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Sur les pas du bien-aimé Mohammed (BP sur lui)-Episode 10 : L'émigration vers l'Ethiopie-
Imane J
Publié dans
Jeunes du Maroc
le 02 - 11 - 2005
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Confrontations avec les polythéistes :
Je vous rappelle que le Prophète (BP sur lui) procédait à l'implantation de l'Islam suivant un plan intelligent qu'il avait mis au point pour mener à bien de sa mission.
Tout d'abord il s'était entouré d'une élite sur laquelle il savait pouvoir compter et qui, trois ans après l ‘annonce de la mission, était parvenue au nombre de trois cents personnes. Ensuite, il a commencé à divulguer sa Da‘wa, en premier lieu parmi sa famille pour s'assurer leur protection, et par la suite à toute sa communauté.
Nous étions déjà à la troisième année après l'annonce de la Mission lorsque le Prophète proclama l'Islam sur le monticule As-Safa. Ceux de Qoraïche qui avaient refusé de le suivre s'opposèrent agressivement à lui et à ses compagnons. Et, pendant qu'ils s'ingéniaient à faire souffrir les Musulmans, le Messager apprenait à ces derniers la nouvelle doctrine et les entraînait à porter la responsabilité de leur religion à Dar Al-Arqam. ‘Omar et Hamza embrassèrent l'Islam et offrirent ainsi le plus beau cadeau aux nouveaux Musulmans.
La conversion de ‘Omar et de Hamza fit voir le problème aux mécréants sous un autre aspect. Ils pensèrent entreprendre des pourparlers avec les Musulmans et faire quelques concessions. Le Messager leur proposa de faire un traité comme celui de Al-Foudoûl (Vertu) mais ils refusèrent. Ils réagissaient par contrecoup et n'avaient que la tyrannie comme arme principale tandis que lui, sûr de lui-même, suivait son plan très calmement.
Les polythéistes se concentraient surtout sur l'oppression des femmes parce qu'ils avaient noté le rôle important de ces dernières dans le déploiement de la nouvelle religion. Fâtima bint Al-Khattâb, sœur de ‘Omar avait été la cause de sa conversion et une jeune esclave la cause de celle de Hamza. Khadîdja était un des plus grands soutiens au Prophète et Soumaya avait défié Abou Djahl jusqu'à la mort. Les mécréants se ruèrent sur les plus faibles d'entre elles comme Zennira et An-Nahdya qui perdit la vue pendant les persécutions.
J'aimerais faire remarquer comment le rôle de la femme était reconnu par le Prophète (BP sur lui) et même les mécréants de Qoraïche. Est-ce que nous leur reconnaissons ce rôle de nos jours et essayons-nous de profiter de leurs capacités ?
Les mécréants de Qoraïche se concentrèrent également sur les jeunes gens comme Mous‘ab ibn ‘Oumaïr, ce jeune homme qui portait des habits importés et très chers et qui utilisait des parfums si raffinés qu'il en laissait la senteur après son passage dans les rues de la Mecque fut torturé par sa propre mère. Elle l'avait enfermé à la maison pendant trois ans et il ne lui avait jamais formulé aucun reproche. Il a supporté avec endurance la persécution de la part de sa mère et il est demeuré bienfaisant envers elle parce qu'il ne pouvait pas être affilié au Messager et en même temps désobéir à l'Islam. Nous savons que cette religion recommande fortement la bienfaisance envers les parents : “ Et ton Seigneur a décrété : « N'adorez que Lui ; et (marquez) de la bonté envers les père et mère : si l'un d'eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point : « Fi ! » et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. " (TSC[i], Al-'Isrâ' (LE VOYAGE NOCTURNE) : 23).
De nos jours, certains jeunes gens pensent que la sublimité des Compagnons devait être toute naturelle puisqu'ils voyaient tout le temps le Messager et pouvaient tirer lui leur haute morale. Mais vous voyez comment Mos‘ab fut privé de lui pendant trois ans sans que cela n'affecte l'ardeur de sa foi ni lui donne un prétexte pour désister la cause. Il faut savoir que c'est la pratique du culte qui aide à se consolider. De nombreux jeunes gens demandent souvent comment devenir aussi déterminés et forts que Hamza ou ‘Omar. Je leur réponds que c'est la pratique du culte qui raffermit les pas sur le chemin d'Allah. C'est l'occasion d'invoquer Allah à Ramadan et de Lui demander de nous consolider.
