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Sahara : les USA et la viabilité d'un Etat sahraoui indépendant (Wikileaks)
Publié dans Lakome le 12 - 04 - 2013

Malgré la manne des phosphates, la diplomatie américaine a toujours jugé improbable la viabilité d'un Etat sahraoui indépendant, selon des câbles diplomatiques datant de 1974 à 2008 et publiés par Wikileaks.
Au milieu de l'année 1975, l'avenir du « Sahara espagnol » fait l'objet de multiples négociations entre la puissance occupante, l'Espagne, et les pays de la région qui revendiquent le territoire, Maroc en tête. Alors que Madrid s'était engagé en 1974, sous la pression de l'ONU, à la tenue d'un référendum d'auto-détermination, les diplomates américains ont analysé en juin 1975 la viabilité d'un éventuel état sahraoui indépendant.
«Les Espagnols eux-mêmes ont beaucoup réfléchi à la perspective d'un état sahraoui indépendant viable », note l'ambassadeur américain à Madrid, Wells Stabler, dans un câble diplomatique daté du 12 juin 1975. « Bien qu'ils reconnaissent plusieurs faiblesses, ils ont fait remarquer que le Sahara ne serait pas moins viable qu'un certain nombre d'autres nouveaux états qui ont une population réduite, une base de ressources limitée et une quasi-absence de main d'oeuvre qualifiée. Le parallèle est souvent tiré entre un état sahraoui et le Koweit, Abu Dhabi ou d'autres micro-états du Golfe riches en hydrocarbures ».
La principale source de revenus du territoire en 1975 sont les phosphates de Bou Craâ, exploités par la compagnie espagnole Phosboucraâ. Les réserves sont estimées à l'époque à 1,7 milliard de tonnes et le diplomate américain explique que selon les Espagnols « les revenus du phosphate permettront à eux seuls de rendre le nouvel Etat économiquement viable». La « quasi-absence » de main d'oeuvre qualifiée locale pourrait être surmontée selon Madrid par la venue de travailleurs étrangers, notamment « palestiniens, égyptiens ou pakistanais ».
« Un état virtuellement sans défense »
L'aspect économique n'est toutefois pas le facteur le plus important pour déterminer la viabilité d'une éventuelle entité indépendante, souligne la diplomatie US en 1975. Wells Stabler relève dans le même câble que la question de la sécurité reste la grande inconnue. Le territoire à en effet la taille de la Grande-Bretagne mais la population locale ne dépasse pas les 70 000 personnes. Les forces locales sont réduites en 1975 à un « régiment nomade » de 1200 hommes, sous contrôle espagnol. Aucun officier n'est sahraoui. « Un état sahraoui serait virtuellement sans défense face à des voisins plus grands et plus forts. Une fois les troupes espagnoles parties, sa sécurité dépendrait soit des garanties données par les parties intéressées, soit de l'émergence d'un rapport de force équilibré entre les deux grands états rivaux voisins, l'Algérie et le Maroc ».
Le monde arabe divisé
L'ambassadeur américain à Rabat, Robert G. Neumann, notait déjà en juillet 1974 que la rivalité entre les deux voisins au sujet du Sahara suscitait des divisions au sein du monde arabe. Beaucoup de pays appuyaient l'Algérie, qui soutenait à ce moment-là les revendications mauritaniennes sur le territoire. Le Maroc, selon Neumann, pouvait compter de son côté sur le soutien de la Syrie, du Koweit et de l'Arabie Saoudite. « Nous pensons que d'autres leaders arabes, bien que réluctants à s'opposer directement à l'Algérie, s'opposent au moins à l'émergence d'un Sahara quasi-indépendant, partageant le point de vue exprimé par l'ambassadeur saoudien, selon lequel il n'est dans l'intérêt de personne de créer un soi-disant Sahara indépendant qui ne deviendra qu'un autre objet de contentieux inter-arabe à l'avenir ».
Robert Neumann confie ensuite son point de vue sur la position que devrait adopter Washington : « Je pense que les Etats-Unis devraient regarder la perspective d'un Sahara espagnol indépendant avec le même manque d'enthousiasme que la plupart des leaders arabes, et ce pour les mêmes raisons. S'il se voit accorder l'indépendance, ce territoire vide resterait forcément un objet de contentieux et une source d'instabilité régionale ».
