 380 000 emplois permanents. Dans un souci de sécurisation de l'agriculture pluviale qui reste un pilier de la sécurité alimentaire en milieu rural, le Maroc doit revoir de fond en comble sa politique agricole, et adopter des choix de développement hydro-agricole adaptés à la nouvelle situation climatique. Assurer le suivi des programmes Dans ce sens, plusieurs mesures liées au lancement du programme d'irrigation pour la saison en cours ont été prises dans les périmètres irrigués de Loukkos, la plaine du Gharb et Tafrata. Une quantité temporaire d'eau a été allouée au lancement de la campagne agricole en cours, dans l'attente de l'amélioration des stocks des barrages agricoles à Massa, Moulay Ali Cherif et Moulouya. L'opération d'irrigation a été définitivement arrêtée dans les régions de Doukkala, Tadla, Al Haouz, Issen, Drâa, la plaine de la Moulouya, Tafilalet et Baht, dans l'attente de l'amélioration des stocks des barrages. La superficie totale qui devrait être cultivée dans les circuits d'irrigation dans le cadre du programme annuel des cultures irriguées pour la saison agricole en cours s'élève à 417 000 hectares, tout en suivant de près et en permanence le développement de la situation hydrique au niveau de tous les bassins, afin de programmer et revoir les quotas d'eau alloués à l'irrigation des périmètres irrigués et pour les programmes de cultures. La tutelle a également œuvré pour restreindre les superficies de certaines cultures (notamment maraîchères et fourragères) dans l'attente de l'amélioration des stocks des barrages, d'adopter l'irrigation complémentaire selon les régions et les disponibilités en eau, et d'assurer le suivi de la mise en œuvre des différents programmes et projets liés à l'irrigation. Le gouvernement travaille également sur l'accélération du rythme de construction de petits barrages et de bassins collinaires dans différentes régions du Royaume. Outre la protection contre les inondations, les barrages collinaires assurent les besoins en eau pour l'irrigation et l'élevage, ainsi que la reconstitution des eaux souterraines.