L'hydroélectricité permet de remédier à la variabilité des énergies solaire et éolienne et contribuer à stabiliser le réseau. Le Maroc dispose de 20 milliards de m3 d'eaux stockées dans les barrages, mobilisables pour la production de l'énergie hydraulique. Les barrages contribuent à produire 5% des besoins en électricité au Maroc, loin derrière l'énergie thermique avec 56% et l'énergie solaire avec 15%. En termes de pluviométrie, 2020 sera une année mauvaise. Cela n'affectera pas seulement le stockage de la ressource en eau mais aura aussi un effet négatif sur la production d'énergie hydroélectrique. «Durant les années pluvieuses, les stocks dans les barrages sont préservés, ce qui est dans l'intérêt de la production d'énergie électrique. Au contraire, pendant les années de sécheresse, les barrages sont sollicités pour compenser le manque de pluie. Ce n'est pas bénéfique pour l'hydroélectricité», nous explique Abdelaziz Houachmi, consultant en énergies renouvelables. Cela a poussé les spécialistes à faire ce constat: les besoins de l'agriculture et la production de l'hydroélectricité sont continuellement en conflit. Durant les longues années sèches, les barrages produisent moins d'électricité, car on choisit de rationaliser l'utilisation de l'eau pour l'irrigation. Globalement, les barrages contribuent à produire 5% des besoins en électricité au Maroc, loin derrière l'énergie thermique, avec 56%. Pour l'énergie solaire, elle contribue actuellement à hauteur de 15% de ces besoins. L'hydroélectricité a la plus grande puissance en tant qu'énergie renouvelable À l'opposé des énergies solaire et éolienne, la quasi-totalité des grands sites de production d'hydroélectricité sont déjà en place. Ce qui lui confère une grande importance, à plusieurs titres. «D'abord, elle contribue à stabiliser le réseau électrique. Ensuite, elle permet de consommer le surplus de production d'électricité au cours des périodes de faible demande et de restituer l'énergie électrique pendant les heures de forte demande», poursuit M. Houachi. En moyenne, le Maroc dispose de 20 milliards de m3 d'eaux stockées dans les barrages, mobilisables pour la production de l'énergie hydraulique. Certains sites peuvent fonctionner en continu, selon la pérennité du niveau de l'eau, d'autres disposent de systèmes intelligents comme la centrale d'Allal El Fassi, située entre deux bassins hydrauliques, le Sebou et l'Inaouen. Cette centrale est dotée d'une puissance de production de 200 MW. L'énergie hydroélectrique, qui a pris pied au Maroc aussi tôt que la fin des années vingt du siècle dernier, bien avant l'énergie solaire et éolienne, demeure la première source d'énergie renouvelable avec une capacité installée de 1770 MW. Ceci comprend la capacité des stations de transfert des énergies par pompage (STEP). De plus, plusieurs projets d'une capacité de 400 MW sont en cours de réalisation. Pour le solaire et l'éolien, la puissance installée à fin 2018 est respectivement de 1215 MW et 700 MW. Les trois formes de production devront atteindre chacune une puissance de 2000 MW en 2020. L'importance de l'énergie hydraulique dans le système énergétique marocain réside dans le problème de variabilité (ou intermittence) du solaire et de l'éolien qui ne produisent pas – intrinsèquement – de l'énergie de manière constante et stable. «L'énergie hydroélectrique permet de réguler cette variabilité innée. Mobiliser les eaux stockées dans les barrages ne prend que cinq minutes pour produire de l'énergie électrique et stabiliser le réseau», souligne Abdelaziz Houachmi. L'énergie hydroélectrique permet aussi de garantir une compensation dans le cas d'une défaillance technique qui peut survenir à tout moment aux installations thermiques. Celles-ci sont responsables à hauteur de plus de 50% de l'énergie produite au Maroc. La première vocation des barrages n'est pas électrique C'est un choix qui a accompagné la politique des barrages depuis la première moitié de siècle dernier. Primo, les barrages sont construits comme protection contre les crues, secundo, pour approvisionner la population en eau potable, tertio, pour les besoins de l'agriculture, et quarto, pour produire de l'énergie électrique. «Cependant, cette dernière composante justifie économiquement la construction des barrages et contribue à sa rentabilité», nous explique Abdelaziz Houachmi. Mais les sites à vocation entièrement électrique existent au Maroc, bien qu'il s'agisse de centrales dotées de petite puissance. Le barrage Tanfnit El Borj, doté de deux sites de production d'électricité de 40 MW, représente cette catégorie. Entre les barrages Al-Massira et Imfout, deux autres projets de centrales en série, d'une capacité de 30 MW chacune, serviront aussi à produire de l'énergie électrique uniquement. Après la promulgation de la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables, une demande a été pressentie auprès d'investisseurs qui souhaitent construire des barrages à vocation purement énergétique. «Si cela se concrétise, cela rendra la production de l'électricité au niveau de ces barrages moins dépendante de l'agriculture», conclut Abdelaziz Houachmi.