Après avoir nié l'existence de la torture dans les centres de police et le non-respect des droits de l'homme par l'Etat, le député PJD Abdessamad Idrissi a goûte à la répression policière en plein centre de Rabat. Retour sur le volte/face le plus rapide de l'histoire de la politique marocaine. Avant d'être élu parlementaire aux dernières élections de novembre 2011, Abdessamad Idrissi était avocat et militant des droits de l'homme sincère et convaincu. Même pendant les premiers mois de son mandat de député PJD à la chambre des représentants, Idrissi continuait de gêner les responsables. Au sein du Forum Al Karama, association de défense des droits de l'homme proche du parti islamiste auquel il appartient, il faisait de la torture des prisonniers dits salafistes son cheval de bataille, et ne se faisait aucun doute quand à la persistance des méthodes de torture lors des interrogatoires dans les centres de police, méthodes décriées par toutes les organisations des droits de l'homme, nationales et internationales. Quelques mois après son élection, Abdessamad Idrissi est invité sur les plateaux de la chaîne anglaise BBC à commenter la situation des droits de l'homme au Maroc. Avec fermeté et détermination, fixant la caméra sans ciller de l'œil, Idrissi affirme que le Maroc a passé le cap de la répression, que la torture n'existe plus et que son parti fait le nécessaire pour en finir avec les "quelques anomalies dont souffre la Justice marocaine". Ses paroles sont sans recours, "la question est close!" osera-t-il même, en direct, suivi par des milliers de téléspectateurs, en même temps que des images de répression des manifestations du mouvement du 20 février sont diffusées... Ironie du sort, le même Abdessamad Idrissi sera victime de violence policière. A la sortie du Parlement, il sera passé à tabac sur les ordres du Pacha du quartier de Hassan et d'un commissaire, les deux supervisant une intervention contre une manifestation pacifiste de groupes de diplômés chômeurs. Coups de matraque, coups de brodequins... le tout sous les insultes habituelles de ces responsables. Suite à l'incident, Saad Eddine El Othmani, ministre des Affaires étrangères et Abdellah Bouanou, chef du groupe PJD à la chambre des représentants réclameront une enquête à leur collègue ministre de l'Intérieur. Quelques semaines plus tôt, pendant que M. Idrissi louait les avancées démocratiques du Maroc et la fin de la répression, une soixantaine d'activistes politiques croupissaient en prison, et y croupissent toujours. Fallait-il attendre que lui-même en fasse les frais pour que ses camarades réclament une enquête? Le moindre passant, Bd. Mohammed V à Rabat en face du parlement peut témoigner de la violence policière que subissent quotidiennement et sans arrêt les activistes politiques de tous bords, M. Idrissi le défenseur des droits de l'homme, ne voyait-il pas ça? Vidéo de deux déclarations de M. Idrissi. Montage et sous-titrage : Lakome.com