Depuis l'arrêt de la raffinerie, le port a connu une chute de 43,3% de son activité. La direction a opté pour plus de camions flexibles et moins de remorqueurs pour gérer des navires plus petits et moins chargés. Un terminal GPL, deux terminaux polyvalents et un chimique sans omettre une requalification du port intérieur sont prévus. Un an après l'arrêt d'activité de la seule raffinerie du pays, la vie semble reprendre son cours normal au port de Mohammédia (premier port pétrolier du Maroc représentant 6,2% du trafic global). Pourtant, la baisse d'activité est de l'ordre de 43% en volume à fin juillet 2016 par rapport à juillet 2015. «A l'époque de la Samir, sur 12 millions de tonnes de produits importés, la raffinerie accaparait 5 millions de tonnes de pétrole brut et 3 millions de raffiné. Ce qui représente les deux tiers de l'activité du port», explique Lahoucine Mekaoui, directeur régional Atlantique Nord de l'Agence nationale des ports et directeur du port de Mohammédia. Dorénavant, le management du port doit s'adapter à l'absence de son premier client. «L'essentiel était d'assurer l'approvisionnement en continu du pays en hydrocarbures. On s'est organisé pour éviter toute rupture de stock», se félicite M. Mekaoui. Les importateurs font appel aux services du port En effet, les gros navires pétroliers transportant du pétrole brut ont disparu. Les pipes qui acheminaient directement ce pétrole brut du navire vers la raffinerie sont à l'arrêt. Seuls les navires transportant une cargaison importante de pétrole raffiné: essence, gasoil, kérosène ou encore GPL (Gaz de pétrole liquéfié) utilisent encore les pipes dédiés à chacun de ces produits. Quand les chargements d'hydrocarbures raffinés et produits chimiques sont plus timides (le cas se présente très souvent), ils arrivent dans de plus petits navires et sont directement expédiés au port intérieur. Ainsi, la digue principale longue de 2 800 m (qui accueillait les grands navires pétroliers d'une capacité allant jusqu'à 120000t) est moins fréquentée. La digue secondaire qui reçoit des navires transportant des produits pétroliers (brut, gasoil, essence, naphta, fuel) et GPL ne tourne plus à plein régime. Depuis la crise de La Samir, c'est en effet le port intérieur où cohabitent les activités de commerce, de pêche et de plaisance qui reçoit le maximum d'activité. «Les importateurs privilégient les petites quantités. Des navires à capacité moins importante (7 000 t au maximum) sont donc sollicités», déclare le directeur du port. Selon un responsable de Marsa Maroc, le port intérieur a contribué de manière importante à sauver l'activité après la crise de la Samir. «C'est cette partie du port qui a permis de maintenir le trafic après le retrait du raffineur. Aujourd'hui, les postes y sont déjà saturés avec un taux d'occupation de 70%. Les 30% restants sont consacrés à la manœuvre des navires», dévoile-t-il. Et pour cause, les importateurs de fuel et de bitume font désormais appel aux services du port alors qu'ils s'approvisionnaient auparavant directement chez la Samir. «On traite de plus petites quantités certes en comparaison avec celles que recevait la Samir directement à travers les pipes. Les remorqueurs travaillent au minimum. Dorénavant, on utilise le transport par camions flexibles. Pour ce faire, nous avons installé, depuis 3 mois, des postes de réception de fuel (par conduits) et d'autres destinés à des produits différents dont l'exploitation est prévue pour bientôt. Entre 200 et 250 camions pénètrent dans le port chaque jour. Ils étaient 70 seulement à franchir les portières quotidiennement avant l'arrêt du raffineur. Côté RH, 3 000 personnes ont accès au port dont 1 000 permanents», explique M. Mekaoui. Malgré cette réorganisation, les autorités du port espèrent une reprise de la raffinerie, l'infrastructure étant disponible et opérationnelle à tout moment. Une ribambelle de projets futurs Mais l'avenir du port n'est pas tributaire du sort de La Samir. L'ANP voit plus grand. Elle déroule un programme qui vise, dans une première étape, à anticiper la croissance du trafic qui transite par le port pétrolier. Il s'agit d'un projet de terminal GPL qui sera opérationnel dans 30 mois. De plus, la réalisation d'un terminal polyvalent, d'un autre dédié aux produits chimiques sans compter la requalification du port intérieur pour la plaisance et la pêche sont prévus ultérieurement. La deuxième étape consiste, elle, en la construction d'un deuxième terminal polyvalent et l'extension de la digue principale de 400 mètres linéaires. Ainsi, le poste GPL a pour objectif d'accompagner les besoins du Maroc et d'anticiper la demande pour éviter les problèmes de congestion. «Nous avons démontré sa faisabilité technique et financière», souligne M. Mekaoui. Le projet, dont les travaux seront lancés cette année, consiste en la construction d'un quai de 13,5 m de profondeur qui peut recevoir des navires d'une longueur de 105 à 230 m. La capacité du poste GPL envisagée est de 2,9 millions de t/an. Son coût est de 400 millions de dirhams. Le terminal chimiquier (dont les études sont achevées) accueillera, lui, des navires de 95 à 145 m. L'ANP y projette de donner des concessions aux industriels pour aménager des postes de stockage de produits chimiques, notamment les acides. Son délai de réalisation est de 36 mois avec un coût évalué à un milliard de dirhams. Le premier terminal polyvalent (à l'étude mais non encore programmé) sera pour sa part dédié au sucre, sel, l'huile et aux produits alimentaires. «Cette activité est pour l'instant réalisée au port de Casablanca. Le choix a porté sur le port de Mohammédia car il est plus proche de l'autoroute et des voies ferrées», indique M. Mekaoui. Sa capacité future est estimée à 2,5 millions de t/an. Il accueillera des navires qui mesurent entre 95 et 202 m. Son coût est de 500 MDH. Le 2e terminal polyvalent est pour sa part subordonné à l'extension de la digue principale. Il traitera des matières telles que le bois, les bobines d'acier et marchandises diverses. Avec 500 m linéaires de quais, 3 navires pourront y accoster à la fois (mesurant respectivement 193, 160 et 95 m). Le projet coûtera 1 milliard de dirhams. Enfin, la requalification du port intérieur, prévue à long terme a pour but d'ouvrir le port sur la ville et de résoudre ses dysfonctionnements (existence de 3 activités sur le même site).