Il est d'usage de souscrire à cette vue de l'esprit que le paysage politique marocain dans toutes ses nuances est politique clivé. La réalité des choses, pour certains aspects de la politique économique par exemple, est plus complexe, et certainement plus consensuelle. "Makhzénien" ou "Nihiliste" il y a une foi partagée que l'Etat de Droit passe par toujours plus de réglementation et de production législative et/ou administrative. De même, la centralisation du pouvoir au sein d'une seule institution (qu'elle soit élue ou pas) est un autre objectif qui semble emporter un même consensus. Il est d'usage de souscrire à cette vue de l'esprit que le paysage politique marocain dans toutes ses nuances est politique clivé. La réalité des choses, pour certains aspects de la politique économique par exemple, est plus complexe, et certainement plus consensuelle. "Makhzénien" ou "Nihiliste" il y a une foi partagée que l'Etat de Droit passe par toujours plus de réglementation et de production législative et/ou administrative. De même, la centralisation du pouvoir au sein d'une seule institution (qu'elle soit élue ou pas) est un autre objectif qui semble emporter un même consensus. En politique économique, cela donne la recette simple (ou simpliste) qu'à chaque difficulté économique, correspondrait une augmentation des dépenses de l'administration publique (ou des impôts) en termes absolus et relatifs au PIB: la croissance annuelle moyenne sur les 50 dernières années a été de 9.7% - contre une croissance de PIB d'un peu moins de 5%. Le bilan de cette expansion du rôle des dépenses budgétaires reste à établir, mais il n'en reste pas moins que les outils favoris pour atteindre des objectifs particuliers tournent essentiellement autour d'une augmentation constante du budget, d'abord par les dépenses, ensuite, graduellement, avec des augmentations d'impôts graduelles, différentes de l'effet d'expansion de l'économie domestique. Cette augmentation de dépenses est partiellement à imputer aux différents programmes et mesures engagées et appliquées par les différents gouvernements passés, et il serait malhonnête de croire qu'un gouvernement à l'agenda activiste (progressiste par exemple) n'engagerait pas une augmentation analogue de la consommation des administrations publiques. La décision gouvernementale d'introduire des tranches marginales supplémentaires pour taxer les hauts revenus dans le PLF 2013 est à saluer, essentiellement parce qu'elle permet, au moins partiellement, au gouvernement de se donner les moyens de réaliser un agenda d'équité sociale que la composante principale de la coalition au pouvoir, le PJD, a intimement associé à sa victoire électorale l'année dernière. Cependant, une question insistante se pose: cette augmentation d'impôt était-elle réellement motivée par un désir d'équité fiscale, ou bien s'agissait-il d'une mesure ponctuelle parant à la pression croissante sur le budget général de l'état? Il semble en effet que le discours à priori rassurant du Ministre des Finances (et de son adjoint au Budget) porterait l'observateur à considérer la première alternative comme plus pertinente. Mais enfin, cette augmentation d'impôts aurait dû être suivi d'une réduction d'impôts dont les bénéficiaires serait surtout ces classes médianes (moyennes) dont les revenus fluctuent entre 50,000 et 92,000 dirhams annuels, et dont la pression fiscale relative est largement disproportionnée par rapport aux autres ménages, urbains ou ruraux. (la démonstration pour prouver cette assertion est disponible ici) Avant de faire intervenir les choix politiques comme déterminants de la politique budgétaire, il serait intéressant d'observer d'abord les effets estimés des différents instruments à la disposition du gouvernement. L'intuition initiale serait de supposer que, pour un effet neutre sur le budget (une diminution d'impôt/augmentation de dépenses) un effet parfaitement proportionnel serait observé sur la croissance. Par exemple, une augmentation de dépenses générerait autant de croissance additionnelle qu'une diminution d'impôts de montant équivalent. Or, il s'avère que cette intuition n'est pas vérifiée. L'argument se décompose en trois étapes: 1. Une politique de 'relance' via des dépenses publiques implique une augmentation du déficit avec un effet immédiat. Par exemple, une augmentation de 1% du déficit budgétaire (via une augmentation des dépenses) génère au plus 0.7% de croissance du PIB pour une seule année. 2. Une politique de relance menée par une réduction d'impôts implique aussi une augmentation du déficit, mais elle est absorbée par une augmentation graduelle de l'aspect monétaire de ce dernier, à savoir l'augmentation du stock de la dette publique. A titre d'exemple, une réduction de 1% des impôts levés sur la consommation des ménages (la TVA, la TIC, essentiellement) correspond à une croissance additionnelle du PIB de 1.2%. 3. On observe que les deux mesures enregistrent des mesures de magnitudes similaires. D'un autre côté, alors qu'une réduction d'impôts sur la consommation implique une augmentation modérément supérieure de la dette publique (moins de 0.4%) l'effet sur le niveau de salaires, ainsi que le PIB est nettement plus important, en comparaison avec une politique de relance par les dépenses budgétaires. Sous un programme de réduction de la TVA par exemple, en plus de la croissance additionnelle à 1.2 point de PIB, les salaires augmenteraient de 1.7%, sans préjudice particulier pour le solde courant (contrairement à ce qu'on peut penser, ce n'est pas la consommation des ménages qui entraînerait la détérioration de la balance des paiements) Une relance par le déficit budgétaire génère de son côté 0.7 point de croissance et 0.1% de croissance pour les salaires. L'impact de la réduction d'impôts sur la consommation est une illustration de la différence de résultats obtenus par une même politique de relance (ou pour reprendre le jargon de la profession, lisser le cycle de fluctuations) engageant des montants initiaux similaires. Le coût social (c'est-à-dire immédiat et actualisé) qui est généré par ces deux politiques budgétaires est de même, différent. Il va de soi que la réduction d'impôts ne génère pas automatiquement la croissance anticipée; elle est contingente aux préférences des décideurs politiques, et ultimement, à leurs agendas respectifs.