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Santé mentale : les patients et leurs familles face à l'exclusion sociale
Publié dans La Vie éco le 05 - 01 - 2020

La réhabilitation psychosociale est nécessaire pour briser l'isolement des patients. Pour les aider, la mise en place de centres de réhabilitation psychosociale s'impose. Trois centres existent à Marrakech et à Salé. Le centre du CHU Ibn Rochd sera incessamment inauguré. Globalement, la prise en charge des troubles mentaux est limitée par l'insuffisance des infrastructures, des ressources humaines et du coût du traitement…
La réhabilitation psychosociale des patients atteints de troubles mentaux est le thème central du séminaire organisé par la Ligue de la santé mentale cette fin de semaine. Le choix de cette problématique est «largement justifiée car les patients souffrant de troubles mentaux sont victimes d'une grande stigmatisation et d'isolement social. Et leurs familles également. Pour cela, la réhabilitation psychosociale est nécessaire car elle mettra fin à cet isolement et permettra aux patients, en rémission, d'être autonomes et de s'insérer socialement et professionnellement», selon Mohamed Agoub, médecin chef du Centre psychiatrique Ibn Rochd de Casablanca. La réhabilitation psychosociale renvoie à un ensemble de procédés visant à aider les personnes souffrant de troubles psychiques à se rétablir. C'est-à-dire à s'adapter à leur situation et à bien vivre leur maladie chronique. L'idée de base, selon les médecins, est que toute personne est capable d'évoluer vers un projet de vie choisi. Et il faut l'aider pour cela en développant la réhabilitation. Celle-ci concerne plusieurs aspects, notamment clinique (symptômes, traitements), fonctionnel (capacités cognitives, relationnelles, autonomie) et social en vue d'un retour à la vie professionnelle.
Pour Mohamed Agoub, la réhabilitation psychosociale, le rétablissement et l'inclusion des personnes souffrant de troubles psychiques sont des priorités de santé et font donc partie du parcours de santé des patients. Au centre psychiatrique Ibn Rochd, le travail a déjà commencé dans ce sens. Ainsi, dans le centre de jour, les patients sont accueillis et bénéficient d'activités diverses ergothérapie, art-thérapie et soutien psychologique pour les accompagner vers une autonomie et leur assurer un bien-être. Cette approche s'impose, expliquent des spécialistes, car les troubles mentaux étant chroniques, la plupart des symptômes des troubles psychiques peuvent être stabilisés avec des médicaments. Cependant, certaines difficultés persistent, notamment cognitives, concernant la mémoire et l'attention, de cognition sociale comme comprendre les autres, interpréter leurs émotions ou encore s'affirmer dans certaines situations. Subsistent également des difficultés à comprendre sa maladie, à reconnaître les symptômes et les effets du traitement et, enfin, la perte d'autonomie. Des difficultés qui peuvent ralentir le rétablissement des patients et de gêner la réinsertion dans la vie active, la réhabilitation psychosociale est de réduire l'impact de ces difficultés pour favoriser le rétablissement. La réhabilitation propose des réponses pour des patients dont la maladie affecte leurs rapports avec les autres et leur autonomie sociale. Dans ce centre de Casablanca, les familles des patients sont également prises en charge pour leur expliquer la maladie, les gestes et les comportements à avoir avec le malade, mais aussi comment gérer leur stress face à la maladie de leurs proches.
Le centre de réhabilitation Ibn Rochd sera prochainement inauguré
Différente des soins en psychiatrie, la réhabilitation psychosociale n'a pas les mêmes priorités. Le soin en hôpital va s'intéresser à l'observation des symptômes. La réhabilitation, quant à elle, se penche davantage sur la vie quotidienne ainsi que sur les handicaps pour s'intégrer dans la société, notamment pouvoir gérer son argent, faire ses courses. Soit se prendre en charge. D'où la nécessité de développer les infrastructures spécialisées. Au Maroc, cette offre reste malheureusement limitée, puisqu'il existe pour l'heure deux centres à Marrakech et à Salé. A Casablanca, un centre a été aménagé au sein du centre psychiatrique en l'attente de l'inauguration du nouveau centre dont la construction a démarré en mars 2017. Initié par la Fondation MohammedV pour la solidarité, cette nouvelle structure s'inscrit dans le cadre du programme médico-social de proximité (2016 – 2020) de la région Casablanca-Settat. Réalisé grâce à un investissement de l'ordre de 14 MDH, le futur centre est destiné à prendre en charge les patients présentant un handicap psychique induit par des pathologies mentales graves et chroniques, en vue de réduire les effets de cette pathologie et de favoriser leur réintégration sociale et professionnelle. Le centre de réhabilitation psychosociale compte un pôle thérapeutique comportant des salles de psychologie, de psychiatrie, d'ergothérapie, d'observation et de repos, de groupe de parole et une infirmerie. Il abritera également un pôle socio-éducatif (ateliers, salles de cours, d'expression corporelle et artistique, de sport, un salon de coiffure, une bibliothèque), un pôle administratif et un espace d'accueil. Il permettra aux patients traités, estimés à plus de 1 300 par an, de rompre avec l'isolement provoqué par la pathologie mentale, comme il favorisera le développement de leurs capacités relationnelles, l'acquisition de certaines compétences professionnelles et l'amélioration de leur sentiment de bien-être.