Les Etats-Unis à cette date tentent d'appliquer une stricte neutralité sur la question du Sahara et jouent les funambules pour maintenir leurs relations à la fois avec Madrid, Rabat et Alger. Neuman explique que la conclusion d'un accord entre ces pays (et la Mauritanie) serait dans l'intérêt de Washington et celui plus global de la stabilité régionale. « Que cet accord résulte ou pas dans la satisfaction entière des revendications territoriales marocaines me semble hors de propos en ce qui concerne les intérêts US », précise-t-il.
Le tournant de la Marche verte, mais l'Algérie ne renonce pas
En novembre 1975, l'épisode de la Marche verte, l'avancée militaire marocaine et la conclusion des accords de Madrid, qui prévoient la partition du territoire entre le Maroc et la Mauritanie, semblent mettre un terme aux spéculations sur un éventuel état sahraoui indépendant. Au grand dam de l'Algérie, dont la stratégie au Sahara, analysée en juin 1975 par un diplomate américain en poste à Alger, reposait désormais sur la création d'une entité « sous influence algérienne ».
La diplomatie française prévient toutefois Washington : Alger n'en restera pas là. « Le dossier algérien sur l'auto-détermination est solide juridiquement et la satisfaction actuelle du Maroc quant au fait accompli au Sahara est peut être prématurée », explique D'Albis, le directeur du bureau Afrique du Nord au Quay d'Orsay, dans un câble daté du 25 novembre 1975.
Il ne croyait sans doute pas si bien dire : 30 ans plus tard, le conflit est enlisé dans le statu quo et le droit à l'auto-détermination est toujours, au moins officiellement, le principe directeur des négociations à l'ONU.
2008 : les aveux de Van Walsum
En avril 2008, la question de l'indépendance du territoire va ressurgir. L'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, le néérlandais Van Walsum, se lâche devant le Conseil de sécurité :
« Comme le Conseil de sécurité n'a pas réagi, en 2004, quand le Maroc a décidé qu'il ne pouvait accepter un référendum comportant l'indépendance comme option, j'en ai conclu qu'aucune pression ne pourra amener ce pays à renoncer à sa revendication de souveraineté sur ce territoire. Et donc que l'indépendance du Sahara occidental n'était pas une proposition réaliste ».
C'est la première fois qu'un officiel onusien se prononce publiquement sur le sujet. Van Walsum explique au Conseil de sécurité son analyse du statu quo actuel :
« il existe au sein de la communauté internationale un point de vue largement répandu selon lequel la position du Polisario est la plus forte sur le plan légal, mais qu'il n'incombe pas au Conseil de sécurité de faire pression sur le Maroc pour qu'il se retire du Sahara occidental. Tout se passe comme si le Front Polisario n'entendait que la première partie de cette phrase. Et le Maroc, la seconde ».
Surprise : Sarkozy lâche les Américains
Si les déclarations de Van Walsum, qui ont rendu furieux le Polisario et l'Algérie, lui ont finalement coûté son poste et que le Conseil de sécurité n'a pas décidé d'imposer l'abandon de l'option d'indépendance, un câble diplomatique en provenance de Paris et daté d'avril 2008 révèle une autre « bombe » : les Etats-Unis, eux, étaient prêts à franchir le pas. Washington avait en effet préparé une résolution à l'ONU qualifiant l'indépendance du territoire d'option « irréaliste ». Ce qui aurait placé la proposition marocaine d'autonomie au centre des négociations.
A la grande surprise des diplomates américains, la France a toutefois refusé d'appuyer cette résolution. Ils s'interrogent : « Cela semble inconsistant avec ce que le ministère des Affaires étrangères présentait comme étant une évolution rapide de la position française, étant donné la situation instable en Afrique du nord et ses inquiétudes à propos de la possibilité, même minime, d'un « état failli » à travers lequel des terroristes pourraient circuler avec une relative impunité ».
Les Américains « regrettent » que le communiqué proposé à la place par les Français n'ait pas été aussi explicite que « ce sur quoi nous nous étions mis d'accord lors de nos discussions en privé ». Ils expliquent cette attitude de Paris par le poids du « lobby algérien » au sein du gouvernement français, alors que le président Sarkozy avait besoin à cette époque du soutien de l'Algérie pour son Union de la Méditerranée et que le business français lorgnait toujours le marché algérien...


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