Les premières habitations sommaires et bidonvilles en bloc datent du milieu des années 90. Des familles venues participer aux premiers référendums ont transformé leurs tentes en constructions sommaires. D'autres encore, issues de l'immigration, leur ont emboîté le pas. Un cocktail explosif. Les chiffres sont frappants : les trois régions du Sahara, essentiellement Lâayoune-Boujdour et Oued Dahab enregistrent les taux de présence de logements sommaires et bidonvilles les plus élevés de tout le Maroc. Des taux respectivement de 18% et 34,5%. A Casablanca par exemple, réputé point noir de l'habitat insalubre, ce taux est de 15,8%. De sources concordantes, plus de la moitié du budget du département de Toufic Hjira est alloué à la région du Sud. Et pourtant, le problème n'est pas encore complètement résolu. La nature de ses origines ne fait que le rendre délicat et lourd à gérer en même temps. Outre les habitations en demi-tonneaux (connues dans la région par l'appellation ness Koura), héritées de la période de colonisation espagnole, la responsabilité de l'existence aujourd'hui de l'habitat insalubre est à mettre en grande partie sur le dos de l'Etat. L'histoire remonte en effet au début des années 90 avec les premiers référendums. L'opération d'identification des populations originaires de la région s'est alors déclenchée en 1992 et les services de l'Intérieur sont partis à la recherche des originaires de ces régions essentiellement à Tan Tan, Guelmim et Chichaoua. Des familles entières ont été dépêchées sur place ; population estimée à l'époque à quelque 21.400 personnes, soit 4.500 ménages logés dans des tentes. Le référendum n'a pas finalement respecté le calendrier prévu initialement et ces familles ne pouvaient plus tolérer de vivre sous des tentes. C'est là qu'une reconfiguration de ces campements a démarré à travers des constructions sous les tentes. Et l'effet du mimétisme s'est occupé du reste. A ces campements, sont venus se greffer des bidonvilles habités par des populations qu'a amenées le vent des flux migratoires, mais aussi par des parents lointains des populations recensées en 1991 et qui espéraient à leur tour profiter des largesses de l'Etat et d'un système de prise en charge total. Ceux-là ont créé les Zemmags. Rien qu'à Laâyoune, en 2002, la situation était telle que les campements subventionnés abritaient 7925 ménages et les autres bidonvilles 4865 ménages dont une grande partie est constituée des Zemmags. Les opérations de résorption déclenchées depuis 2003 ont permis de les ramener respectivement à 5903 et 3844 ménages. Selon Toufic Hjira, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, le reste va radicalement disparaître à l'horizon 2008. Le budget est de 2,3 milliards de DH.