Elle s'affame au point de pouvoir passer derrière une affiche sans la décoller et vous culpabilise en vous demandant ce que vous avez bien pu rater dans son éducation pour en arriver là. Et bien sans doute rien. Une étude américaine vient de montrer que l'anorexie est due à 56% aux gènes. L'anorexie est une maladie réelle traduisant un trouble psychologique profond. Plutôt féminine, elle affecte un peu plus de 1% des femmes et moins de 1% des hommes. Les personnes qui en souffrent ont une image déformée de leur corps, se trouvant trop grosses Elles cessent progressivement de s'alimenter et refusent de maintenir un poids corporel de santé. Cette situation les emmène à la frontière de la dénutrition avec un cortège de conséquences graves : des troubles du rythme cardiaque, une hypotension artérielle, une hypothermie (et la frilosité qui l'accompagne), des troubles digestifs, des défenses immunitaires en baisse. Mais surtout, les anorexiques flirtent avec la mort : ils ont 10 fois plus de chances que leurs homologues du même âge de mourir à une période de temps donnée. Des chercheurs de l'Institut suédois de Karolinska, menés par le Dr Cynthia Bulik, ont étudié les dossiers médicaux de 31 406 jumeaux – vrais et faux – nés en Suède entre 1935 et 1958. 1,2% des femmes et 0,29% des hommes inclus dans l'étude ont souffert d'anorexie. Il s'avère que les gènes influent à 56% dans l'apparition des symptômes anorexiques, contre 38% pour l'environnement, pris isolément. Autre résultat : les gens qui guérissent de l'anorexie ont moins de chances d'être en surpoids plus tard dans leur vie. Les enfants anxieux ou déprimés auraient plus de risques que les autres de souffrir d'anorexie. “Une personne peut avoir une tendance génétique à l'anorexie mais elle peut aussi avoir des gènes – provenant de son autre parent par exemple – qui empêchent l'expression de la maladie”, explique Cynthia Bulik. “L'environnement de la personne peut aussi provoquer ou prévenir l'anorexie”, ajoute-t-elle. Cette découverte mènera peut-être les chercheurs à mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent l'anorexie. Afin un jour, sans doute, de pouvoir mieux la prévenir et la soigner.