Beaucoup de bailleurs vont libérer le cash détenu dans leurs murs commerciaux. Le marché sera mécaniquement plus liquide. L'immobilier commercial a toujours été considéré par les investisseurs comme l'un des actifs les plus résilients, même en temps de crise. Mais depuis la pandémie, ce segment n'a pas non plus été épargné. A ce stade, la majorité des investisseurs quels qu'ils soient doivent avoir un avis très circonspect sur l'immobilier commercial comme véhicule d'investissement dans leur stratégie patrimoniale. Une chose est cependant sûre, les investisseurs n'ont pas tous la même stratégie : certains privilégient un attentisme prudent, sans pour autant remettre en cause l'attrait pour ce type de biens, tandis que d'autres y voient l'opportunité d'acquérir davantage des actifs à usage commercial dans une période moins concurrentielle. Est-ce le moment d'investir dans l'immobilier commercial, la pandémie serait-elle vecteur d'opportunités d'investissement ? «Les investisseurs les plus avisés savent que c'est en temps de crise que l'on réalise les meilleures opportunités d'investissements. L'impact économique et social de cette pandémie va entraîner la fermeture de nombreux commerces, qui à son tour va amener de nombreux bailleurs à libérer le cash détenu dans leurs murs commerciaux, ce qui va mécaniquement rendre le marché plus liquide», souligne Jérôme Carrère, managing partner de Camus Solutions Immobilières, spécialiste de l'immobilier commercial. Et d'enchaîner : «Les locataires, pour leur part, devraient se rabattre sur des emplacements à très fort potentiel de flux, pour sécuriser leurs investissements. Nous nous attendons à un certain regain d'intérêt de leur part pour des centres commerciaux bien conçus et adaptés aux nouveaux modes de consommation. Il y aura donc des opportunités à la fois transactionnelles mais aussi pour de nouveaux centres». Ceci dit, au vu du contexte actuel, l'accélération de la digitalisation des modes de consommation depuis la crise Covid-19 pourrait, in fine, selon des observateurs, fragiliser les fondations du modèle économique des acteurs du secteur, que ce soit les enseignes ou les bailleurs. Selon M.Carrère, «le confinement appliqué à l'échelle mondiale a provoqué une modification profonde dans les habitudes de consommation du grand public. Les restrictions commerciales ont conduit à un mouvement des plus logiques : le public s'est tourné vers le commerce en ligne pour satisfaire ses besoins». D'un point de vue stratégique, deux actions clés sont à envisager pour s'inscrire dans le nouveau paradigme que laisse entrevoir le monde post Covid-19. Selon l'expert, à court terme, il faut proposer des modèles de distribution efficaces et adaptés aux attentes des e-shopper. Tandis qu'à moyen terme, il faudrait repenser le côté attractif du point de vente physique. Pour ce faire, il faudrait revoir l'expérience du client en déterminant les possibilités technologiques capables de séduire. En toute logique, le magasin physique doit se reformer. En ce qui concerne les centres commerciaux et les bailleurs, il est dans leur intérêt de soutenir les enseignes dans leurs démarches de digitalisation. Comment valoriser ce type de bien à la vente ? Le bail est un élément important pour vendre, car il permet aux investisseurs d'avoir une visibilité précise sur la rentabilité. Les deux principales problématiques pour la vente d'un local vide sont : Quel sera le montant de la location que pourra en espérer le futur propriétaire? L'activité du futur locataire sera-t-elle viable ? Proposer un local occupé, avec un bail et un locataire en place, est donc un avantage certain. Un local occupé se vend toujours plus cher qu'un local vide. Le bail commercial est très précis, il protège en tous points le propriétaire du local et lui permet de valoriser son bien.