Un autre jeune musulman de quinze ans, subissait de cruels supplices de la part de sa mère, elle ordonnait à ses esclaves d'enchaîner son fils, de le traîner au milieu du marché et de le battre devant tout le monde. En plus de ces supplices physiques, la mère suivait son fils en le maudissant et en l'injuriant. Un jour, un homme étranger de la ville fut choqué par cette scène et s'enquit :' Qui était cette femme et cet enfant attaché et torturé aussi rudement devant les gens ?' On lui répondit que le jeune homme était Talha ibn ‘Abdillâh et que la femme était sa mère qui le torturait ainsi parce qu'il s'est converti à l'Islam. Il demanda encore :' Pourquoi se laissait-il faire sans rien répondre ?' On lui apprit que la religion du jeune homme lui interdisait de maltraiter sa mère ou de lui manquer de respect.
‘Oumrân Ibn Houcain avait embrassé l'Islam avant son père. Un jour qu'il était en compagnie du prophète et les compagnons chez Al Arqam, on frappa à la porte, son père se présenta. Le jeune homme se dissimula vite derrière les compagnons. Voyant que son père était venu proclamer son Islam et prononcer la chahada devant le Messager, il repoussa les deux hommes qui le cachaient et alla se jeter sur les pieds de son père et les embrassa en pleurant à chaudes larmes. Cette scène émut tous ceux qui étaient présents et ils se mirent à pleurer avec lui.
C'est là la bienfaisance envers les parents que recommande l'Islam. Allah est très miséricordieux mais une larme d'une mère, une réponse rude à un père ou de la négligence envers l'un d'eux peut mécontenter Allah plus que les péchés de toute une année. J'aimerais donner un exemple de bienfaisance envers les parents de la part d'un professeur d'université. Je marchais dans la rue avec ce monsieur et son père quand nous remarquâmes soudain que les lacets des chaussures du vieux monsieur étaient défaits. Le fils, professeur à l'université, se mit à genoux par terre en pleine rue pour les lui attacher. Le père tout ému larmoya et fit des invocations en sa faveur. Vous devinez si des invocations pareilles donnent du crédit pour le Paradis ou non.
Souvenez-vous, il y a trois groupes de personnes auxquels Allah ne jettera pas un regard le Jour de la Résurrection et les premiers d'entre eux sont ceux qui maltraitent leurs parents.
Au milieu de toutes ces tyrannies exercées par les mécréants envers les Musulmans, nous assistons à quelque chose de très étonnant. Trois parmi les plus éminents d'entre eux, Abou Soufiân, Abou Djahl et Al-Akhras ibn Chouraïk allaient par les nuits sans lune, écouter la récitation du Coran du Messager (BP sur lui) pendant sa prière. Ils s'y rendaient sans rien se dire et tout naturellement se trouvaient face à face là-bas. Gênés, ils se promettaient à chaque fois de ne plus revenir mais en vain. Ils aimaient écouter le Coran et prouvaient que toute leur adversité était due à des causes matérielles.
Pourquoi ne ressentons-nous pas ce goût du Coran aujourd'hui ? Si sa langue nous est un peu difficile, nous finirons par nous familiariser à force de pratique et Allah nous facilitera sa compréhension. Allah dit -ce qui peut être traduit par - : En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la méditation. Y a-t-il quelqu'un pour réfléchir ? " (TSC, Al-Qamar (LA LUNE) : 17).
Nous avons perdu notre sensibilité à ce noble Livre où Allah dit encore -ce qui peut être traduit par - : « Ne méditent-ils pas sur le Coran ? Ou y a-t-il des cadenas sur leurs cœurs ? " (TSC, Mouhammad : 24).
Une fois ‘Omar tomba par terre et demeura au lit plusieurs jours à l'entente d'un seul verset qui disait -ce qui peut être traduit par - : “Le châtiment de ton Seigneur aura lieu inévitablement. Nul ne pourra le repousser. " (TSC, At-Toûr : 7, 8).
