Le Hezbollah félicite les insurgés libyens et participe AU carnage des civils syriens. « Je vais courir à l'aide du peuple libyen », « Et le Bahreïn M. Obama ? » « Pardon ? » La récupération de la révolution. Il va sans dire que les peuples arabes ont souffert d'un nouveau colonialisme après leur indépendance, un (néo)colonialisme assuré par l'ancien colon et auquel collaborent sciemment leurs gouverneurs qui ont dépassé leurs maîtres en matière d'asservissement et d'atrocités. Il était devenu inévitable pour ces peuples de se révolter pour faire entendre leur voix. Yéménites, libyens, tunisiens, syriens… sont sortis, scandant les slogans de la liberté et de la dignité ; pensant que la seule médiatisation de leur profonde colère suffira pour les sauver des griffes de leurs régimes ; et qu'ainsi la liberté les accueillera sous un tonnerre d'applaudissement. Sauf que la réalité a été toute autre, si ces révolutions ont réussi à déterminer quelque chose, ce n'est nullement l'éventuel pouvoir des peuples qui reprendrait le dessus, mais bien la primauté des intérêts politico-économiques des Etats-unis et ses alliés. Les cas Tunisien et Egyptien : Déstabilisation. Les deux régimes tunisien et égyptien étaient parmi les plus fidèles aux intérêts occidentaux, d'ailleurs Ben Ali n'avait rien à envier aux français en matière de politiques laïcardes liberticides qui rendraient la prière dans la mosquée digne de la Passion du Christ. Quant à Moubarak, c'est l'exemple contemporain de la Collaboration avec un grand C, et sans lui le camp de concentration à ciel ouvert que représente Gaza, n'aurait pas eu lieu. La question qui se pose maintenant est Comment l'éviction de ces deux compétents valets a pu avoir lieu ? Parce qu'il ne sont pas plus que deux pions facilement récupérables, il ne s'agit pas tant d'eux que des capitaux investis en Egypte et en Tunisie, certes leur éviction n'était pas la solution la plus facile quand on se rappelle des réactions comme celles de MAM qui trahissent nos homologues occidentaux, les tenants de la Démocratie avec un grand D, même scénario pour l'Egypte avec Hillary Clinton… sauf que la situation était arrivée à un point de non-retour où il était préférable de sacrifier les deux valeureux valets afin de garder au chaud les intérêts économiques dans les deux pays, car enfin de compte, quelque soit le gouvernement élu selon le sacro-saint processus démocratique, il ne peut rien devant les intérêts de l'oligarchie financière bien placée en haut, et qui a pris le soin de généreusement financer ce même processus dans les deux pays comme on le sait tous. Et qui dit financement, dit rentabilité. Le Bahreïn et la Libye : Vos désires sont désordre. Il y'a eu ensuite les Bahreïniens revendiquant l'égalité, ainsi que les libyens revendiquant la justice et la dignité, les deux révolutions ont fini par prendre un sacré tournant militarisé… mais dans deux sens différents : Les premiers étaient coupables, et leur crime était qu'ils sont chiites, ce qui les rendait inévitablement des agents au service de l'Iran, qu'ils le veuillent ou non ils seront toujours plus proches des Ayatollahs que des Saouds, et de ce fait, ils sont le plus grand danger stratégique des intérêts américains dans la région, ce qui justifie qu'Al Saoud intervienne militairement avec l'alibi de calmer le communautarisme religieux dont souffrirait le Bahreïn. Al Saoud, ce peuple élu à l'image des fils d'Israël, peuvent décimer qui ils veulent, on n'entendra jamais parler d'atteinte aux droits de l'homme, c'est sans nul doute un privilège de sémites. Contrairement à la Libye, où la ritournelle droit-de-l'hommiste a été de mise… Si Kadhafi a promis de riposter contre les insurgés, il a tenu sa promesse, pour que tout l'humanisme de Obama se révèle au grand jour, faisant de la libération et la démocratisation de la Libye contre le vilain, très vilain Kadhafi, sa raison d'exister. C'est à se demander où est la différence entre les Bahreïniens et les Libyens à ses yeux. La différence, pas besoin d'être altermondialiste pour la connaître : La Libye est une roche dans le soulier de la mondialisation, l'un des rares