Khadija Rouissi démissionne du PAM. Dans une lettre adressée au secrétaire général du parti. Elle invoque les dérapages du parti fondé par l'ami de Mohammed VI, Fouad Ali El Himma. L'adhésion de Khadija Rouissi au Parti de l'Authenticité et de la Modernité et en général à la mouvance politique de Fouad Ali El Himma semblait être une belle victoire du Makhzen. Une “convertie” de plus à ajouter aux Herzenni, Yazami et autres militants de la gauche radicale et victimes de l'ère Hassan II, qui se sont ralliés au régime de Mohammed VI. D'autres pensaient que leur ralliement était la preuve de la sincérité du régime. Connue pour son implication dans la fondation du Forum Vérité et Justice et sa lutte acharnée pour le respect des droits de l'Homme, son appui au projet d'El Himma en avait déstabilisé plus d'un. Elle l'expliquait par la nécessité de fonder un mouvement politique moderniste à même de faire barrage aux islamistes. Elle le justifiait aussi par sa conviction que El Himma, souhaitait la démocratisation des institutions du pays et la modernisation de sa société. Sa démission pourrait être interprété comme un revers pour tous ceux qui croyaient en la volonté et la capacité des hommes de Mohammed VI à fonder une nouvelle approche du politique. Une approche moderne et démocratique en rupture avec la classe politique traditionnelle. Dans sa lettre de démission, Khadija Roussi énumère les maux du PAM. Des maux qui sont souvent invoqués pour justement stigmatiser les partis politiques traditionnels tant décriés. « Au fil des semaines et des mois, j'ai pu constater une dérive vers un conservatisme, contraire à l'esprit qui prévalait à la création du parti » Dénonce-t-elle. Le reste est à l'avenant. « Le parti n'a plus de projet, absence totale de débat, aucun contrôle des élus.. » écrit-elle dans une lettre qui vise directement le secrétaire général du PAM, Mohamed Cheikh Biadillah. Elle l'accuse de ne pas combattre les dérapages éthiques au sein du parti. Khadija Roussi s'insurge aussi contre des attaques « odieuses » menées contre elles « dans les sites mêmes du parti ». Elle dénonce l'esprit électoraliste qui règne au PAM et qui ne tient pas « compte des derniers événements qu'a connus le pays ». Khadija Rouissi avait déjà montré sa différence avec Mohammed Biadillah à l'automne 2009 lorsqu'elle avait défendu le Mouvement Alternatif des Libertés Individuelles (MALI) qui luttait contre la criminalisation de la non-observance du Ramadan. Mohamed Cheikh Biadillah avait attaqué le MALI dans une tribune dans le quotidien Al Massae dans laquelle il affirmait qu'il existait une volonté conjuguée des lobbys homosexuels, évangéliques, bahaïs, promoteur des lettres tifinagh pour écrire le tamazight, des militants du MALI pour ternir l'image du processus démocratique impulsé par le roi.