Les compagnons rapportent que le prophète (PB sur lui), ne lisait jamais le Coran pendant les prières sans qu'ils entendent ses pleurs.
Les persécutions des mécréants contre les Musulmans n'arrêtaient pas et parmi ces derniers il y avait ceux qui ne pouvaient ni s'asseoir ni se tenir debout à cause des coups et des mauvais traitements qu'ils subissaient. Tout déchirés à l'intérieur, ils finissaient par renier Allah et reconnaître les idoles pour faire cesser un peu les persécutions. Ils revenaient ensuite se repentir devant le Messager qui les rassuraient et leur disait que ces mots prononcés par la langue ne signifiaient rien tant que la foi emplissait leurs cœurs.
L'émigration :
L'oppression des mécréants de Qoraïche devenait insupportable et le Messager d'Allah (BP sur lui) prit la décision d'envoyer certains de ses compagnons à la habasha (l'Ethiopie actuellement). Malgré que les Arabes de la Mecque n'aiment jamais quitter leur pays, il leur fit traverser la mer vers un autre continent. Il leur dit : “ Allez en Ethiopie dont le roi ne commet jamais d'injustice. C'est une terre où la vérité règne. Demeurez-y jusqu'à ce qu'Allah vous apporte la délivrance.”
Là, il faut s'arrêter et se demander comment le Prophète (BP sur lui) pouvait connaître les qualités de ce roi. Le Prophète bien qu'étant à Mecque était au courant des situations politiques et économiques dans les régions qui l'entouraient. Il n'était pas isolé dans la péninsule arabe et savait exactement où il allait envoyer ses compagnons et nous allons le prouver en commentant ces points qui se rapportent à l'émigration vers l'Ethiopie :
1. Malgré que le roi, An-Nadjachy ‘Le Négus', fût chrétien, le Prophète (BP sur lui) le qualifia de juste parce que la vérité doit être reconnue et dite. Par ce comportement, le Prophète voulait nous apprendre que l'autre n'est pas toujours méchant et que la justice et la clémence peuvent bien exister chez des gens qui ne sont pas musulmans. C'est contre les généralisations abusives que le prophète essayait de nous avertir. Le Coran nous dit-ce qui peut être traduit par - : « Et parmi les gens du Livre, il y en a qui, si tu lui confies un qintâr, te le rend. Mais il y en a aussi qui, si tu lui confies un dinâr, ne te le rendra que tu l'y contrains sans relâche... » (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 75).
2. Il a choisi l'Ethiopie et non un autre pays parce que Qoraïche avait la suprématie et une certaine autorité spirituelle et économique qui s'étend au-delà des frontières de la Mecque vers les autres tribus de la Presqu'île Arabe. C'est la raison pour laquelle le Prophète a voulu que ses compagnons échappent totalement à l'oppression et à la poursuite de Qoraïche en les envoyant en Ethiopie.
3. Il n'a pas émigré avec eux parce que c'était le pays d'Abraha qui était venu un jour détruire la Ka‘ba. Les Arabes ne lui auraient jamais pardonné d'être allé se réfugier au pays de leur plus grand ennemi.
Il faut noter que juste avant le départ des compagnons pour l'Ethiopie, les sourates Maryam (Marie) et Al-Kahf (La Caverne) qui devaient leur être utiles, furent révélées. Allah leur procurait un peu de culture religieuse parce qu'ils allaient représenter les Musulmans à l'étranger.
Ceci était donc le rôle de la sourate Maryam. C'est une sourate qui vient expliquer la relation que l'Islam entretient avec des prophètes comme Zacharie, Jésus, Jonas et comment l'Islam perçoit Marie. La sourate de Al-kahf, quant à elle, a été révélée pour apprendre aux musulmans à patienter et à persévérer en leur racontant des histoires de gens qui avaient autrefois immigré soit pour fuir la persécution de leur peuple (les jeunes de la cave) soit à la quête du savoir (Moïse) ou encore pour réformer la Terre (Dhul-qarnayn).
Le Prophète ordonna donc à ses compagnons d'émigrer avec leurs femmes. Ceci nous assure de nouveau que dans l'Islam il s'agit toujours d'une histoire dont les héros sont à la fois les femmes et les hommes et que jamais les femmes n'ont été exclues de la vie publique.