Cette prise en charge rentre dans le cadre de l'évolution de la prise en charge des troubles mentaux. Le traitement médicamenteux, à lui seul, ne suffit pas, car, aujourd'hui, il faut soigner le malade, lui expliquer sa maladie, sensibiliser et assister les proches. Les familles sont en détresse et il faut les accompagner car elles sont devenues un maillon important dans la chaîne de soins du patient atteint de troubles mentaux. Et leur rôle diffère en fonction du type de pathologie.
Celles-ci sont diverses et, selon Mohamed Agoub, la dépression arrive en premier lieu au Maroc, suivie des troubles anxieux et enfin la schizophrénie qui touche 3% des patients.
Aujourd'hui, il faut souligner qu'il est encore difficile d'avoir des statistiques précises sur les maladies mentales, et ce, pour la simple raison que tous les patients ne sont pas recensés. Les seules données qui peuvent renseigner sur un état des lieux de la santé mentale sont celles figurant dans le rapport publié en 2012 par le Conseil national des droits de l'homme (CNDH). Ainsi, 40% des Marocains âgés de 15 ans et plus souffrent d'un trouble mental : soit 26,5% de troubles dépressifs, 9% d'anxiété généralisée, 5,6% de troubles psychotiques. Les femmes sont plus touchées que la gent masculine (48,5% contre 34,3).
2 000 lits et 400 psychiatres au Maroc !
Par ailleurs, le rapport du CNDH souligne également l'état des structures et le manque des ressources humaines, notamment des assistantes sociales, des ergothérapeutes, des arts thérapeutes, des psychothérapeutes, etc.. Dans la stratégie du ministère de la santé, la santé mentale est désormais une priorité et des actions ont été menées pour apporter des améliorations.
L'insuffisance des infrastructures et des ressources humaines est notoire. Et les chiffres l'attestent, puisque le pays dispose actuellement de 3 000 lits, 400 psychiatres et 8 pédopsychiatres. Le Maroc ne dispose actuellement que de 0,9 psychiatre/100 000 habitants alors qu'il faut au moins arriver à 1psychiatre/100 000 habitants. Par ailleurs, on relève la même insuffisance des infrastructures et leur inégale répartition à travers le pays. La capacité litière nationale totale est actuellement estimée à 0,7 lit pour 10 000 habitants alors que l'objectif est d'atteindre la norme de 1 lit/10 000 habitants. Il y a aussi la concentration de l'offre sur l'axe Casablanca-Kénitra. Alors que deux régions ne disposent pas encore de structures hospitalières psychiatriques ou addictologiques (région de Dakhla-Oued Eddahab et région de Guelmim-Oued Noun).
Ayant intégré la santé mentale dans sa stratégie nationale, le ministère de la santé envisage de renforcer l'intégration de la santé mentale dans les structures de soins de santé primaires (83 unités de consultation en santé mentale). L'objectif est de créer 10 nouvelles unités de consultation par an. Par ailleurs, il est à signaler qu'une offre privée se développe de plus en plus, notamment dans les grandes villes. Toutefois, ne peuvent y avoir droit d'accès que les patients nantis et couverts par une assurance maladie. En sus des défaillances des infrastructures, les médecins notent qu'il est nécessaire de prendre des mesures en vue d'une meilleure accessibilité aux médicaments. Une autre insuffisance limitant encore la prise en charge des troubles mentaux.
Selon Mohamed Agoub, plus de 90% des patients bénéficient du Régime de l'assistance médicale pour les économiquement démunis (RAMED). Ce qui ne facilite pas du tout l'accès aux médicaments, puisque dans le cadre du RAMED seule l'hospitalisation donne droit aux médicaments. Dans les cas ambulatoires, les patients doivent acheter leurs traitements. Le coût de la prise en charge varie bien évidemment en fonction des pathologies et de leur gravité. D'après les familles, la prise en charge nécessite 2000 à 3 000 DH, couvrant les consultations et les médicaments.
Le prix des médicaments varie en fonction du type de médicaments. Ainsi, on trouvera des produits classiques coûtant entre 15 et 20 DH, et il y a aussi les médicaments coûteux dont le prix se situe entre 600 et 800 DH. Ce qui explique que plusieurs patients non couverts ou assurés RAMED arrêtent leur traitement ! Ce à quoi, la Ligue de la santé mentale a contribué à éviter en établissant une convention avec le ministère de la santé, le CHU, la Région de Casablanca et le Conseil de la ville. S'étalant sur quatre ans, cette convention a permis une disponibilité des médicaments et un accès gratuit grâce à une enveloppe de 24 MDH. Devant expirer en 2019, un projet de reconduction de cette convention est en cours de discussion...
Questions à DR.Mohamed Agoub, Président de la Ligue de la santé mentale et médecin chef du Centre psychiatrique Ibn Rochd de Casablanca


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