La peur d'une récession économique couve dans les sphères politiques en Espagne et accule les nouveaux responsables du redressement des finances publiques à prospecter toutes les formules possibles pour éviter un scepticisme généralisé. En succédant aux socialistes, le gouvernement conservateur dirigé par Mariano Rajoy s'est rendu compte des grandes difficultés de relancer l'activité économique, du tarissement des fonds de subventions de prestations sociales et de l'incapacité du tissu industriel de créer de l'emploi. Ce sont là les mêmes problèmes qui avaient précipité le départ de José Luis Rodriguez Zapatero et de son équipe. Il est toutefois logique pour tout observateur averti de se demander pourquoi l'Espagne affronte-t-elle des problèmes de cette magnitude et quels sont les motifs des blocages qui rendent encore difficile de reprendre du bon pied la relance économique. Seules les grandes institutions économiques sont en mesure de dévoiler en toute objectivité les véritables causes qui font de l'Espagne un grand malade de l'Union Européenne alors qu'elle se classait il y a seulement quatre ans parmi les quinze premières puissances économiques de la planète. Plusieurs données fiables viennent d'être diffusées pour expliquer les motifs de la crise et exposer des projections pour les années à venir. D'abord, la Banque d'Etat d'Espagne a indiqué, lundi, que l'économie de son pays connaîtra une grande baisse de 1,5% en 2012 et une modeste récupération en 2013 avec un léger taux de croissance de 0,2% (contre 0,7% en 2011). C'est ce qui retarde la présentation de la Loi des Finances de 2012 par le nouveau gouvernement qui compte probablement revoir l'incidence d'une possible réduction des dépenses publiques et d'une pression fiscale plus élevée sur la réduction du déficit public. La Banque d'Etat s'appuie dans cette projection sur la chute de 0,3% du Produit Intérieur Brut (PIB) au quatrième trimestre de l'exercice précédent. De manière que l'économie espagnole risque de connaître une récession technique au premier trimestre de l'année en cours, soit deux trimestres successifs de croissance négative. La diminution du rythme de création de 1,7% de l'emploi en 2011 se traduirait en 2012 par la réduction de près de 10% de la population active occupée depuis le déclenchement de crise, il y a quatre ans. Le taux de chômage qui a atteint 21,5% au troisième trimestre de 2011, risque de franchir la barrière de 23% cette année. Selon la Banque d'Etat espagnole, la chute de l'activité économique pourrait être plus forte en 2012 alors que le PIB pourrait légèrement progresser en 2013 grâce surtout au réajustement budgétaire et une amélioration généralisée des facteurs de croissance. La consommation des ménages risque de son côté de baisser de 1% au moment où l'épargne maintiendra une courbe descendante à cause surtout du chômage et de l'augmentation des impôts. La Banque centrale prévoit ainsi une aggravation du chômage qui atteindrait 23,4% en 2012, un taux qui devrait diminuer à partir de 2013. Ce panorama décrit par la principale institution financière du pays est corroboré par des faits empiriques. A titre d'exemple, plus de 300.000 espagnols ont décidé d'émigrer en quête d'un emploi à l'étranger depuis le début de la crise, lit-on dans un rapport de conjoncture de la fondation ADECCO pour l'intégration professionnelle auquel a eu accès Al Bayane. Ceci représente 10% environ du total des espagnols sollicitant un emploi. Entre 2008 et 2011, le nombre d'espagnols résidant à l'´étranger a augmenté de 25,6% pour se situer à plus de 1,5 million de personnes, observe la même source. Autre exemple à citer concerne la décision de la Télévision de Catalogne (publique) de fermer sa délégation à Rabat dans l'objectif de réduire les dépenses conformément aux exigences budgétaires à titre de 2012. Le gouvernement central d'Espagne a décidé de revoir à la baisse les budgets des gouvernements régionaux. Ce sont là quelques aspects de la crise que traverse l'Espagne et exigent de la société d'assumer le coût de la restructuration budgétaire. Le nouveau gouvernement se trouve en face des mêmes problèmes qui avaient provoqué le départ des socialistes du pouvoir.