Un nouveau doit se réserver une période d'observation, sans pour autant hésiter à poser des questions et se renseigner sur les moindres détails qui font la spécificité de l'entreprise. Dès le départ, il est important de s'assurer de sa mission et des attentes de son employeur. L'écoute permanente et active ainsi que la communication facilitent l'intégration d'un manager. Abdelhamid mouhandiz Consultant en ressources humaines «Un cadre dirigeant doit faire profil bas malgré son expérience. Dans le même temps, on peut aussi attendre de lui, durant sa période d'intégration, qu'il montre des marques de leadership». Les premiers pas d'une recrue sont souvent un exercice délicat autant pour celle-ci que pour l'entreprise. Pour le nouveau salarié, les compétences techniques ne suffisent pas pour se faire une place. Même s'il a un tuteur, il doit chercher à comprendre les codes de l'entreprise, trouver des appuis parmi les collègues et afficher son désir de s'adapter. Pour l'entreprise, il s'agit de bien baliser le terrain. Guide d'intégration, tutorat, séminaire d'intégration s'il s'agit d'un groupe de recrues…, les outils ne manquent pas. Les explications d'Abdelhamid Mouhandiz, consultant en ressources humaines. La Vie éco : Comment appréciez-vous le dispositif d'accueil des recrues dans les entreprises marocaines? Abdelhamid Mouhandiz: Je dirais que très peu d'entreprises sont bien outillées en la matière. Le problème d'intégration et d'accompagnement se pose surtout dans les PME parce qu'elles ne savent pas le gérer correctement, qu'il s'agisse des stagiaires ou des nouvelles recrues. Souvent, le manque de temps et de disponibilité des managers ou le manque d'accompagnateurs ou de tuteurs font que la période d'intégration est très difficile. Les conséquences peuvent être désastreuses, d'autant que les recrutements se font généralement de manière informelle. Par exemple, si les missions ne sont pas bien définies, la recrue a du mal à trouver ses repères. Une incompréhension peut s'installer, voire la frustration des deux côtés. Toutefois, un candidat à un emploi peut éviter les mauvaises surprises en s'informant sur son éventuel employeur. En revanche, les grandes entreprises sont mieux organisées. Les recrues bénéficient d'une procédure d'intégration spécifique et annoncée a priori, avec communication et livraison de documents et livret d'accueil, mise en place des ressources nécessaires (bureau, ordinateur, téléphone, internet…), rencontres avec les responsables hiérarchiques… Combien dure une période d'intégration ? Tout dépend du poste occupé. Un comptable ou une assistante n'a pas besoin d'une longue durée pour être opérationnel. La période d'intégration est courte. Par contre, s'il s'agit d'occuper un poste de responsabilité, il faut du temps pour que la personne s'acclimate. Parfois, l'intégration comprend des sessions de formation, notamment pour certains postes comme les commerciaux. Généralement, la période d'intégration ne doit pas dépasser un an car le tuteur doit aussi faire son travail. Cette période est aussi l'occasion d'aider les nouveaux à briser les tabous et à dépasser le cap psychologique (timidité, frustration…). Plus on est ouvert sur son environnement, mieux l'intégration réussit. Pour cela, il faut que les attentes des deux parties soient clarifiées dès le départ et qu'un planning soit établi pour éviter les quiproquos. Comment un nouveau (jeune diplômé ou cadre supérieur) doit-il se comporter les premiers jours ? Un jeune débutant doit observer une phase d'observation et d'analyse de son nouvel environnement. Il lui faut prendre le temps de faire la connaissance des uns et des autres ainsi que de la culture d'entreprise. Toutefois, il ne doit pas hésiter à poser des questions, à se renseigner sur les moindres détails qui font la spécificité de la société. Quant au groupe déjà constitué, c'est-à -dire l'équipe ou le service, il bénéficie également de ce temps pour intégrer le nouvel arrivant. Pour un cadre dirigeant, il s'agit aussi de suivre une période d'observation et d'écoute. Et surtout, il lui faut faire profil bas malgré son expérience. On peut aussi attendre de lui, durant sa période d'intégration, qu'il montre des marques de leadership. Il ne faut pas oublier que la première chose attendue d'un nouveau manager est de prendre rapidement connaissance des dossiers en cours et d'agir en conséquence. De ce fait, il doit gérer, d'une part, les impératifs de la société dans les temps, et, d'autre part, conduire ses équipes. Il faut donc bien évidemment une écoute permanente et active, de la communication, mais aussi commencer à définir une vision afin de mieux se faire connaà®tre et faire la différence. Pour cela, le savoir-être, le savoir-agir (et se comporter) et le savoir-apprendre de la personne sont des facteurs déterminants. Que peut faire l'entreprise pour faciliter l'intégration ? Il faut qu'il y ait un suivi permanent, surtout pour un jeune diplômé. Bien intégrer un nouveau collaborateur, c'est annoncer sa présence dans l'entreprise. Il faut prévenir l'équipe de son arrivée, de son poste et de sa fonction, pour qu'elle ne soit pas prise au dépourvu. Pour les nouveaux managers ou hauts cadres, il peut être utile de faire un communiqué de presse. Il ne faut pas hésiter à voir fréquemment la jeune recrue pour l'aider à surmonter les difficultés, corriger les imperfections et lui donner un feedback sur l'évolution de son travail. Il faut aussi savoir le mobiliser. Rien ne sert de bien accueillir une nouvelle recrue si vous n'avez pas planifié les premières tâches qui lui incombent. Certes, il faut lui laisser le temps de s'acclimater, de prendre connaissance des diverses sources d'information de la société, procédures, mais une tâche de fond permet de l'intégrer activement à l'entreprise. La culture d'entreprise influe-t-elle sur le processus d'intégration ? Effectivement ! A terme, la culture de l'entreprise influe énormément sur l'intégration efficiente d'une personne. La vision générale, les valeurs de l'entreprise, la performance, la créativité, les récompenses, les promotions, la communication interne, les rapports entre les personnes, la façon de responsabiliser, les recherches de satisfaction du «client»…, la nouvelle recrue est confrontée à ces éléments déterminants. Plus la culture de l'entreprise est forte et bien assimilée et mieux se passera l'intégration. Comment éviter les mauvais départs ? Les problèmes ne se poseraient pas si l'évaluation, les attentes et les objectifs de chaque partie étaient définis préalablement et respectés. Pour cela, la recrue doit constamment s'informer et communiquer. Il lui faut cultiver des bons rapports avec ses collègues, collaborateurs et supérieurs. La gestion des relations humaines est rarement apprise dans les écoles même si elle est fondamentale pour la réussite professionnelle : respecter les autres et se faire respecter est une règle d'or. Il faut aussi savoir faire un bilan à l'issue de la période d'essai, s'il y en a, ou tout simplement des premiers mois.