La Gare routière Oulad Ziane a connu depuis son inauguration bien des remous et des changements qui n'ont toujours pas été au service des transports, voire qui nuisaient énormément à ce secteur vital... L'anarchie était un certain temps tel qu'on avait l'impression que ce n'était qu'un hangar ouvert à tout transporteur à la recherche de stationnement. Une billetterie incontrôlable, à l'image d'un trafic sans limites ni critères, qui s'organisait souvent en apparence à l'intérieur de la gare routière mais se faisait beaucoup plus à l'extérieur, sur la route... Une bâtisse imposante où régnait un désordre inoui qui perdait les voyageurs entre la terreur des courtiers et la tyrannie de certaines pseudo-sociétés de transport... Et ça tournait ainsi, jusqu'au jour où la décision de restructurer la gare routière était tombée comme un couperet. On allait en finir alors avec le chaos qui régnait à Oulad Ziane, et avec le désordre et le non-respect des destinations et des horaires. Les cris du genre «Blassa, Blassa», les sommations telles «Khallass terkeb», et les conseils du genre «tsenna lhih» se sont tus et pour de bon. On entamait alors une nouvelle ère, avec une administration rigoureuse, un contrôle strict, des horaires fixes, des places limitées pour chaque catégorie de transport, des entrées et sorties contrôlées... Enfin, l'ordre. Certains transporteurs, adeptes de désordre, ont choisi de quitter la gare routière et d'élire domicile dans certaines rues et boulevards de la ville, faisant fi du dérangement et de tous les désagréments qu'ils causaient aux habitants des quartiers où ils ont relancé leur activité. Mais là, c'est une autre paire de manches, du désordre qui caractérise encore, malgré tous les efforts déployés dans ce sens, le secteur des transports à Casablanca. Pour revenir à la Gare routière Oulad Ziane, qui retrouvait son éclat et sa renommée d'antan, la joie de cette nouvelle structuration a malheureusement été d'une courte durée, puisque dans le cadre des mesures préventives qui visaient à faire face à la propagation de la pandémie et avec le confinement et l'interdiction des voyages même en interne, il a été décidé de suspendre l'activité du transport et de procéder à la fermeture, jusqu'à « nouvel ordre », de la plus grande gare routière au Maroc. Une décision qui n'a pas fait de contents, du côté des transporteurs qui se sont quand même conformés dans le cadre de la mobilisation générale pour la lute contre la pandémie et le respect total des mesures préventives alors décidées. Et la fermeture, annoncée au début jusqu'à nouvel ordre, aura duré un peu plus d'un an. En effet, au bout de cette période, (très longue et lourde de conséquences aux yeux des professionnels du transport), et avec une timide reprise que connaissaient d'autres secteurs, la Gare routière Oulad Ziane de Casablanca a procédé à la réouverture de ses portes pour accueillir les professionnels du secteur et les clients et retrouver son dynamisme et son plein d'activité. La gare routière a ainsi commencé à accueillir aussi bien les autocars qu'un grand nombre de clients, une scène qui augure du début d'une nouvelle étape où le respect des mesures barrières reste en vigueur. Depuis la réouverture, toutes les mesures de prévention contre la Covid-19 recommandées par le Comité scientifique sont rigoureusement respectées, notamment les règles d'hygiène générale, le nettoyage, la distanciation physique ou encore le port de masque obligatoire pour l'accès à la gare routière ouvert d'ailleurs aux seuls voyageurs munis de leurs tickets. Le nettoyage et la sécurisation des locaux sont également assurés 24h/24h et 7/7 et l'ouverture des portes de la gare routière se fait à 4h30 du matin et la fermeture à 23h00, et conformément à la décision du gouvernement instaurant le couvre-feu à partir de cette heure. D'autre part, et dans le but d'inciter les voyageurs à respecter les mesures de prévention une large campagne de sensibilisation à été lancée auprès d'eux. Il est à rappeler que la réouverture de la gare routière qui intervient dans une conjoncture exceptionnelle marquée par la forte demande des citoyens en matière de déplacements, à l'approche de l'Aid Al Adha, pour rejoindre leurs proches dans différentes régions du Royaume, a été décidée en tenant compte du besoin des professionnels du transport qui n'ont pas travaillé durant plusieurs mois à cause de la prolifération du Coronavirus. Il demeure toutefois nécessaire de se conformer aux mesures préventives en vigueur pour faire face à cette crise. La réouverture de la Gare routière Oulad Ziane a été accueillie avec beaucoup de satisfaction par plusieurs professionnels et usagers dont certains, rencontrés aux guichets, sur les quais ou aux portes de la gare, ont exprimé leur joie de pouvoir revenir à cet espace et d'y entamer leurs voyages vers différentes destinations et pour différentes raisons, dans l'ordre, la sécurité et la salubrité. La Gare routière Oulad Ziane est installée sur plus de 4 hectares et accueille jusqu'à 20 000 voyageurs par jour et plus de 800 autocars y transitent quotidiennement. Elle compte en plus des guichets et des quais, un arrondissement de police, une administration communale, des locaux commerciaux, une pharmacie, une station-service, huit blocs sanitaires, ainsi qu'une régie destinée à percevoir les produits de la gare. Il est à rappeler enfin que cette décision de réouverture a été prise à l'issue d'une réunion tenue en présence du gouverneur de la préfecture d'El Fida Mers Sultan, d'un représentant de la Commune de Casablanca, des représentants des ministères du transport et de la santé, ainsi que des services de police et des professionnels du transport. Ce qui était frappant dès les premiers jours de réouverture, c'est surtout l'affluence des voyageurs venus en grand nombre et l'ordre qui règne dans les différentes étapes du voyage de l'accueil à l'accès au quai, en passant par l'achat du billet, l'orientation et l'assistance du voyageur. Reste juste à espérer que ça ne soit pas qu'un excès d'enthousiasme et que cet ordre deviendra habitude.