Depuis l'annonce de son ouverture au trafic civil, les prix des terrains ont augmenté de 20%. Les prix des logements ont doublé dans certains quartiers de la ville. Des logements administratifs sont en construction et attisent la flambée des prix. Aquarante-cinq minutes de Casablanca, la ville de Benslimane tranche avec l'agitation forcenée de la métropole. A quelques kilomètres de ce havre de verdure se dressent les murs d'enceinte de l'aéroport, gardé comme une base aérienne militaire. Seuls quelques avions légers de la RAM, ou privés, tel le jet de l'ONA, laissent penser que l'aéroport est en fonction. Sa tour de contrôle mobile est juchée sur des vérins hydrauliques d'un jaune qui tranche sur la verdure avoisinante. Le commandant de la base nous fait faire le tour du propriétaire, désignant fièrement les emplacements où se dresseront les 15 hangars des compagnies privées appelées à s'installer sur les lieux d'ici peu. Pour le moment, on sait seulement que l'aéroport devra traiter le fret pour désengorger le trafic de l'aéroport de Nouaceur. Une double voie est en projet pour relier la ville de Benslimane à la ville voisine de Mohammédia. Le personnel en service sur place devrait tripler pour la seule administration de l'ONDA, sans compter les divers agents, de la police, des douanes et des organismes de contrôle, en plus des élèves pilotes de la RAM qui devraient poursuivre leur apprentissage dans l'aéroport. Ces nouveaux arrivants sont une aubaine pour la ville. «Les fonctionnaires et autres salariés qui viendront s'installer vont dynamiser l'économie», explique une commerciale du golf, situé non loin de là. Cependant, lorsque les projets d'infrastructure seront réalisés, cela changera totalement la vie de la ville et les prix vont flamber. C'est le revers de la médaille. Déjà, depuis que le projet des «Jardins de Benslimane» existe, c'est-à-dire depuis deux ans, toutes les villas de la première tranche sont vendues. Elles se négociaient entre 2,9 et 4,2 MDH. Aujourd'hui, la deuxième tranche est en construction, d'un standing plus élevé, et avec des matériaux plus nobles… Le prix sur plan augmente déjà par rapport aux premières villas, sachant que lorsque les nouvelles seront construites, elles coûteront plus cher. La deuxième tranche est déjà commercialisée entre 3 et 4 MDH l'unité. Selon un habitant de la ville, les choses ont beaucoup changé depuis quelque temps. Pour les intermédiaires des agences immobilières, les prix ont connu une nette aumentation, de 15 à 20%, depuis un an. Comme l'explique d'emblée un fonctionnaire de l'agence de la Conservation foncière, «un logement de 150 m2, qui coûtait 240 000 DH, en coûte 320 000 aujourd'hui». Bien entendu, les prix et l'ampleur des hausses dépendent de l'emplacement, comme partout ailleurs. Ainsi, un terrain d'un hectare viabilisé, disposant d'une autorisation de construire sur 800 m2, peut coûter jusqu'à 600 000 DH. Une villa peut coûter 2,6 MDH en centre-ville et 1,8 MDH en périphérie. Dans un quartier populaire, un R+2 coûte de 800 000 à 1 MDH pour une superficie de 80 à 100 m2. Le pas-de-porte d'un commerce qui coûtait 200 000 à 350 000 DH peut coûter aujourd'hui jusqu'à 700 000 DH. Dans le quartier Al Quods, un R+2 de 160 m2 (quand on en trouve un) se négocie 600 000 DH. Dans le quartier Lalla Meryem, les logements de l'armée, achetés il y a cinq ans à 140 000 DH, ont doublé de prix. Dans le même quartier, le terrain titré de 200 m2 (les seuls qui restent disponibles) se négocient 350 000à 400 000 DH pour 140 m2 constructibles. Une villa de standing moyen se négocie entre 800 000 et 840 000 DH. De l'avis de tous, cette hausse de l'immobilier n'est pas justifiée, sachant qu'il n'y aura pas d'afflux de touristes du fait de l'ouverture de l'aéroport. Cependant, il est évident pour les habitants que l'arrivée d'employés des différentes entités dynamisera le commerce, l'immobilier et même l'emploi dans la région. Déjà, 1 385 logements pour le personnel militaire sont en projet, en plus des 124 bâtiments administratifs à construire, dont 66 pour le compte de l'armée. Pour ce qui est des étrangers, Benslimane s'est fait connaître pour son golf. Certains étrangers, Irakiens ou Européens, se sont déjà installés, cependant, ce sont les MRE originaires de la région qui boostent le plus l'économie lors de leur retour au pays. L'opinion la plus répandue est que les étrangers ne jouent pas un rôle important ici, car trop peu nombreux.