Parmi les émigrés se trouvaient ‘Othmân ibn ‘Afân et ‘Abdi-Rahmân ibn ‘Awf, de riches commerçants, Dja‘ar ibn Abi Tâlib et Azzoubaïr ibn Al-‘Awwâm des cousins du Prophète (BP sur lui) et même Oum Habiba fille de Abou Soufiân. C'étaient des gens éminents qui n'avaient pas besoin de fuir mais le choix du Messager pourrait avoir trois raisons : La première est que le Prophète a voulu envoyer un message à An-Nadjachy selon lequel, les musulmans ne sont pas une communauté de faibles et de pauvres et qu'il existe parmi eux des personnes riches et aisées. La deuxième raison est que le Prophète voulait implicitement dire à Qoraïche que ces musulmans riches et puissants, même s'ils trouvent difficile d'abandonner leur pays, choisiront de le faire pour l'Islam. La troisième est que le Prophète voulait que les pauvres et les riches aillent ensemble et qu'aucune distinction ne soit faite entre les deux. Il a même envoyé sa fille, Roqaya épouse de ‘Othmân, avec les émigrants pour les soutenir et leur dire qu'il envoie même sa fille avec eux. Les émigrés demeurèrent en Ethiopie quinze ans. A leur retour le Messager les reçut très chaleureusement et conseilla à ses compagnons de faire de même parce qu'il savait qu'après une si longue absence, les émigrés allaient se sentir étrangers dans leur propre pays.
Les immigrants sont restés en Ethiopie environ 15 ans jusqu'à l'année 7Hg jusqu'après la victoire des musulmans à la bataille de
Khaybar
. A chaque fois qu'ils demandaient au Prophète s'ils pouvaient revenir, il leur conseillait de rester en Ethiopie. Et ce n'est qu'après la signature de l'accord de Hodaïbeya avec les mécréants que le Prophète leur permit de revenir en Arabie. En effet, le Prophète craignait, pendant la période de guerre avec les mécréants, de perdre Médine qui constituait son siège et son centre. Et en insistant pour que les musulmans restent en Ethiopie, il garantissait un autre centre pour s'y réfugier au cas où ils perdaient Médine. Mais l'accord de Hodaybeya représentait le début d'une phase de stabilité relative pour les musulmans qui encouragea le Prophète à prendre la décision du retour.
Lorsque les musulmans revinrent d'Ethiopie, le Prophète les reçut chaleureusement et fit en sorte qu'ils soient de nouveau intégrés dans leur société. Il épousa Oum Habiba, conseilla aux musulmans de veiller sur leurs frères arrivants d'Ethiopie et rapprocha DJa'far Ibn Abi Taleb de lui.
Ceci attire également notre attention sur la sagesse du Prophète qui savait que les gens, une fois revenus dans leur pays après une longue période d'expatriation, rencontreraient certains problèmes d'insertion dans leur société. C'est un problème que nos sociétés connaissent même de nos jours et dont le Prophète était conscient et auquel il essaya de remédier.
La vie des musulmans en Ethiopie :
Les mécréants de Qoraïche bien que n'ayant aucune autorité ni sur les habitants de l'Ethiopie ni sur son roi, ont décidé d'y poursuivre les musulmans pour les ramener avec eux. Pour ce faire, ils envoyèrent Amr Ibn Al-'Âç qui avait une certaine amitié avec le Négus et envoyèrent avec lui des cadeaux pour le roi et pour sa cour.
Amr Ibn Al-'Âç présenta ses cadeaux à la cour du roi puis dit à celui-ci : "Votre majesté, un groupe de jeunes faibles d'esprits est venu s'installer dans votre pays et leurs parents à la Mecque pleurent leur départ. Ils ont abandonné notre religion et ne se sont pas convertis à la vôtre. C'est pour cette raison que Qoraïche m'a envoyé pour les rapatrier."
Alors que sa cour était d'accord pour les rapatrier, le roi dit qu'il ne le renverrait chez eux que quand il aurait écouté ce qu'ils disaient.
