La croissance a été surtout le fait des activités du secteur tertiaire. La demande intérieure a augmenté plus rapidement qu'à la même période de 2015. Aux troisième et quatrième trimestres, le PIB progresserait respectivement de 1% et 0,8%. Le deuxième trimestre de l'année en cours a été on ne peut plus médiocre, comme le montrent les comptes nationaux arrêtés par le HCP il y a quelques jours : 0,5% de hausse du PIB au lieu de 4,2% durant la même période de 2015. C'est une baisse du rythme de la croissance assez sévère, y compris par rapport au premier trimestre qui, lui-même, avec une augmentation de 1,7%, était déjà...squelettique. Et les résultats des troisième et quatrième trimestres, eux aussi, ne devraient guère être meilleurs : 1% et 0,8% respectivement, estime le même HCP. Dans ces conditions, il ne serait pas étonnant que l'année se termine sur une croissance probablement inférieure à 1,5%, comme l'estimait le HCP dans son Budget économique exploratoire 2017. Mais pour qui connaît la configuration de la croissance marocaine, cette évolution de l'activité est dans l'ordre des choses. C'est bien connu, au Maroc, quand «l'agriculture éternue, la croissance s'enrhume!». En effet, en raison des mauvaises conditions climatiques, le secteur primaire a accusé une forte baisse de sa valeur ajoutée au deuxième trimestre (-10,2%), contre une hausse de 14% à la même période de 2015. Et cette baisse concerne aussi bien la branche agriculture (-10,9%) que celle de la pêche (-2%). Il y a là bien plus qu'un effet de base. Pour rappel, la campagne agricole 2014/2015 s'était soldée par une production céréalière record, atteignant 115 millions de quintaux, tandis que pour celle de 2015/2016, elle s'établit à 33,5 millions de quintaux. Mais, relève le HCP, cette contre-performance enregistrée au deuxième trimestre s'explique aussi, en partie, par le ralentissement des activités non agricoles prises dans leur ensemble. En effet, même si le secteur tertiaire a doublé le rythme de sa croissance entre le deuxième trimestre 2015 et celui de 2016, passant de 0,8% à 1,7% respectivement, cela n'a pas suffit pour combler le fort recul du secteur secondaire, dont le rythme de progression a été divisé par deux, revenant de 2,2% à 1,1% entre les deux périodes considérées. Il en résulte que la variation de la valeur ajoutée globale, c'est-à-dire, en termes simples, la croissance économique non compris les impôts nets des subventions, a été…négative au deuxième trimestre (-0,2%). Et si, en fin de compte, le résultat a été positif avec une hausse du PIB de 0,5%, c'est grâce aux impôts sur les produits nets des subventions qui ont augmenté de 6,6%. Accélération de la croissance des industries manufacturières au 3e trimestre Dans le détail, les branches du secteur secondaire alternent ralentissement et baisse de la valeur ajoutée, à l'exception du BTP qui remonte légèrement en enregistrant un résultat positif (+0,9%) après une baisse (-1%) à la même période de 2015. C'est ainsi que les industries de transformation ont réalisé une croissance de leur valeur ajoutée de 1,9% au lieu de 4% au deuxième trimestre 2015, alors que l'industrie d'extraction a vu sa valeur ajoutée baisser de 1,2% après une baisse de 6,2% une année auparavant. Idem pour l'électricité et l'eau avec une baisse de 1,8% au lieu d'une baisse de 4,8% à la même période de 2015. Dans le secteur tertiaire, en revanche, toutes les branches ont réalisé des valeurs ajoutées non seulement positives, mais également en hausse, à l'exception des hôtels et restaurants (-2%). Cette conjoncture relativement favorable pour les activités tertiaires se serait poursuivie au troisième trimestre (le conditionnel s'impose tant que les comptes nationaux pour cette période ne sont pas encore arrêtés), selon les conjoncturistes du HCP. Celui-ci pointe non seulement le dynamisme des activités de commerce et de communications mais également «une légère reprise» des activités touristiques (+0,7%), après une baisse au deuxième trimestre (-2%). Le secteur secondaire, pour sa part, se serait mieux comporté au troisième trimestre (+1,8% au lieu de +1,1% le trimestre précédent), grâce notamment à l'accélération de la croissance des industries manufacturières (+2,3% au lieu de 1,9% le trimestre précédent), de la construction (+1,2% au lieu de +0,9%) et de l'électricité (+0,7% au lieu de -1,8%). Au total, la valeur ajoutée non agricole aurait augmenté de 2% au troisième trimestre au lieu de 1,4% au deuxième, selon l'estimation du HCP. Et si finalement la croissance globale se serait limitée à 1% pendant ce trimestre, c'est, une fois de plus, à cause de la contre-performance de la production agricole : -11,1% au lieu de -10,9% au deuxième trimestre. Et au quatrième trimestre, l'on s'attend à une baisse encore plus accentuée de la valeur ajoutée agricole : -12,4%. Il faut dire cependant que l'activité économique, de manière générale, a bénéficié d'une conjoncture extérieure peu favorable ; au deuxième trimestre (+3,3% pour la demande étrangère) mais surtout, semble-t-il, au troisième (+2,8%). Il en résulte que les exportations au deuxième trimestre ont progressé moins rapidement (+4,6%) que les importations (+8,7%). Ce faisant, la contribution des échanges extérieurs à la croissance a été négative de 2,2 points contre une contribution positive de 2,5 points à la même période de 2015. Par conséquent, la croissance a été tirée exclusivement par la demande intérieure, en hausse de 2,5% au deuxième trimestre au lieu de 1,5% un an auparavant. Les principales composantes de la demande intérieure ont progressé plus rapidement que lors du même trimestre 2015 et, de ce fait, contribué substantiellement à la croissance. La consommation des ménages a augmenté de 2,2% (au lieu de 1,8% en 2015) et contribué pour 1,3 point à la croissance (contre 1,1 point), et l'investissement brut a crû de 3,9% (au lieu de 0,4%) et contribué pour 1,2 point à la croissance (contre 0,1% à la même période de 2015). La consommation des administrations publiques, en revanche, a progressé moins vite (+0,8%) que l'an dernier à la même période (+2,3%), contribuant pour 0,2 point à la croissance au lieu de 0,5 point il y a un an.