pays qui ne soient pas contrôlés des intérêts privés. Ce n'est pas par hasard si les Etats-Unis s'intéressent en particulier à la Libye alors qu'ils ne jouaient qu'un rôle de spectateur au Bahreïn, chose que n'ignorait surtout pas Sarkozy qui a été parmi les premiers à défendre le Conseil National Transitoire Libyen, et à encourager l'intervention de l'OTAN pour protéger les civils. Syrie : El-Assad, quatrième sur la Checklist après Kadhafi. L'Iran et le Hezbollah nous rappellent chaque jour les atrocités du Bahreïn, au même moment où l'Arabie Saoudite et le Bahreïn appellent leurs ambassadeurs à quitter Damas pour les transgressions des droits de l'homme qui y auraient lieu. L'alliance sino-russe refuse catégoriquement toute intervention militaire, ce qui n'empêche pas le régime syrien d'être très sanglant en vers ses citoyens. Tout le monde a ses intérêts à défendre aux dépends des peuples qui continuent à souffrir, y compris les états-unis évidemment qui trouve dans l'élimination d'El-Assad, une limitation du pouvoir de l'Iran sur la région, et l'isolement de Hezbollah devenu maintenant proie facile. La Russie est en train de perdre un de ses meilleurs clients, et la Chine se lasse de faire tourner la machine de guerre américaine par ses propres fonds. Une des plus marquantes positions est bien celle des anti-impérialistes et antisionistes qui refusent que le scénario Libyen se répète pour que les martyrs de la Syrie ne soient pas ce que les insurgés libyens sont devenus : des agents d'Israël, et j'aurais souhaité qu'ils soutiennent les peuples dans leur combat au lieu de continuer dans le complexe d'Israël et de l'OTAN, et même si c'est pour venir en aide aux musulmans bosniaques et au Kosovo, certes l'intervention étrangère n'est pas à cautionner, mais quand il s'agit d'injustice en vers les peuples frères, il n'y a pas d'autres solutions. Yémen et Syrie : Autre comparaison révélatrice. Il suffit d'avoir suivi de près le cas Yéménite depuis les premières marches anti-régime que la terre de Saba a connu, pour savoir que tous les crimes inculpés à El-Assad, Ali Abdullah Saleh était le premier à les commettre, puisque le régime du Président Yéménite eut recours à des gaz toxiques contre les manifestants, mais bizarrement, et contrairement à la Syrie, on n'a jamais entendu de propositions à quitter le pouvoir de la part de l'occident, ni même de sanctions contre le régime, alors que le combat entre le peuple et ce dernier dure plus de six mois maintenant. Quand on sait que le seul profit qu'on peut tirer du Yémen en tant que pays et qu'il ait toujours été là pour servir la guerre contre le terrorisme au Moyen-Orient, on cesse de se faire des illusions. L'Algérie, la Jordanie, et le Maroc. Vu que ces trois pays n'ont pas pu atteindre une grande mobilisation des masses qui ferait pression, seules des réformes constitutionnelles superficielles ont eu lieu, et malgré que cette faible mobilisation même n'ait pas réussi à menacer la stabilité des régimes, l'intervention occidentale a été active. Pour le cas marocain par exemple, l'Ambassade de la France au Maroc a fait pression sur les jeunes du mouvement du 20 Février pour qu'ils acceptent les réformes du roi Mohamed VI, sans oublier l'entrée en scène du fameux lobby pour assurer la stabilité de la région et ainsi assurer ses propres intérêts économiques. L'Algérie par contre a connu l'élimination de toute opposition dans un silence effroyable vu sa politique médiatique très discrète voire quasi inexistante, le tout soutenu inconditionnellement par la France. Les masques tombent… Grâce à nos révolutions arabes tous les masques sont tombés sans aucune exception, et il n'y a plus à soutenir tel pays ou tel politicien, tel courant ou tel parti. L'opportunisme n'est pas exclusivement américain, toute politique est opportuniste dans la mesure qu'elle ne servira jamais le peuple, mais se servira elle-même, au mieux son propre projet de société. Tu as le droit de faire la révolution et de marquer l'Histoire, mais c'est à « nous » de décider de son sort et d'écrire cette même Histoire. Traduit de l'arabe par Athar Housni. Article originale ici.