DJa'far Ibn Abi Taleb et les cent autres compagnons furent donc convoqués au palais du roi qui leur demanda : "Vous avez abandonné votre religion et vous ne vous êtes pas convertis au christianisme et vous avez également abandonné votre pays. Pourquoi êtes vous venus ici et que dit votre nouvelle religion ?"
DJa'far fit trois pas en avant et étant donné qu'il est le petit fils de Abdel Muttaleb qui avait autrefois défendu la Ka'ba contre Abraha, prit la parole et commença à répondre aux questions du Négus. Dans cette situation, il lui était demandé de présenter l'Islam de façon brève et claire ou autrement dit de présenter une grande idée avec le minimum de mots possible. Ce qui, de nos jours, est enseigné dans les plus grandes universités américaines.
Et DJa'far réussit à accomplir cette mission en résumer toute l'histoire en cinq phrases :
"Nous étions des gens qui adoraient les idoles, qui mangeaient les bêtes mortes, qui ne respectaient ni les droits du voisinage ni les liens familiaux et le puissant parmi nous lésait les droits du faible.
Jusqu'à ce qu'un homme parmi nous, nous fut envoyé. Nous connaissions la grande famille dont il est issu, nous connaissions son honnêteté, sa véracité et sa chasteté.
Il nous ordonna d'être honnête et clément et nous défendit les vices, le vol de l'argent des orphelins et le faux témoignage.
C'est à partir de ce moment, que Qoraïche commença à nous torturer, à nous persécuter et à nous opprimer.
Et c'est pour cette raison que notre Prophète nous ordonna de venir en Ethiopie et nous dit que son roi est un roi qui ne commet jamais d'injustice. C'est pour cela que nous sommes venus nous installer dans votre pays et que nous l'avions préféré aux autres. Notre espoir est qu'on ne soit pas opprimés chez Vous."
Le Négus demanda à DJa'far : "As-tu quelque chose de ce qui fut révélé à votre prophète ?". DJa'far répondit : "Oui, le Coran" et il lui récita les versets de sourate Mariam disant - ce qui peut être traduit comme : "Mentionne, dans le Livre (le Coran), Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l'Orient. Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d'un homme parfait. Elle dit : « Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m'approche point]. » Il dit : « Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d'un fils pur ». (TSC, Maryam (MARIE) : 16-20).
Et tandis que DJa'far récitait le Coran, le Négus est sa cour pleuraient. Imaginez-vous qu'à ce point le Coran touchait les cœurs des mécréants et des gens du Livre tandis que de nos jours, nous n'en sommes pas émus ? Nos cœurs se sont-ils durcis ?
Le Négus dit à DJa'far : "Ce que tu récites et ce que Jésus avait dit sortent certes de la même niche. Allez-y, je ne vous livrerai jamais à ‘Amr et vas-y ‘Amr, je ne te les livrerai jamais."
Cependant, ce dernier refusa d'abandonner et décida de rendre visite au Négus le lendemain pour lui dire que les musulmans disaient du mal à propos de Jésus. En entendant cela, le Négus décida de convoquer de nouveau DJa'far Ibn Abi Taleb qui à son tour jura de dire la vérité. Quand le Négus lui demanda ce que l'Islam disait de Jésus, il répondit : "Jésus est le serviteur d'Allah, Son messager et Sa parole qu'Il envoya à Marie la vierge et un souffle (de vie) venant de Lui". Le roi prit alors un bâton, dessina un cercle par terre et dit : "Certes, Jésus n'a jamais dépassé cela et celui qui vous insulte a tort. Vous ne serez jamais opprimés dans mon pays et que je laisse une montagne d'or me sera mieux que d'apprendre que l'un de vous a été heurté. Je n'abuserai jamais d'une autorité qu'Allah m'a attribuée".
C'est donc ainsi que les musulmans en Ethiopie ont pu s'installer tranquillement sans que Qoraïche ne puisse leur nuire. Ils y sont restés pendant 15 ans durant lesquels ils ont refusé de vivre aux dépens des habitants de leur pays d'accueil. Ils s'y sont bien intégrés, ont appris à maîtriser les industries de cuir et ils vendaient leurs produits à prix très bas. Nos immigrants en Occident arrivent-ils à faire de même ?
Pendant le séjour des musulmans en Ethiopie, un coup d'Etat a été tenté contre le Négus. Il leur consacra alors un bateau et leur demanda d'y rester jusqu'à ce que la situation se stabilise et si le coup d'Etat réussit, il leur dit d'utiliser ce bateau pour se diriger vers un pays plus sécurisé. Dans le cas contraire ils seraient les bienvenus en Ethiopie. C'est pour cette raison que les musulmans disaient : "rien ne nous a jamais contenté de la même manière, à part la rencontre du Prophète, que la nouvelle annonçant que le coup d'Etat a été déjoué."
Les rumeurs et le retour de quelques compagnons à la Mecque :
Au cours de ces 15 ans en Ethiopie, quelques musulmans sont revenus à la Mecque à la suite d'une rumeur selon laquelle Qoraïche aurait embrassé l'Islam. Cette rumeur est apparue à la suite de ce qui se passa auprès de la Ka'ba lorsque le Prophète se mit à réciter à haute voix les versets suivants : "Lequel donc des bienfaits de ton Seigneur mets-tu en doute ? Voici un avertisseur analogue aux avertisseurs anciens : l'Imminente (L'heure du Jugement) s'approche. Rien d'autre en dehors d'Allah ne peut la dévoiler. Quoi ! Vous étonnez-vous de ce discours (le Coran) ? Et vous [en] riez et n' [en] pleurez point ? absorbés [que vous êtes] par votre distraction. Prosternez-vous donc à Allah et adorez-Le." (TSC, An-Najm (L'ETOILE) : 55-62).
En effet, très touchée par le Coran, Qoraïche ne pu s'empêcher de se prosterner mais à peine debout, elle se rappela ses intérêts économiques et décida de contourner la rumeur par une autre prétendant que le Prophète aurait fait l'éloge de ses idoles en disant : "Ces grues majestueuses, leur intercession est un espoir". C'est une rumeur qui, jusqu'à aujourd'hui est répandue et utilisée par les orientalistes dans leurs études sur l'Islam.
Parmi les compagnons qui sont revenus à la Mecque était Othmâne Ibn Maz'oune. A peine revenu, Al-walîd Ibn Al-Moghîra décida, pour le lien de sang, de le protéger. Mais en voyant les autres compagnons revenus d'Ethiopie torturés par Qoraïche, il culpabilisa d'avoir accepter la protection d'Al-Moghîra tandis que ses compagnons souffraient. Il décida alors de se passer de cette protection et alla prévenir Al-walîd de cette décision. Al-walîd lui demanda : "As-tu trouvé une protection meilleure que la mienne ?" Othmâne répondit : "Oui, j'a trouvé la protection d'Allah".
Il se dirigea ensuite vers la Ka'ba où il entendit un poète réciter un poème dans lequel il disait : " Certes, toute chose à l'exception d'Allah n'a aucun sens..." Othmâne répliqua que c'était vrai, alors que normalement les arabes n'avaient pas l'habitude d'interrompre les poètes. Le poète poursuivit en disant : "... et tout délice disparaîtra certainement". Othmâne dit "tu mens, le délice du paradis ne disparaîtra jamais". Et c'est à ce moment que le poète cria : "depuis quand interrompez vous les poètes ?". Mais les mécréants apprirent qu'il n'était plus protégé par Al-walîd, ils se mirent à le frapper et ne le laissèrent que quand son œil fut touché.
Othmâne dit alors : "Louange à Allah, je souffre maintenant comme mes frères le font." Il fut amené au Prophète qui souffla dans sa main puis la mit sur son œil jusqu'à ce qu'il fut guéri.
Le Décès du Négus :
Ce qu'il faut souligner avant la fin de notre épisode, est que le Négus s'est converti à l'Islam et qu'il n'a jamais annoncé sa conversion. Lorsqu'il reçut un message du Prophète, il refusa de le lire sur son trône et se mit par terre pour le faire. Lorsqu'il mourut, le Prophète fit la prière funéraire pour lui et ordonna à ses compagnons de la faire. Il leur dit : "Faites la prière funéraire pour Ahmaça (son nom). Priez sur cet homme juste. Aujourd'hui, un bon serviteur est mort".
Source:AmrKhaled.net ©
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